En Isère, comme partout dans les Alpes, l’hiver 2023-2024 a été une saison paradoxale pour l’enneigement. De décembre à mars, les hauteurs de neige étaient franchement en dessous de la norme à moyenne altitude, mais très bonnes au-dessus de 2 000 mètres.
Alors dans le Vercors, qui accueille des stations de moyenne montagne, le bilan n’est pas très bon. Lans-en-Vercors et Autrans-Méaudre ont par exemple dû faire face à une fermeture anticipée pour manque de neige.
Une limite pluie-neige qui joue au yoyo
Côté Belledonne, aux 7 Laux et au Collet d’Allevard, on reconnaît une saison perturbée par des flux de Sud, avec une limite pluie-neige souvent un peu trop haute. Mais ces épisodes de pluie, « plus nombreux que d’habitude, se sont souvent terminés en épisodes neigeux », positive Jean-François Genevray, directeur général de la Société d’Exploitation Montagne et Loisirs du Grésivaudan (SEMLG). Avec la neige de culture, il a été possible de « terminer la saison, et d’assurer jusqu’au bout tous les retours en station skis au pied ».
« On a plus souffert l’an dernier que cette année. Là, les clients étaient au rendez-vous, c’est quand même une satisfaction », conclut-il.
Quant aux Écrins, Grandes Rousses, Aiguilles d’Arves, l’altitude élevée des domaines a globalement permis une saison sereine.
Pour établir ces courbes, station par station, nous avons récupéré les archives de Météo-France en nous concentrant sur les hauteurs de neige.
L'idée : comparer, pour chaque jour de la saison, la hauteur de neige naturelle d'une station donnée avec la hauteur moyenne depuis 1996.
Pour chaque massif français des Alpes, nous avons regroupé les mesures effectués en stations de ski à des altitudes très diverses (entre 1 043 m à Chamonix et 2 550 m aux 2 Alpes). Se dessine le profil d'une saison très en-deçà des attentes à moyenne altitude, mais très enneigée au-delà de 2 000 mètres.
Vercors
Dans les données de Météo-France, on manquait un peu de données pour le Vercors. Mais les altitudes des 3 points de mesure proposés (entre 1 250 et 1 710 mètres) sont assez représentatives des conditions de ski des stations de moyenne montagne de ce massif.
Et cette saison, l’enneigement a été franchement en dessous de la moyenne. Une situation qui a contraint plusieurs stations à fermer de manière anticipée.
Belledonne et Taillefer
Sur les 4 points de mesure disponibles pour ces deux massifs, entre 1 355 m plus de 2 022 m, le tableau n’est pas tout rose. A l’exception d’un très bon mois de janvier, l’enneigement est sensiblement en dessous de la moyenne sous 2 000 mètres.
Mais la situation n’est pas comparable à celle d’un Vercors dominé par les stations de moyenne montagne. Si le bas des pistes des 7 Laux a connu moins de neige que d’habitude, les skieurs y montent jusqu’à 2 370 mètres, et Chamrousse, qui culmine à 2 250 mètres, semble avoir vécu une très bonne saison. L’enneigement à 2 000 mètres y est en effet sensiblement plus élevé que la moyenne.
Les Écrins
Dans le massif des Écrins, 6 points de mesure Météo-France étaient disponibles, du bas des pistes (1 270 m) de la toute petite station de Pelvoux-Vallouise, à la frontière iséroise, jusqu’au milieu du domaine des 2 Alpes, à 2 550 m, à La Toura.
À la plus basse altitude (Pelvoux Saint-Antoine, 1 270 m), l’enneigement tout au long de la saison est très en-dessous de la moyenne, avec des pics d’enneigement début décembre, début janvier et fin février.
Mais un peu plus haut, les mesures de hauteur de neige 2023-2024 collent de près à celles de la saison moyenne, et les dépassent même sensiblement passé 2 000 mètres.
Les Grandes Rousses et les Aiguilles d’Arves
Comme partout dans les Alpes, les conditions d’enneigement sont assez mauvaises à basse et moyenne altitude dans les massifs des Grandes Rousses et des Aiguilles d’Arves, sensiblement en dessous de la moyenne.
Mais pour des domaines comme l’Alpe d’Huez dont les pistes montent au-delà des 3 000 mètres, cela a probablement peu d’importance dans le bilan de la saison, tant l’enneigement très fort à haute altitude a permis de compenser. Idem pour les Karellis qui culminent à plus de 2 500 mètres ou pour le domaine des Sybelles où l’on skie jusqu’à 2 620 mètres.