Démontage des remontées mécaniques à la Sambuy : quel avenir pour la station ?

À quoi ressemblera la Sambuy l’hiver prochain ? Et dans quelques années ? C’est tout l’enjeu de la bataille politique qui oppose la majorité municipale de Faverges-Seythenex, qui a voté le 14 juin 2023 en faveur de l’arrêt de l’exploitation des remontées mécaniques sur le site, à l’association Tous ensemble pour la Sambuy (TEPS).

Récemment, la mairie a franchi une étape dans le processus de démantèlement et de démontage de ces installations (un télésiège et trois téléskis, ainsi que les locaux de vigie afférents) en déposant auprès de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) le dossier correspondant à ces opérations, qu’elle espère mener à bien « à l’automne 2024 ».

« La loi nous oblige à démanteler les installations si elles ne sont pas utilisées et de toute façon »

Un timing loin d’être précipité pour Jacques Dalex, maire depuis 2020 de la commune d’environ 7 500 habitants. « À la fin de l’été, cela fera 15 mois que la décision aura été prise, donc on n’agit pas dans l’urgence, on a pris notre temps. La loi nous oblige à démanteler les installations si elles ne sont pas utilisées et de toute façon, on ne va pas les laisser rouiller. »

Une décision qui a soulevé la colère d’un collectif d’habitants et d’amoureux de la Sambuy, qui se sont mobilisés depuis lors pour convaincre de l’utilité de conserver ces installations pour continuer l’activité de ski alpin tant que ce sera possible, mais aussi pour amener les randonneurs jusqu’à l’alpage de la Sambuy le reste de l’année. « Contrairement à ce qu’a dit le maire, nous ne sommes pas climatosceptiques et nous sommes bien conscients des soucis d’enneigement », se défend Jacques Laurent, président de l’association TEPS. « Nous défendons depuis un an la proposition de travailler différemment l’hiver et faire le deuil, à terme, de l’exploitation du ski alpin. »

Entretenir des remontées mécaniques, combien ça coûte ?

Si l’idée de conserver le parc de remontées mécaniques quitte à ne les faire tourner que ponctuellement pour limiter les coûts a été évoqué, cela entraînerait trop de frais, selon la municipalité. Car l’entretien des appareils, notamment celui du télésiège, est loin d’être anodin.

L’association Domaines skiables de France (DSF), qui fédère les exploitants de stations, estime que cet entretien revient en moyenne à 7 % du chiffre d’affaires d’un domaine skiable. « Concernant les téléskis, en général les opérations de maintenance représentent un coût assez modeste, ça ne nécessite pas de gros investissements chaque année », estime Laurent Reynaud, délégué général de DSF.

« Par contre, pour un télésiège à pince fixe, comme à La Sambuy, l’investissement est plus coûteux. Il y a des vérifications extrêmement précises à faire, chaque jour pendant l’utilisation mais aussi tous les ans ainsi qu’une grande inspection qui intervient pour vérifier que chaque pièce est en bon état. Les gens ne se rendent pas compte qu’un appareil de remontée mécanique doit régulièrement être désossé, ce qui induit un certain coût pour l’exploitant. »

Un choix politique

Pour autant, si ces coûts ne sont pas neutres pour les finances, le maintien ou non d’une activité touristique avec du ski alpin dans les stations de moyenne montagne est selon lui une question de choix politique.

« Cet argent, est-ce qu’on le met dans les remontées mécaniques ou dans d’autres équipements comme un terrain de tennis, une piscine ou une médiathèque ? C’est aux élus de décider. Mais une piscine c’est également quelque chose de budgétivore et ça ne crée quasiment aucun emploi. Alors que l’argent dépensé pour équilibrer les comptes des remontées mécaniques, il assure de l’emploi avec les moniteurs de ski, le personnel des remontées et tous les emplois induits par l’activité. Ça reste un bon rapport entre budget et emplois générés. On n’a pas trouvé mieux pour maintenir des populations sur le territoire. »

« Ça fait 60 ans qu’on perd de l’argent donc il faut être raisonnable »

C’est la dimension financière qui a poussé les élus à prendre cette décision, l’an dernier. « Les recettes de la Sambuy, si on compte les remontées mécaniques et la luge d’été, s’élèvent en moyenne à 700 000 euros par an, donc 400 000 à 500 000 pour les remontées. Et les frais fixes tournent autour d’un million d’euros », calcule le maire. Des pertes épongées par la commune. « Ça fait 60 ans qu’on perd de l’argent donc il faut être raisonnable.»

Pour les opposants au démantèlement, il ne faut pas seulement regarder les chiffres. « Nous avons fait différentes propositions pour réduire les coûts pour la commune. Au-delà de ça, nous pensons que c’est à la collectivité d’assurer un service public », avance Jacques Laurent.

« Les transports en commun, ça coûte et on n’arrête pas pour autant. » « Sauf qu’aucun service public ne coûte 500 millions par an et qu’un Service public industriel et commercial (Spic) comme la Sambuy se doit d’être à l’équilibre, comme l’a récemment rappelé le rapport de la Cour des comptes », contre le maire, qui affirme également que seuls 10 % des utilisateurs du télésiège sont des habitants de l’intercommunalité des Sources du lac d’Annecy. Et que les habitants de Faverges n’ont donc pas à payer pour le divertissement des autres…

Si une action a été engagée auprès du tribunal administratif de Grenoble, elle a été rejetée en référé et l’association veut désormais faire juger l’affaire sur le fond. Une décision qui pourrait ne pas intervenir avant la fin de l’année 2024. D’ici là, si le projet municipal avance comme prévu, il n’y aura plus de télésiège à sauver.

Article issu du Dauphiné Libéré

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