Le ballet des pelleteuses a commencé. Les ouvriers sont déjà mobilisés. Branle-bas de combat dans le col du Lautaret. La bataille contre le temps et contre les éléments devrait durer deux ans pour démolir puis reconstruire le pare-avalanches de la Marionnaise à Monêtier-les-Bains. Au printemps 2026, ce tronçon de la RD1091 balayé chaque hiver par le vent, la neige, le brouillard, les congères sera rallongé de 110 mètres, élargi de 2 mètres et complètement fermé. L’ouvrage d’art (qui datait de 1964) perdra alors son statut de galerie semi-ouverte pour devenir un véritable tunnel, totalement couvert.
Aucun percement de la montagne n’est toutefois prévu. Les travaux reprendront le tracé originel et actuel. Pour faire du neuf sur de l’ancien. Le conseil départemental des Hautes-Alpes a débloqué une enveloppe de 27 millions d’euros pour boucler l’opération dans sa totalité. Dont 21,3 millions d’euros à disposition du groupement d’entreprises chargé de la conception et de la réalisation du tunnel. Pour le moment, les aides de l’État et de la Région ne se montent qu’à 5 millions d’euros. Un autre chantier va donc s’ouvrir, plus politique celui-là : la pêche aux subventions !
La sécurité, une priorité
Définie par les experts comme « chantier prioritaire » sur l’axe routier Briançon-Grenoble après la catastrophe du Chambon en 2015, la reconstruction de la Marionnaise obéit donc à une impérieuse nécessité : améliorer la sécurité des usagers en les protégeant contre les risques naturels. Dans cette optique, la falaise en amont du tunnel va être purgée de ses matériaux friables pour s’éviter tout risque de glissement de terrain. Mais les travaux poursuivent d’autres objectifs : faciliter les chantiers de déneigement l’hiver, limiter les mesures de surveillance de l’ouvrage, améliorer la sécurité des cyclistes grâce à une bande de circulation dédiée aux vélos, intégrer l’ouvrage dans le paysage avec un toit végétalisé. « C’était une priorité. Il fallait engager des travaux en urgence » a toujours soutenu Marcel Cannat, le vice-président du conseil départemental des Hautes-Alpes en charge des Routes.
Ne pas pénaliser l’économie
Mais pour s’éviter de mauvaises surprises et un retour de bâton eu égard à l’importance touristique de la RD1091, il a posé ses conditions : arrêt des travaux pendant la saison d’hiver, micro-coupures de circulation de 15 minutes maximum et uniquement la nuit, mise en pause du chantier pendant les jours de Tour de France, pas de dépassement du calendrier pour la livraison du chantier, pas de dépassement des coûts pour éviter les dérapages financiers. Un deal accepté par le groupement d’entreprises qui donne des idées à Jean-Marie Bernard, le président du Département : « si le chantier est exemplaire comme nous l’espérons et si nous avons le soutien de la Région et de l’État, alors nous pourrons envisager jusqu’à 80 millions d’euros de travaux dans les années à venir sur cet axe stratégique ». Car après la Marionnaise, il faudra effectivement que les pouvoirs publics se penchent sur la sécurité dans le tunnel des Ardoisières, le tunnel du Grand Clôt, le tunnel du Serre du Coin, sur l’autre versant du Lautaret.
1964 : année de construction de la galerie de la Marionnaise, rallongée en 1976.
380 : en mètres, la longueur actuelle de la galerie.
490 : en mètres, la longueur de la galerie après travaux.
600 : en mètres, la longueur de l’alternat de circulation qui sera utilisé le temps des travaux.
2 : en mètres l’élargissement futur de la chaussée pour permettre le passage des vélos.
30 : en centimètres, la couche de terre végétale qui sera étalée sur le toit de la galerie pour faire pousser de la pelouse alpine.
21,3 : en millions d’euros, le coût estimé du chantier de conception-réalisation de la nouvelle galerie.
27 : en millions d’euros, le coût total de l’opération comprenant la conception-réalisation mais aussi les travaux préparatoires et annexes.
14 500 : le nombre d’heures de travail en insertion que le conseil départemental a imposé dans les clauses sociales du marché.
« C’est le premier chantier estampillé JO 2030 »
Lundi 15 avril en milieu de matinée, les élus locaux et les entreprises en charge du chantier ont détaillé le programme des travaux. Avec l’objectif d’en faire « un chantier exemplaire ».
Jean-Marie Bernard, président du conseil départemental des Hautes-Alpes : « C’est le premier chantier estampillé JO 2030. On est déjà tourné vers cet objectif. La reconstruction de la galerie de la Marionnaise, c’est une accélération de la sécurisation du réseau routier prise en charge par le Département. Et nous avons la volonté d’en faire un chantier exemplaire, sans dépassement des délais de livraison ni dépassement de l’enveloppe financière. Et ce n’est que le début d’un grand programme de travaux autour de Briançon afin d’améliorer la desserte routière et de désenclaver le nord du département avant ces Jeux Olympiques. Si on a le soutien de la Région et de l’État, on peut envisager 50 à 80 millions d’euros de travaux sur cet axe stratégique ».
Arnaud Murgia, conseil départemental Briançon-1 et président de la communauté de communes du Briançonnais : « Je suis heureux du démarrage de ce chantier car après les déboires du Chambon en 2015, l’étude de vulnérabilité de la RD1091 avait de quoi effrayer. Mais la force publique prouve qu’elle est capable de surmonter ces défis. Par ailleurs, ces travaux se font en cohérence avec l’aménagement du Lautaret qui est l’une des plus belles portes d’entrée des Hautes-Alpes ».
Article issu du Dauphiné libéré
