3 h 25. C’est le temps qu’a mis Guillaume Koudlansky de Lustrac, 30 ans, pour parcourir le 23 avril 2023, le marathon de la Drôme… à l’envers ! Il devient ainsi champion du monde de cette discipline, pour le moins, insolite. À l’époque, c’est un défi entre amis qui le pousse à parcourir 42,195 kilomètres de dos.
Les 100 jours !
Aujourd’hui, il regarde vers l’avant et même l’avenir, avec son nouvel objectif : se rendre du 15 avril au 15 juillet dans toutes les stations de ski de France pour questionner les acteurs locaux sur ce qu’ils mettent en place afin de faire face aux changements climatiques notamment. « Il y a environ 300 stations, je n’ai pas le chiffre exact », explique Guillaume, mais il prévoit de partir des Vosges, se rendre dans le Jura, puis le Massif central, les Pyrénées, traverser les Alpes (du Sud jusqu’au Nord), et finir par une arrivée à Thonon, le 15 juillet. Il anticipe son passage à Lans-en-Vercors, (sa maison) au 14 juin et le lendemain à Grenoble. Il partira équipé pour dormir en bivouac.
Il ne s’agit pas seulement de réaliser une prouesse sportive, puisque « l’objectif c’est de profiter d’être sur place pour échanger avec les spécialistes des stations et des montagnes comme les mairies et directions des exploitations mais aussi les agriculteurs ou spécialistes de l’eau, du tourisme… pour explorer les pistes que les territoires mettent en place pour faire face au dérèglement climatique » indique-t-il.
Plusieurs rendez-vous sont déjà pris. Au terme de son périple, il souhaite diffuser un podcast qui portera le nom de « Nouvelles pistes » ainsi qu’une vidéo synthétisant les enseignements.
« Je participais moi-même à détruire mon rêve de gosse »
Né à Poissy dans les Yvelines, il a passé son enfance dans divers pays étrangers. Revenu en France pour intégrer l’école de commerce de Toulouse, il travaille depuis 5 ans, en indépendant, dans le conseil en transition écologique. Avec son épouse Constance, ils sont installés à Lans-en-Vercors, ville natale de son père. Son engagement écologique ne lui vient pas vraiment de son environnement familial.
« C’était il y a environ 8 ans, je me suis rendu compte que j’étais un peu responsable de la déforestation, en mangeant de la viande. Quand plus jeune j’habitais au Brésil, j’avais participé à une campagne pour sauver une espèce de perroquet et je me suis dit qu’il y avait une grosse dissonance puisque je participais moi-même à détruire mon rêve de gosse. »
Changement de mode de vie
Il a donc d’abord arrêté la viande, puis, a poussé l’engagement qu’il partage avec Constance « maintenant on est végans, ça fait plus de 5 ans qu’on n’a pas pris l’avion, on calcule notre empreinte carbone chaque année… » énumère-t-il. Le sport a toujours eu pour lui une certaine importance, « petit à petit, je me suis mis à de l’ultra endurance » renseigne-t-il.
Le couple partage ses exploits via le compte Instagram kokogichallenges : tracer les cercles olympiques sur Strava en roulant à vélo, traverser la France par un triple Iron Man… Concrètement, ce que recherche Guillaume en poussant son corps et son mental à l’extrême, c’est le frisson et assouvir un besoin de découverte.
Des défis pour faire passer des messages
« Dans ces moments-là, tu te sens pleinement en vie. Tu as des énormes hauts et des énormes bas. J’ai jamais pris de drogue, mais apparemment on peut ressentir un peu les mêmes trucs : planer complet parce que tu te sens intouchable, ou, a contrario, avoir des moments de « bad » énormes où tu te demandes ce que tu fais là. En plus tu découvres un paquet de paysages, c’est trop fou. »
S’il tente souvent l’impossible, il réalise malgré tout d’excellentes performances sportives. « Je me dis que c’est cool de faire des défis, mais j’ai envie d’en profiter pour faire passer des messages. J’utilise le sport pour toucher un public qui, de base, n’est pas forcément déjà convaincu et qu’il faut aller chercher dans cette transition. »
Article issu du Dauphiné Libéré
