Il n’y a pas eu de miracle. Ce mercredi le tribunal de commerce de Perpignan a prononcé la liquidation judiciaire de la société Puigmal 2900. Il n’y aura donc pas de troisième hiver d’activité pour la station qu’un groupe de six amis avait réveillée fin 2021, sous la forme d’une délégation de service public, alors qu’elle avait fermé durant 8 ans, la faute à trois hivers sans neige et à son surendettement.
Une logique de diversification de l’offre
Le mathématicien moniteur Éric Matzner-Lober et cinq copains entrepreneurs n’avaient certes pas réactivé la totalité des 13 remontées mécaniques et la trentaine de pistes mais quatre appareils dans une logique de diversification et une optique freeride, ouvrant un vaste secteur hors-piste. Des « socios » partenaires actionnaires avaient également mis au pot pour au total près d1,2 millions d’investissements dans ce site incluant restaurant et magasin de location. Un projet dont nous parlions l’an dernier, avant un nouvel hiver compliqué pour Puigmal.
« On a fait tout ce qu’on pouvait »
Culminant à près de 2 700 m d’altitude, Puigmal à la frontière espagnole, en Cerdagne, sur la commune d’Err, était la plus haute station des Pyrénées catalanes. Dans la chaîne pyrénéenne seul le pic du Midi au-dessus de Barèges-La Mongie se hisse plus haut. Pas de repreneur… « On a fait tout ce qu’on pouvait. Ce fut trois ans de travail déments », se désole Éric Matzner-Lober, oscillant entre colère et tristesse.
Tristesse en effet, car d’autres exploitants de remontées mécaniques du massif ont été sollicités mais n’ont pas donné suite : la SPL Trio qui exploite trois autres stations (Porté Puymorens, Formiguères, Cambre d’Aze) ou la Compagnie des Pyrénées, qui détient des parts dans le domaine Grand Tourmalet. Colère, par ce que le passionné déplore le manque d’implication dans son projet des collectivités et des élus, « quand je vois les subventions pour des équipements somptueux dans d’autres stations voisines ».
Les repreneurs ont joué de malchance
Les repreneurs ont joué aussi de malchance, avec l’ouverture retardée de la réouverture fin 2021 en raison d’une panne sur le principal télésiège, après la grande inspection. « On a loupé les vacances de Noël, les gens ne savaient pas si on était ouvert ». Et pour le deuxième hiver, 2022/23, le manque de neige a été pénalisant. « Financièrement on n’arrivait pas à suivre. C’est sûr que l’on a dû faire aussi des erreurs, peut-être que ce projet de territoire est venu trop » déplore Éric Matzner-Lober.
Peu d’hébergements sur le secteur
Ce dernier le savait, l’un des points faibles de la destination, excentrée, c’était le peu d’hébergement dans le secteur. « Et le seul centre de vacances a fermé l’hiver dernier ». Dommage, car la route qui mène à 1 800 m d’altitude sur le front de neige, au bout de nulle part désormais, elle, est flambant neuve… La commune d’Err sera-t-elle en mesure de trouver un nouvel avenir à sa station ? Cet hiver, en tout cas, comme celle de Ventron (Vosges), elle restera fermée.
Article issu du Dauphine Libéré