Ils aiment la montagne, la performance, l’inédit. À pied, à vélo, en parapente, à la verticale ou à l’horizontale, ils cherchent à imaginer des connexions entre différents points de leur terrain de jeu quotidien pour créer des lignes jamais explorées.
C’est le cas de Gary Ozeray, guide de haute montagne et moniteur de ski, qui s’est lancé en août 2023 dans un challenge hors du commun : rallier Faverges depuis Annecy, à pied et à la journée, en passant uniquement par la ligne de crête à l’Est du lac. « J’habite à Annecy depuis six ans. Historiquement, mes activités de prédilection en été sont la course, l’escalade, l’alpinisme, donc ça me faisait plaisir de mélanger ces disciplines qui me font vibrer dans un projet original », explique le jeune homme de 33 ans.
Sur le toit du lac
Le 22 avril dernier sortait La ligne du lac , une vidéo de 18 minutes, réalisée par Tom Apeloig retraçant ce projet un peu fou qui a vu Gary partir, en pleine nuit, des pontons d’Annecy-le-Vieux pour commencer par grimper le mont Veyrier et le mont Baron avec sa compagne Tiphaine Fabry. Un échauffement avant de s’attaquer à la partie plus technique, avec l’escalade des Dents de Lanfon (d’abord la Dent Nord, puis la Dent Sud et enfin le Lanfonnet). En suivant le fil de l’arête Pierre-Chatelard, il a rejoint le sommet de La Tournette, à partir duquel il a rallié le bout du lac, en passant la pointe de la Beccaz, la pointe de Banc Fleury et enfin la pointe de Chaurionde.
12 heures d’efforts intenses
Un projet mené tambour battant en 12 heures, pour 15 sommets gravis et 4 700 m de D + avalés, au cours duquel il a reçu le soutien de compagnons d’aventure. « Même si j’aime partir en mode léger, aller vite et être efficace, j’ai proposé à des amis de me retrouver à différents endroits pour pouvoir partager des moments avec eux, encordés ou pas », détaille Gary.
« C’est en parlant avec Tom Apeloig, qui fait de la vidéo, que le projet d’un film est né, alors qu’au début c’était simplement l’envie de vivre une aventure. » Une aventure locale, « sans forcément avoir besoin de partir au bout du monde pour se dépasser. Ça fait “cul cul” de dire ça parce qu’il existe des massifs magnifiques ailleurs. Mais comme je n’avais pas beaucoup de temps, j’ai privilégié quelque chose de plus accessible. »
« Dès que j’avais un moment off, je travaillais sur ce projet »
Ce qui ne l’empêche pas d’avoir passé beaucoup de temps sur la préparation. « L’été dernier, pendant trois mois, dès que j’avais un moment off, je travaillais sur ce projet. Certaines connexions n’étaient pas évidentes parce qu’elles sont très peu fréquentées. Il a fallu installer pas mal de cordes, m’entraîner pour le jour J, et trouver la bonne place pour chacune des personnes qui m’ont accompagné. Je n’avais pas envie de les décevoir, donc j’ai passé pas mal de temps à étudier la logistique. »
Si l’aventure a été belle et intense, comme en témoignent ses larmes à la fin de la journée une fois le projet abouti et la tension retombée, Gary n’est pas certain de se relancer tout de suite dans un nouveau défi de ce genre. « Certains alpinistes font de ce genre de défi leur fonds de commerce, mais ce n’est pas du tout mon but. »
Article issu du Dauphiné Libéré
