Faire classe au milieu des montagnes : l’idée d’une école des Hautes-Alpes

À l’école privée Saint-Cœur de Gap, une classe pas comme les autres initie des élèves à la “survie” en milieu naturel.

Lecture de cartes, construction d’abris et filtration d’eau remplacent les cahiers, pour mieux comprendre et respecter l’environnement. Un enseignement par la pratique qui profite particulièrement aux enfants en difficulté avec le système scolaire classique.

« Mieux cerner les enjeux de demain »

« Comprendre la nature, son rôle et le nôtre en tant qu’humains permet de mieux cerner et s’approprier les enjeux de demain », analyse Jean-Noël Manouba, doctorant en sciences de l’éducation, en observant les 17 élèves de la “classe nature”, une classe qui fait cours dans la nature trois jours par semaine, rattachée à l’école Saint-Cœur à Gap.

Depuis janvier, leur enseignant, Eric Naigeon, a intégré à leur programme cinq séances de stage de “survie”. L’objectif ? Depuis janvier, leur enseignant, Eric Naigeon, a intégré à leur programme cinq séances de stage de “survie”.

L’objectif ?

Apprendre à comprendre et respecter l’environnement montagneux : savoir s’y repérer, s’y abriter et y évoluer en sécurité. Lou, 10 ans, élève de CM2, raconte avec enthousiasme : « La semaine dernière, on a appris à réguler la température de notre corps. Il faut porter plusieurs couches de vêtements, comme un oignon, parce que la chaleur s’échappe par le haut. »

Julia, sa camarade, ajoute : « On a aussi appris à filtrer l’eau d’une flaque pour la rendre potable. On la met dans une bouteille, on laisse les saletés se déposer, puis on ajoute du charbon de bois. »

La règle des 3

Avez-vous déjà utilisé une boussole ? » questionne l’enseignant. « Il s’agit du dernier cours pour que vous vous en sortiez avant le grand test. » Car la prochaine séance sera une mise en situation globale, en petit groupe, où ils seront évalués sur l’ensemble des apprentissages acquis.

Des moyens mnémotechniques permettent d’enseigner les réflexes de base en montagne. « Souvenez-vous de la règle des 3 : 3 secondes pour réfléchir, 3 minutes pour respirer, 3 heures pour se protéger du froid, 3 jours pour boire, 3 semaines pour manger, et 3 mois pour se laver. »

Une alternative à l’apprentissage classique

La lecture de cartes est également au programme du jour. « Si l’échelle indique qu’un centimètre représente 250 mètres, quelle distance représente 4 centimètres ? » demande-t-il. Une manière ludique d’aborder les tables de multiplication.

Pour la classe nature, trois jours sur quatre, les cours se déroulent en plein air, dans un bois situé au pied de Charance. « On fait des matières basiques, mais dans la forêt. Par exemple, on a appris à faire des divisions avec des bâtons. Beaucoup d’élèves ont mieux compris comme ça », témoigne Lou.

Ancien marin, Eric Naigeon avoue avoir choisi ce métier après avoir « détesté l’école ». Peut-être la raison pour laquelle ça lui  tient à cœur de « prendre ceux dont personne ne veut ».

Sa classe accueille ainsi entre autres des enfants ayant des difficultés de concentration, des hauts potentiels ou des élèves ayant vécu une expérience négative de l’école traditionnelle. « La priorité est donnée à ceux qui peuvent en tirer le plus de bénéfices », explique-t-il. L’objectif ? « Les rendre autonomes pour la sixième ».

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