Forêt, montagne : pourquoi les chiens ne sont plus forcément les bienvenus

« Ça suffit, maintenant ! Il faut les laisser vivre ! Ils sont faits pour être détachés. Regardez, on ne peut pas les empêcher de courir ! » N’en déplaise à Aurélie, depuis le lundi 15 avril et jusqu’au 30 juin, cette Iséroise va devoir garder en laisse Sun, son border collie croisé berger australien, pendant leurs balades en forêt en Chartreuse. Dans le cas contraire, elle risque une amende pouvant atteindre 750 euros.

L’Office national des forêts le rappelle particulièrement cette année. Si des médias en ont fait l’écho ces dernières semaines, cet arrêté interdisant de détacher son chien en forêt pendant cette période du printemps ne date pas d’hier. Mais de 1955 pour être précis.

« Depuis le confinement une recrudescence du nombre de chiens en forêt »

« On a constaté depuis le confinement une recrudescence du nombre de chiens en forêt et de personnes aussi qui ont redécouvert la nature près de chez eux. Que s’y promener c’était aussi bien que d’aller au bout du monde. On essaye de travailler et d’informer le public là-dessus parce que c’est un enjeu important en termes de biodiversité. Car c’est le moment des reproductions, de mise à bas et de nidification », explique Xavier Penin, pilote police à l’ONF pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Une période cruciale que nos toutous pourraient fortement perturber. Et même si votre compagnon n’a pas l’instinct de prédation et n’attaque pas les animaux, sa seule présence peut avoir des conséquences. « Les chiens, quelle que soit leur race, ont un bon nez. Ils vont des fois juste renifler, s’approcher trop, ce qui pourrait faire fuir la mère. Il peut lécher et mettre son odeur sur les petits, qui ne seront plus reconnus par la mère et seront abandonnés », détaille Xavier Penin.

L’arrêté rappelle également que la divagation est, quant à elle, interdite toute l’année et partout. « On parle aussi des terres cultivées, des vignes, des vergers… Ça veut dire que le propriétaire maîtrise son chien avec une laisse ou à la voix », explicite Jean-Luc Desbois, directeur du parc naturel régional du Massif des Bauges.

« C’est parfois un peu compliqué d’attacher leur chien car il doit s’amuser, se faire plaisir »

Tout aussi justifié qu’il soit, l’arrêté a du mal à faire l’unanimité. “Ça devient n’importe quoi !” “Ok mais 750 euros, c’est vachement exagéré.” “Je ne tiendrai pas mon chien en laisse, il reste sur les chemins…”, réagissent certains internautes sur notre site internet. « D’un côté, les gens comprennent bien l’objet. De l’autre, c’est parfois un peu compliqué d’attacher leur chien car il doit s’amuser, se faire plaisir. Le fait de le contraindre, ça les embête », observe Xavier Penin. Mais il n’y a pas que dans les forêts que les interdictions font grincer des dents. En montagne aussi, tout n’est pas permis.

Si dans les cœurs des parcs nationaux les chiens sont interdits, ailleurs, ils sont plus ou moins tolérés. Par exemple en Chartreuse, ils ne peuvent pas entrer dans la Réserve des hauts de Chartreuse, dans les espaces naturels sensibles. Et de début juin au 15 octobre, ils sont interdits sur les alpages.

« Avec le retour du loup, les éleveurs ont de plus en plus de chiens de protection. Ils ne sont plus uniquement sur les alpages et se retrouvent proches des villages ou des sentiers, il faut donc être prudent », ajoute Gaëtan Pascal, en charge du pastoralisme au parc naturel régional de Chartreuse. Situation similaire constatée dans les Bauges par Jean-Luc Desbois. « De plus en plus, les maires réglementent de nouvelles zones parce qu’avec les chiens de protection, la cohabitation peut-être difficile. »

« Il y a plein de gens qui ne savent pas et je pense qu’ils sont de bonne foi »

Pas toujours simple de s’y retrouver. Et dans de grands espaces ou seuls au milieu des arbres, beaucoup sont tentés de braver les interdits. Pourtant, dès le printemps, l’ONF multiplie les opérations de contrôle. Dans les réserves naturelles, des gardes assermentés s’assurent de faire respecter la loi. Mais il est difficile de faire la police partout. « Dans les alpages, il n’y a pas beaucoup de contrôles, les éleveurs et les bergers ont du mal à les faire respecter et ça peut générer des tensions », observe Gaëtan Pascal en Chartreuse.

Le premier objectif est surtout de mieux communiquer, comme l’explique Xavier Penin. « Il y a plein de gens qui ne savent pas et je pense qu’ils sont de bonne foi. Les gens ne partent pas forcément avec une laisse sur eux. On essaye de faire une grosse campagne de mobilisation pour que les comportements évoluent. » Pour être plus présent et faire respecter les interdits, dans le massif des Bauges on réfléchit à de nouvelles solutions. « À la demande de certaines communes du parc, nous sommes en train de mettre en place, pour les mois qui viennent, un garde champêtre mutualisé », annonce le directeur du parc naturel régional.

L’application Playdogs pour trouver des balades

Les propriétaires de chiens ne sont pas contre plus de clarté. C’est en tout cas ce que constate Jennifer Boulaud, cofondatrice de l’application Playdogs, qui référence des balades et lieux “dog-friendly”.

« En France, il n’y a que 20 % des parcs, 30 % des hôtels qui sont autorisés aux chiens et au niveau des bars et des restaurants, c’est une totale discrimination. Toutes ces informations-là vont se retrouver de manière diffuse sur des blogs, des réseaux sociaux, des sites web… » Et ils sont de plus en plus nombreux à la recherche de ces informations. « La manière de penser la place du chien évolue et les gens veulent les emmener de plus en plus partout avec eux. C’est en Auvergne-Rhône-Alpes que nos utilisateurs sont les plus nombreux, ils sont 15 000 », précise Jennifer Boulaud.

Face à ce phénomène grandissant, les propriétaires de chiens pourraient s’inquiéter que leurs compagnons soient moins acceptés. Jennifer Boulaud remarque qu’au contraire, davantage d’élus en charge de la condition animale intègrent les mairies. Si la situation est assez disparate sur l’ensemble du pays, de nouveaux lieux deviennent accessibles à nos amis à quatre pattes. Que ce soit dans les forêts ou dans les massifs, l’heure est avant tout à la sensibilisation et à un changement des mentalités. Pour que tous cohabitent mieux.

Article issu du Dauphiné Libéré

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