Une température proche des 0°C, un brouillard à couper au couteau, de fines gouttes de pluie qui remplacent les flocons tombés quelques heures plus tôt… Ce mardi 7 mai, à quelques hectomètres du sommet du Cormet de Roselend (1 968 mètres), les conditions météorologiques sont encore très hivernales. Le printemps paraît bien loin tout comme le décor de carte postale avec le barrage en fond.
Pourtant, dans quelques jours, cyclistes et automobilistes pourront de nouveau emprunter la route du col pour effectuer la liaison entre Beaufortain et Haute Tarentaise.
« Une moyenne d’avancement de 700 à 800 mètres au quotidien »
Depuis début mai, deux binômes d’agents d’entretien des routes du Département s’activent pour déneiger la chaussée. « On a fait venir un nivologue pour qu’il donne le feu vert, explique Florent Villaume, responsable de la Maison technique du Département Albertville/Ugine. On a commencé au niveau du col de Méraillet (1 605 mètres). Jusqu’au sommet, ce sont presque huit kilomètres. Quand les conditions sont favorables, on est sur une moyenne d’avancement de 700 à 800 mètres au quotidien. »
Justement, ce mardi 7 mai, Pierre Yvan Canova et Renaud Landon, deux agents du Département, ont dû composer avec des éléments difficiles. « C’est le passage où il y a le plus de neige, souligne le premier. Avec le vent, des congères se sont formées. On a des murs de neige de près de quatre mètres de hauteur. Même si ce n’est pas exceptionnel, ça faisait quelques années que l’on n’avait pas eu autant de neige. »
L’autre difficulté, c’est le jour blanc qui ne permet pas de voir à plus d’une dizaine de mètres. « Quand il fait beau, on repère mieux le relief, ajoute Pierre Yvan Canova. Là, avec le brouillard, on doit être encore plus vigilant. Il faut faire attention aux lignes électriques et aux randonneurs qui peuvent s’aventurer. »
« Je plante des branches pour lui indiquer le parcours »
Pas évident non plus, avec de telles hauteurs, de suivre correctement la route. Ici, pas de GPS qui permette de dématérialiser le chemin à suivre. La technique est plus rustique. Quand l’un des agents est au volant de la fraise à neige, l’autre, à l’aide d’une sonde, tente de “sentir” la route sous plusieurs couches de neige. « On peut vite passer à côté, reconnaît-il. C’est pourquoi je plante des branches pour lui indiquer le parcours. »
Une fois le déneigement terminé, le travail ne sera pas pour autant achevé.
« Il faudra ensuite nettoyer la chaussée, indique Florent Villaume. Sur la route, on trouve des petits rochers et quelques blocs de glace qu’il faudra enlever. La chaleur des prochains jours va aussi permettre de purger les talus et ainsi réduire les risques d’effondrement. »
Plus de six mois de fermeture
Côté Tarentaise, la route est déjà au noir. « Ils ont un programme de déneigement plus important donc ils commencent toujours par le Cormet de Roselend avant de s’attaquer au Petit Saint-Bernard et à l’Iseran », complète le responsable.
La liaison entre les deux vallées sera bientôt possible après plus de six mois de fermeture. Habituellement, la date de réouverture est fixée au troisième vendredi du mois de mai. « Mais c’est toujours délicat d’annoncer une date précise, on peut rencontrer des aléas qui retardent la réouverture. »
Une réouverture qui marquera presque le début de la saison estivale. L’an dernier, elle avait été décalée au 23 juin suite à l’effondrement de la chaussée. À Beaufort, les commerçants en avaient souffert alors qu’habituellement la fréquentation est multipliée par trois ou quatre avec un afflux touristique important. « C’est un col très fréquenté, on est sur la grande route des Alpes, note Florent Villaume. Mais le vrai appel d’air, c’est lors de la réouverture du col de l’Iseran. » Pour cela, il faudra encore attendre la mi-juin.
Article issu du Dauphiné Libéré