Depuis l’interdiction en août 2023 de pénétrer dans les 750 hectares de la Réserve naturelle nationale des Hauts de Chartreuse incluant plusieurs sentiers balisés suite à la pose de panneaux “défense d’entrée” par son propriétaire, Bruno de Quinsonas-Oudinot, « aucune avancée n’est constatée pour résoudre ce conflit d’accès » pointe le collectif Chartreuse droit à la nature dans son dernier communiqué. Ce dernier dénonce à nouveau un enlisement « dû avant tout à la volonté de son propriétaire de réserver son terrain au profit de chasses privées et commerciales en contradiction avec le règlement de la réserve ».
Et c’est d’ailleurs en se penchant sur ce règlement que le collectif est tombé un peu par hasard sur une consultation publique en cours, précisément sur un projet d’arrêté instituant des zones interdites à la chasse dans la réserve des Hauts de Chartreuse.
Un nouveau périmètre sensé satisfaire tout le monde
Ce projet lancé par la Dreal (Direction régionale Auvergne Rhône Alpes de l’environnement, de l’aménagement et du logement) le 15 mai dernier, vise à modifier l’outil juridique permettant de matérialiser les 30 % de zones interdites à la chasse. Un périmètre inscrit dans l’article 9 du décret de 1997 actant la création de la Réserve pour préserver la faune.
Sauf que cette consultation est un peu trop « passée sous les radars et sous silence du Parc et de la Réserve de Chartreuse » regrette le collectif. D’où cet appel de dernière minute aux sympathisants d’aller donner leur avis, avant le 1er juin, date de la clôture. Ce peu de promotion s’explique en grande partie parce que cette consultation ne va rien changer, si ce n’est un cadre juridique qui au final consolide un périmètre d’interdiction qui donne déjà « satisfaction tant aux détenteurs des droits de chasse qu’au gestionnaire de la Réserve » souligne la Dreal. Ce que confirme le président du parc, Dominique Escaron, pour qui la priorité du moment est ailleurs.
Conflits d’usages
Pour le collectif : « c’est un déni de démocratie, d’autant qu’à ce jour 40 000 personnes dans une pétition demandent la levée de l’interdiction d’accès à la zone interdite par son propriétaire et l’interdiction de la chasse a minima dans les zones les plus fréquentées de la Réserve ». Comme le vallon de Marcieu. Il est l’un des symboles de la mobilisation pour un accès à tous à la nature. Car la liste des sites remarquables désormais interdits dans la Réserve est longue : les Lances de Malissard, les Crêtes du Grand Manti et bien d’autres encore comme le sommet du sentier de l’Aulps du Seuil où se trouve la Croix…
Le collectif Chartreuse droit à la nature souhaite donc profiter de ce changement de cadre juridique pour dire que « ce serait bien de réfléchir à élargir cette zone de 30 % au moins au vallon de Marcieu ». Car ces dernières semaines, les conflits se seraient multipliés au sein de la Réserve « à nouveau entre randonneurs de passage et gestionnaire du terrain privé, jusqu’à obliger certains à quitter manu militari la Réserve de nuit, par mauvais temps et mettant ainsi en péril leur sécurité » explique le collectif. Ce dernier a d’ailleurs fait parvenir quelques-uns des témoignages de randonneurs « malmenés » au Parc, à la Réserve et à la commune du Plateau des Petites-Roches.
« Connaissez-vous l’Arlésienne de la Chartreuse ? Celle dont tout le monde parle mais que personne ne voit ? » ironise le collectif Chartreuse droit à la nature en parlant de la convention de passage jamais signée entre le parc et Bruno de Quinsonnas, le propriétaire des 750 hectares aujourd’hui interdits aux randonneurs.
Une Arlésienne qui sera bientôt qu’un mauvais souvenir. À force de travail (un an) et de négociations et disons-le d’une intervention plus appuyée et personnelle de la part du préfet de l’Isère et du président du Département, une convention de passage pourrait bien être signée d’ici la fin juin. Dominique Escaron, le président du Parc, l’assure. « On est en train de finaliser l’accord, on est à deux doigts d’y parvenir. En tous les cas on avance tous dans le bon sens ». En clair cette convention doit permettre de rétablir la continuité de circulation des randonneurs, notamment sur les deux sentiers balisés le GRP, Grande randonnée de pays qui traverse la réserve du Nord au Sud et le sentier de liaison de l’Aulp du Seuil avec le vallon de Marcieu.
Article issu du Dauphiné Libéré