Comment La Plagne perpétue-t-elle la tradition du bobsleigh ?

Il ne gèle pas encore à pierre fendre au hameau de La Roche, à 1 550 m d’altitude, mais c’est déjà l’hiver sur la piste de bobsleigh de La Plagne. Depuis fin octobre, les 13 saisonniers, avec dix renforts, et les quatre employés permanents s’activent en fonction de la température et de la météo, pour la mise en glace des 1 800 m de la structure béton de la piste olympique (1 507 m et 200 m de décélération) et ses 19 virages. La Coupe du monde et la saison touristique arriveront très vite.

Une parmi 19 dans le monde seulement

« Ça représente 6 800 m² de surface, soit 4,7 patinoires olympiques, et trois semaines de mise en glace, puis une semaine de préparation finale », résume l’ancien pilote de haut niveau (de 1996 à 2002), Bruno Thomas, directeur général du site depuis près de trois ans. Ce Grenoblois d’origine est un enfant de la piste, après l’avoir découverte à son ouverture, lors des pré-olympiques en 1991… en faisant de la photo ! Avec son équipe, ils choient l’une des 19 pistes de bob dans le monde (seules 15 peuvent accueillir des épreuves olympiques ). « Le Comité international olympique et la Fédération internationale (IBSF) ont demandé qu’il n’y ait plus de construction. La Plagne fait perdurer son infrastructure, désormais pérenne, la seule en France. Elle est d’intérêt national ! » Mais préparer et entretenir une infrastructure à la fois industrielle et touristique recevant du public n’est pas sans contrainte : analyse d’eau tous les mois, recherche de fuite tous les six mois…

La seule piste au monde avec… de l’antigel

Avec le rétrofit fait en 2007 suite à la décision des acteurs locaux, la piste plagnarde est débarrassée des contraintes environnementales liées à l’utilisation de l’ammoniaque, et d’autorisations administratives. « Nous sommes les seuls au monde à utiliser de l’eau glycolée, de l’antigel à 50 % avec de l’eau, qui circule, en circuit fermé, dans les 75 km de serpentins noyés dans le béton », poursuit Bruno Thomas. « On a perdu 20 % en rendement de froid, mais la toiture, en bâche anti-UV, permet de récupérer ces 20 %. » Trois groupes génèrent du froid avec un glycole à -7/-8°, propulsé (à 15 bars) au sommet de la piste, et qui redescend par gravité pour être stocké dans la salle des machines. « On fait descendre la structure béton à -4°/-5°, mais pas de manière uniforme. Les 1 800 m de long de la structure sont tronçonnés en 71 segments indépendants les uns des autres, à qui on peut donner des consignes de froid différentes. »

Une planification méticuleuse

Derrière le pilotage depuis le poste de contrôle, toute une stratégie s’opère. « Par souci d’économie d’énergie, on essaye de travailler au maximum avec un seul des trois groupes de froid. Après, il y a des segments plus chronophages, qui demandent plus de travail et plus de glace, comme entre le virage 4 et le 10, plus à l’ombre et plus technique. » Les dernières zones préparées seront les plus exposées, qui méritent peu d’ajout de glace et de profilage.

Une fois la portion de piste descendue en température, il faut pulvériser de l’eau, par passes successives, pour une première couche d’accroche sur le béton. Ensuite, un ajout de 150 à 180 m³ de glace est nécessaire pour colmater, lisser et reprofiler les virages, avec une bonne épaisseur. En apportant un soin particulier aux virages 6 et 15, les plus techniques. La mise en glace se termine par une ultime pulvérisation d’eau, pour profiler de manière uniforme et homogène tous les virages au rabot.

« Tout se fait à l’œil, c’est un métier très technique qui s’apprend sur le tas »

« On utilise la source de l’eau de la mine (impropre à la consommation) pour asperger et figer la glace. À la fonte, elle est rendue à la nature », précise Bruno Thomas. Pour la préparation, les premières traces de bob à quatre permettent de cibler les trajectoires, les imperfections et d’affiner. « L’objectif est de rendre la piste moins technique, moins périlleuse, et les dégradations moins importantes. » Le directeur rend hommage au travail de l’ombre de ses glaciers. « Tout se fait à l’œil, c’est un métier très technique qui s’apprend sur le tas. Il faut trois ans de formation. » Les Plagnards ont ainsi exporté leur savoir-faire aux JO de Vancouver, Sotchi et Pyeongchang, contribuant à la notoriété de la station en matière de glace aussi, depuis 32 ans…

Article issu du Dauphiné Libéré

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