Alors qu’il se faisait élire mercredi 20 mars à la présidence de la nouvelle régie départementale du train du Montenvers, Martial Saddier faisait, au même moment, l’objet de critiques au sein du conseil municipal de Chamonix. Invités à délibérer sur le financement du glaciorium qui doit voir le jour en haut de l’emblématique train à crémaillère, les élus de la capitale de l’alpinisme sont revenus sur la reprise en direct, par le Département, de cette ligne ferroviaire emblématique.
« Un caprice de politicien » ?
Une nouvelle gestion du train, exploité jusqu’au 1er novembre 2024 par la Compagnie du Mont-Blanc, que trouve dommageable Denis Ducroz, évoquant même « un caprice de politicien ». Aux yeux de l’élu chamoniard, le morcellement du site du Montenvers (puisque la nouvelle télécabine, l’hôtel, le restaurant et la grotte vont continuer à être gérés par la Compagnie du Mont-Blanc), risque d’être préjudiciable à l’utilisateur.
Pas de changement tarifaire la première année
Un discours qui n’a pas échappé au président du Conseil départemental, devenu donc aussi le président de la nouvelle régie aux commandes du petit train rouge. Ce dernier, qui se veut rassurant, rapporte au Dauphiné Libéré les premières décisions prises par le conseil d’administration de cette nouvelle structure. « Comme je m’y étais engagé, j’ai adressé un courrier à tous les salariés actuels du train, dans lequel je leur propose d’intégrer la régie avec les mêmes conditions et les mêmes droits sociaux qu’à l’heure actuelle », explique Martial Saddier qui, avec les huit vice-présidents de la régie, a également décidé qu’il ne reviendrait pas sur les accords tarifaires en vigueur pendant la première année d’exploitation.
Un sujet complexe, puisque la rénovation du site du Montenvers et les 53 millions d’euros investis, principalement par la Compagnie du Mont-Blanc, induisaient un certain coût du billet, avant même que le Département ne choisisse de récupérer le train qui va souffler cette année ses 125 bougies. De même, les détenteurs du forfait Mont-Blanc Unlimited, le titre phare de la Compagnie du Mont-Blanc qui donne accès au train, se demandaient s’ils allaient pouvoir, après le 1er novembre, l’emprunter encore sans devoir passer à nouveau à la caisse.
La volonté de ne pas toucher à ces accords tarifaires laisse penser que oui, du moins la première année. Lorsqu’elle aura récupéré les clefs du train, la régie compte toutefois mettre en place une seule petite nouveauté, puisqu’elle veut proposer un ticket pour l’aller-retour en train qui n’inclura pas le voyage dans la nouvelle télécabine de la Mer de glace. « Pour le reste, on se donne le temps de voir ce qui fonctionne ou pas pour adapter notre offre », résume le président de la régie.
8 millions d'euros
Ces dernières années, l’exploitation du Montenvers générait 8 millions d’euros de recettes. Mais le résultat net ne s’élevait qu’à environ 350 000 €, avec pourtant un contrat d’électricité plutôt favorable. Autrement dit, le petit train rouge n’est pas « une vache à lait », même si près de 450 000 personnes l’empruntent chaque année.
De très lourds investissements sont attendus
Outre ces premières mesures, ce dernier nous a aussi confirmé l’ordre de grandeur des investissements qu’il souhaite engager dès la prise de fonction de la régie. Près de 100 millions d’euros doivent selon lui être rapidement mis sur la table, dont 70 millions pour remplacer le matériel roulant, à bout de souffle. Les six rames électriques et le chasse-neige, entretenus avec passion par les employés actuels doivent en effet être changés, ce que savait le Département au moment de voter pour reprendre le contrôle du train. Et comme les fabricants se comptent sur les doigts de la main, Martial Saddier ne veut pas traîner pour commander celles qui les remplaceront. « Il nous faudra passer commande d’ici 2025. On engagera donc deux tiers du budget la première année et le reste d’ici 2028 », assure le patron du Département (une collectivité dont le budget est de 1,390 milliard d’euros ).
Enfin, la régie a déjà indiqué qu’elle permettrait à la Compagnie du Mont-Blanc d’utiliser le train pour mener à bien les travaux du glaciorium dont elle assure la maîtrise d’ouvrage, dans les mêmes conditions que pour le chantier de la télécabine entrée en service cet hiver.