Chamrousse a été la dernière à fermer, le 14 avril, avec des températures quasi estivales. Quand la station des Sept Laux, elle, a dû écourter sa saison. Trois jours avant la date officielle, le 1er avril, une tempête causait pas mal de désordres sur ses remontées mécaniques et bloquait les accès à la station. Bilan, le domaine préférait en rester là. La fin de l’hiver au Collet d’Allevard s’est faite bien avant les autres, le 24 mars.
Sur l’autre versant, en Chartreuse, l’hiver a été très problématique. Saint-Hilaire, malgré les efforts des bénévoles du collectif AG’Hil, n’a pu ouvrir. Et le Col de Marcieu a réussi à résister des vacances de Noël jusqu’au 9 mars avec 63 jours d’ouverture.
Belledonne, comme partout dans les Alpes, a vécu une saison chaotique concentrée sur les jours de beau temps. Les stations ont composé avec une alternance de chutes de neige abondantes (4,57 m au-delà de 2000 m) et de pluies du Sud lessivant les bas de domaines, avec des périodes de redoux puis de regel.
Il s’agit du record historique enregistré le 29 février 2024 par la station de Chamrousse en journée-skieurs, l’équivalent du nombre de forfait vendus ce jour-là. Ce n’est pas le seul chiffre à donner le tournis, le nombre de passages sur les remontées mécaniques a atteint cet hiver 2023/2024 les 5 millions (contre 4,1 millions la saison dernière).
À Chamrousse, « ça reste une bonne saison »
Enfin, les perturbations ont particulièrement impacté la zone A, les Rhônalpins, donc la clientèle de proximité du massif de Belledonne. « Mais ça reste une bonne saison », résume Frédéric Géromin, le directeur de la Régie des remontées mécaniques de Chamrousse.
Difficile de faire la fine bouche avec 20 % de chiffre d’affaires en plus et des chiffres canons côté fréquentation. + 12 % par rapport à la saison dernière qui avait été marquée par une sécheresse inédite, peu de précipitations et un calendrier scolaire bancal. Un 12 % à nuancer avec l’excellent hiver 2021/22. Là on est plutôt à – 4 %. Aux Sept Laux, la fréquentation est en légère hausse, 2 %. Au Collet d’Allevard, par contre on surfe sur + 10 % (avec 104 jours d’ouverture et le retour du ski nocturne). Rien à voir avec l’hiver morose de 2022/23.
« Une météo très agitée, nous mettant souvent sur fil »
« C’est une saison riche d’enseignements », philosophe Jean-François Genevray, le directeur de la société d’exploitation montagne et loisirs du Grésivaudan, qui gère les trois stations communautaires (Sept Laux, Collet et Marcieu). « On a subi une météo très agitée, nous mettant souvent sur fil. Mais on n’a pas fermé, on a résisté, et on a maintenu l’emploi et l’activité ».
Certes les hivers sont de plus en plus difficiles et exigent de l’adaptation. Et la neige de culture a permis (encore) d’assurer les retours station. Même si à Chamrousse on est fier d’en avoir moins produit, 127 000 m³ (contre 167 000 m³ en 2022/23). Il y a « encore un vrai engouement pour le ski, que ça plaise ou non », s’accordent les deux directeurs. Et pour la transition vers une offre touristique plus durable.
Aux Sept Laux, la sécurisation du domaine skiable est la priorité de l’hiver prochain. 1,7 M€ TTC va être investi par le Grésivaudan et la SEMLG pour purger les pentes via un système à distance de déclenchement d’avalanches. Ce n’est pas nouveau. En 2020, neuf gazex et un O’BellX étaient installés au sommet des télésièges du Chamois et des Oursières. La station continue de renforcer son Plan d’intervention de déclenchements des avalanches (Pida) sur le secteur du Gypaète pour une ouverture du domaine plus tôt le matin.
Au col de Marcieu, on change un tapis débutant (400 000 € HT).
À Chamrousse, la Régie va reprendre la gestion du restaurant d’altitude Le Malamute (1 M€ de travaux). Et la luge sur rail devrait être opérationnelle pour la saison 2024/2025.
Le “quatre saisons” à Chamrousse commence à payer. La diversification de ses équipements et leur adaptation à ce modèle rendent le domaine plus attractif. Le panoramic park de la Croix avec ses belvédères, la tyrolienne, la passerelle himalayenne ont connu une belle affluence et permis « une fin de saison en pente douce ».
Article issu du Dauphiné Libéré
