Cela faisait deux ans que ce projet le titillait. L’opportunité vient de se présenter pour l’alpiniste local habitant au Monêtier-les-Bains, Benjamin Védrines. Une nouvelle croix sur son carnet des défis. Jeudi 21 et vendredi 22 mars, il a réussi le tour complet de Serre Chevalier par les crêtes, en ski alpinisme. « Ça me fascinait, c’est une façon riche d’appréhender la montagne. Le but n’était pas d’établir un temps, mais de réussir ce challenge. J’étais tout seul tout le long, et j’ai dû faire la trace. » Un défi physique, donc.
Tout a commencé à la Collégiale, à Briançon. La voiture posée, il ne l’a plus touchée jusqu’à la fin du défi. Le départ était fixé à 5 heures. « Le but, c’était de faire le fer à cheval par les crêtes, le plus possible avec les skis aux pieds et du côté de Serre Chevalier, par les sommets emblématiques. »
Deux jours en solitaire
Le premier jour, le Briançonnais a effectué 47 kilomètres et 5 750 mètres de dénivelé. Il est passé par les crêtes de Peyrolle, la Gardiole, le Grand Aréa, la tête Noire, la Benoîte, la crête du Chardonnet, le Grand Galibier. Le deuxième jour, il a avalé 62 kilomètres et 6 100 mètres de dénivelé : le pic Blanc du Galibier, le pic des Trois Evêchés, le pic ouest du Combeynot, les Agneaux, le pic du Rif, la cime de la Condamine, le Prorel. « J’ai croisé très peu de monde. »
« Une fois en haut, je pouvais vraiment espérer boucler ce défi »
Il a dormi au refuge du Galibier, qu’il a atteint jeudi vers 15 heures. « C’était sympa de garder cette immersion en montagne, plutôt que de prendre la voiture pour dormir chez moi. » Le premier jour, cela représentait 9 h 45 de ski. Il est reparti du refuge vers 6 h 15, vendredi. « Le deuxième jour était un peu plus technique, plus laborieux à la montée, et plus haut en altitude », décrit-il.
Le passage le plus difficile ? « La remontée de la face nord-ouest des Agneaux, à pied, skis sur le dos, à 3 600 mètres. Là, je me suis enfoncé, j’ai eu un petit doute. C’est haut en altitude, et fatigant. Ça a été un peu la bascule. Une fois en haut, je pouvais vraiment espérer boucler ce défi. »
Lors de son tour à ski, l’alpiniste a fait face à deux journées chaudes, avec un regel superficiel. « La neige n’était pas excellente, mais j’ai eu suffisamment de regels pour réussir. Et le massif était exceptionnellement bien enneigé, mais déneige vite en bas. » À la descente, le plus dur a été un court passage aux Agneaux, du glacier du Casset, versant nord, au vallon du Tabuc versant est. « C’est un passage très peu utilisé qui va de l’Agneau Blanc à l’Agneau Noir, à 50°, mais il était en très bonnes conditions. »
Arrivée à 18 heures vendredi à Briançon. Il est passé par la Chaussée et la Gargouille, qu’il a remontées avec ses chaussures en carbone, les skis sur le sac à dos, jusqu’à la Collégiale.
Ce challenge fait partie d’une préparation pour son futur départ au K2, le 9 juin, avec une ascension prévue en juillet. Retour envisagé fin juillet-début août.
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Article issu du Dauphiné Libéré
