Promesse tenue. Plus d’une décennie après avoir quitté son poste à Arc 1950, Jean-Marc Silva garde des yeux admiratifs sur la station qu’il a dirigée. « Elle n’a pas vieilli, souffle-t-il face au Manoir de Savoie, une des huit résidences qui la composent. Ni le bois ni les couleurs n’ont bougé. » L’architecture « néosavoyarde » du village de vacances lui donne toujours son atmosphère « de contes de fées ».
Souvent comparé à “Disneyland”, le site fête ses 20 ans cette saison. Celui qui en a été premier directeur du Resort Club (de 2002 à 2010) a aussi participé à sa création.
Une station de ski « idéale »
« Nous sommes partis de rien, rappelle le Borain. À l’époque, il n’y avait que des rochers et des arolles. » Au début des années 2000, Intrawest, un investisseur nord-américain, imagine une station de ski « idéale » : « conçue autour du client et de ses besoins ». La zone d’aménagement concertée (ZAC) d’Arc 2000, non aboutie, a laissé des mètres carrés constructibles. La société s’installe en aval. « Les Canadiens avaient un sens du service, du business bien en avance par rapport aux nôtres », relève Jean-Marc Silva.
Sur le plan de départ, « tout avait déjà été prévu » par le groupe d’immobilier de loisirs (et son représentant en France le vice-président Robert Jérôme). Un parking souterrain d’abord, « pour qu’aucune voiture ne soit visible de l’extérieur » accessible par toutes les résidences. Une place centrale ensuite qui dessert les trois axes (« un avec vue sur le Mont Blanc, l’autre sur l’Aiguille rouge et le dernier sur les Dents du Peigne ») et des bâtiments dans le même style mais tous différents.
Avec des façades aux couleurs vives inspirées par la culture piémontaise, des arcades pour les commerces « comme à Turin ou Milan », des balcons boisés et des toits en lauze. Chaque résidence a son histoire « inventée de toutes pièces pour le storytelling et l’expérience client » : c’est elle qui va « planter le décor » intérieur comme extérieur jusqu’à la teinte de la moquette.
Un paysage de « carte postale »
Autre atout, la neige qui rend praticable le village sans déchausser entre deux pistes, elle n’était pas sur les dessins à la base. « Pour la garder dans les rues, nous avons dû régler “cet heureux problème”, comme aiment à dire les Canadiens avec leur vision optimiste, auprès des sapeurs-pompiers. Ils doivent pouvoir intervenir avec jusqu’à 20 centimètres d’épaisseur », retrace Jean-Marc Silva, pas peu fier du résultat qu’il compare à un paysage de « carte postale ». « Et c’est plutôt rare de pouvoir faire du shopping en ski », s’amuse-t-il.
Le retraité qui a été « le gardien du concept » d’origine regrette qu’une règle ait été dévoyée depuis l’inauguration de la première résidence en 2003 : chaque commerce avait sa propre vocation. « Un seul bar, un seul restaurant de spécialités savoyardes, un seul Italien, un loueur, une école de ski… Cela garantissait une énorme diversité, un service unique, appuie l’ancien directeur de France Montagnes. Mais la loi n’a pu permettre de conserver cette clause au-delà de 11 ans. »
Pour le reste, le projet s’est réalisé « dans son intégralité ». Avec 750 appartements, près de 4 000 lits et une clientèle haut de gamme, Arc 1950, racheté par l’hébergeur Pierre et vacances depuis 2009, peut se targuer d’afficher des taux de remplissage parmi les meilleurs de France. « Le fait d’avoir sa propre gouvernance intégrée, sous forme de Resort Club, une association regroupant les propriétaires, reste unique en Europe », note Jean-Marc Silva qui pense que ce modèle lui ayant valu « d’être ultra-réactif » aurait dû inspirer davantage.
Article issu du Dauphiné Libéré
