Accessible en seulement quelques minutes depuis l’aiguille du Midi, la descente à ski de l’éperon des jumeaux est peut-être la ligne de pente raide la plus extrême du massif du Mont-Blanc. Quelques semaines auparavant, Aurélien Lardy, en compagnie d’Eric Jamet, avait déjà fait sensation en réalisant la descente de « Vite de Lune », une première depuis 2016 lorsqu’elle a été ouverte par Kilian Jornet et Vivian Bruchez.
Une voie qui rebute
Bien moins visité que le mythique Nant Blanc à l’aiguille Verte, cet itinéraire se fraie un chemin parmi un dédale de rochers granitiques peu engageant. Et depuis que Jean-Marc Boivin y a posé ses spatules en 1986, sans doute en déviant quelque peu de l’éperon, les skieurs à s’y être aventurés se comptent sur les doigts d’une main.
La pente la plus raide du massif
Le snowboardeur Julien Herry (surnommé Pica) et Raphaël Bonnet s’y sont risqués en 2014. Le guide missionnaire de la glisse au Pakistan y est ensuite retourné en compagnie du skieur Sam Favret. Une dernière descente filmée et dont les images spectaculaires avaient servi au film Backyards project.
Mais depuis quelques jours, deux autres Chamoniards ont dévalé les 1 000 mètres de la face nord de l’aiguille du Midi par ce pilier vertical où il faut avoir l’idée de poser ses carres. Aurélien Lardy et Gasapard Ravanel ont réussi cette performance « qui marque un avant et un après » dans leur vie et dans leurs projets de skieur.
Plus ça va, plus ça penche
« J’ai cette idée depuis plusieurs années. J’avais en tête les images du film de Sam et Pica, mais j’attendais d’avoir l’expérience nécessaire pour m’engager dans une descente qui me semblait plus difficile que tout ce que j’avais peut-être pu faire jusque-là », explique Aurélien.
L’enneigement plutôt bon sur l’ensemble du parcours, l’a convaincu de s’engager ce printemps dans cette descente. « J’attendais juste de trouver le partenaire motivé pour me suivre et ça n’a pas été une mince affaire ». Même parmi les très bons skieurs du microcosme chamoniard, rares sont ceux attirés par cet éperon.
« À cette période de l’année, certaines descentes de cette face nord sont empruntées par des dizaines de skieurs chaque semaine, mais cet itinéraire reste quant à lui hypersauvage, peut-être parce qu’il demande beaucoup d’audace », observent Aurélien et Gaspard, qui, avant de s’élancer depuis le téléphérique, ont patiemment analysé la face.
Finalement, en tirant quatre rappels et après 3 h 30 de descente, les deux potes ont réussi à répéter cette ligne, de plus en plus raide à mesure qu’on la dévale. « Nous sommes vraiment soulagés et heureux d’avoir ce projet derrière nous aujourd’hui. La beauté absolue de cette descente restera figée à jamais nous. »
Article issu du Dauphiné Libéré