Bixente Lizarazu fan de ski : « Le but du jeu, trouver la meilleure neige »

« Homme libre, toujours tu chériras la mer. Je dirais la même chose pour la montagne ». Il est rare qu’un footballeur cite Baudelaire. De la génération dorée de 1998, Bixente Lizarazu est celui qui illustre le mieux la conception grecque du métissage de la force physique et de l’esprit. La tête et les jambes, comme le clamait jadis Pierre Bellemare sur l’ORTF.

À celui qui a décroché une licence de Sciences et techniques des activités physiques et sportives alors qu’il était pro, on retournera la citation de Mauriac, autre Girondin : « La passion de la montagne chez un homme, c’est d’abord son enfance en lui qui ne veut pas mourir ».

Sur des skis à trois ans à Luz Ardiden

Né au bord de l’eau, là où les Pyrénées rencontrent l’Atlantique, Bixente Lizarazu est monté sur des skis à trois ans, à Luz Ardiden, avant de taper dans le ballon. À Val d’Isère, un demi-siècle plus tard, après une journée à traquer la poudreuse au col de l’Iseran, le Basque se remémore cette enfance qu’il semble revivre depuis qu’il a raccroché les crampons. « On partait dans la camionnette que mon père, menuisier-charpentier, transformait en camping-car rustique. Avec mon frère, on dormait à l’arrière et on se réveillait le lendemain dans les Alpes ».

Dans une de ces stations, « ports endormis où brille la neige qui extirpe des torpeurs » s’émerveillait Jean d’Ormesson, dans le train de nuit de Bourg-Saint-Maurice. Jusqu’aux aurores de l’adolescence, quand un monsieur du club de Bordeaux l’a enrôlé au centre de formation, “Liza” avait dans sa malle à jouets, une raquette de tennis, une planche de surf, un masque de plongée, une chistera de pelote et une paire de skis.

Inscrit incognito à un slalom géant de l’ESF à Courchevel

De 13 à 36 ans, le long tunnel du haut niveau a suspendu cette jeunesse multisport dans laquelle s’épanouissait ce petit Basque bondissant. « J’avais ce don, comme d’autres la musique, et ce besoin de faire du sport. » Pour autant, Lizarazu n’a jamais délaissé la glisse. Aux trêves, surf et ski lui permettaient de se maintenir tout en décompressant. Pas défendu dans son contrat au Bayern Munich ? « On ne m’a jamais embêté pour ça. Mais je n’ai jamais posé la question non plus ».

À Courchevel, il s’inscrit, incognito, à la Flèche, slalom géant de l’École de ski français, avec les minots. Compétitif dans l’âme, le sportif aime les « challenges à la con » (sic). Quand on lui parle de cet accident à Chamonix, par jour blanc, dans un schuss débonnaire, ça l’agace. « Un moment de relâchement, comme à chaque fois que je me suis blessé. Sur les situations les plus engagées, je suis toujours concentré à 200 % ».

« Je peux m’organiser en 24 heures »

Et depuis sa retraite des terrains, celui qui éprouve pour toute forme d’activité physique une saine addiction, a changé d’approche, abordant le sport versant plaisir comme le meilleur des remèdes et des antidépresseurs. Il a découvert le hors-piste, parfois engagé.

Descendant le couloir des poubelles au Pic du Midi ou suivant les traces du champion du monde de freeride Aurélien Ducroz dans le massif du Mont-Blanc. Souvenir d’une attente à califourchon sur une arête, le temps que les guides préparent le rappel menant au couloir. « Aujourd’hui, je fais du moins raide. Le but du jeu : trouver la meilleure neige ». Consultant pour TF1 et France Info, lui qui est l’inverse d’un urbain vit toujours du côté d’Hendaye. Et dès qu’il a vent d’une chute, Bixente file à Val. « Je peux m’organiser en 24 heures. »

C’est à Aimé Jacquet et à l’équipe de France, lors d’un stage à Tignes, qu’il doit son attachement au domaine. « J’y suis revenu en vacances. » On l’a retrouvé à l’une de ses adresses après-ski. La crêperie “Si mon père savait”. Yann, le patron, est embêté : son fils, en ski études, doit soigner une vilaine blessure. Liza dispense ses conseils. Il éprouve le même bien-être en altitude qu’en mer. « Même par conditions extrêmes, je n’ai pas peur. À condition d’anticiper les dangers. Ces endroits exigent des connaissances. » Lizarazu est toujours bien accompagné.

À l’hiver 2021, quand la pandémie mit à l’arrêt les remontées mécaniques, il fut un de ces nombreux convertis au ski de randonnée. Lui qui est aussi cycliste y a retrouvé les vertus qu’il affectionne dans l’ascension des cols pyrénéens. Et bien sûr les sensations du freerideur à la descente. Son moniteur Loïc Walch l’a emmené en raid au Groenland, un vieux bateau de pêche pour camp de base. L’expédition a avalé 9000 m de dénivelé, la hauteur de l’Everest !

« J’ai super bien vécu ma deuxième vie »

L’ancien footeux cherche toujours à comprendre les ressorts des décisions des guides qui l’encadrent. Joueur, il tannait l’entraîneur, demandant la justification de chaque exercice. « Mes études expliquent cette nature du mec qui veut comprendre pourquoi il fait les choses ».

Redevenant ce gamin déballant tous ses jouets et variant les plaisirs, lui n’a pas connu le blues de fin de carrière. Bon pour les articulations et antidote à la routine. Son expertise dans les vertus de l’activité physique, il en fait un livre, manuel des bienfaits du sport. « Je n’ai pas eu de mal avec cet arrêt brutal qui coïncide avec la perte d’un statut et perturbe le corps au niveau hormonal, habitué en permanence à sécréter des endorphines, rempli d’adrénaline. » L’exercice comme élixir de jouvence. « En continuant et découvrant d’autres disciplines (NDLR, il est devenu champion de jiu-jitsu brésilien), j’ai super bien vécu ma deuxième vie. »

Son livre est raccord avec la campagne nationale exhortant à faire 30 minutes d’exercice par jour. Lui milite pour l’enseignement à l’école d’une réelle éducation physique et sportive, théorique et pratique. « Au fil d’un parcours scolaire, l’anatomie, la physiologie, la mécanique ou l’entretien du corps devraient être enseignés avec autant d’assiduité que les maths ou le français. » Question de bien être, de santé mentale et de santé publique.

  • À lire : “Vivre de sport, pour rester en forme”, Bixente Lizarazu, Flammarion.

Article issu du Dauphiné Libéré

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