« C’est une configuration rare sur ces trente dernières années ». Pour Alain Duclos, expert nivologue, les conditions d’enneigement de l’hiver sont l’explication la plus évidente de l’absence d’avalanche mortelle en Savoie, cet hiver. « C’est purement climatique, sauf très localement : le timing des précipitations et celui des températures ont fait que le manteau a été particulièrement stable. Il y a eu beaucoup de précipitations au début, puis des températures froides en surface ont évité la formation de couches fragiles généralisées et créé un socle stable ».
« Il n’y a pas eu de couches fragiles persistantes »
Et d’ajouter : « mais il ne faut pas que les gens s’habituent à aller partout, sans qu’il ne se passe rien ».
Au cœur de l’hiver, l’absence de froid a favorisé ce manteau neigeux homogène. « Il n’y a pas eu de couches fragiles persistantes, provoquant des plaques inattendues. À chaque chute abondante, la neige récente est partie en surface, sans grosse extension, mais l’instabilité n’a pas duré ». Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’avalanche (il suffit de consulter le site data-avalanche.org pour le constater), mais « rien de piégeux ».
À l’image des secteurs soumis aux retours d’est, qui ont pris parfois un mètre à un mètre cinquante de neige en quelques heures. « Il y a eu des avalanches importantes, mais rien qui n’est descendu en vallée, elles n’ont pas pu se réalimenter sous 1800-2000 m ».
« Les grosses chutes de neige font des couches homogènes »
« Les grosses chutes de neige (et il y a eu beaucoup de neige en altitude) font des couches homogènes, avec peu de chance de voir des décollements. Le manteau neigeux, style mille-feuilles, avec plusieurs petites couches de neige est plus instable, plus piégeux pour les randonneurs ou ceux qui évoluent hors-piste », poursuit Alain Duclos qui, même si l’hiver est derrière nous, ne cache pas son inquiétude.
« En ce moment, les cumuls de neige en Haute-Maurienne dépassent ceux du dernier hiver de référence, 2017-2018. On peut redouter des plaques de fonte ».
Article issu du Dauphiné Libéré