Le damage électrique démarre sa grande odyssée dans les stations de ski

« C’est vrai que beaucoup se disent que l’électricité et la neige, ce n’est pas compatible », admet dans un petit rire Olivier Usseglio, en contemplant les flocons tomber sur l’engin de couleur bleu, à quelques mètres de lui. Pas compatible et pourtant… L’Alpine B400 est bien là, au pied des pistes de Tignes Val Claret. Le premier prototype de dameuse électrique, dédié aux pistes de ski alpin.

À l’origine de cette idée, l’entreprise iséroise pour laquelle travaille le mécanicien Olivier Usseglio, CM Dupon. Basé à Pontcharra, ce fabricant de dameuses, le seul en France, s’est lancé le défi de réaliser en cinq ans un modèle 100 % électrique. Parmi les intéressés, la Compagnie des Alpes (CDA), heureuse propriétaire de dix domaines skiables et partenaire financière du projet. L’idée, pour ce mastodonte des sports d’hiver, serait, à terme, de transitionner d’un modèle de dameuse thermique à l’électrique, afin de rendre les stations plus propres.

Les dameuses électriques, première étape forte pour réduire l’impact sur l’environnement

Dans l’idée de verdir ses stations, la CDA a lancé en 2021 son initiative “Net Zéro Carbone” pour l’horizon 2030. « Dans l’activité du domaine skiable, ce qui pollue le plus ce sont le transport et le chauffage des hébergements, souligne David Ponson, directeur de la division des domaines skiables et activité outdoor à la CDA. Les émissions du domaine skiable dans l’environnement des stations, elles, ne représentent que 5 à 8 %. Mais dans ce pourcentage, le damage en est responsable à 80 %, c’était donc notre premier effort à fournir », décrypte le directeur.

La première phase était de remplacer le gazole utilisé par l’ensemble du parc de leurs stations par des huiles végétales hydrotraitées produites à partir de déchets (HVO ), pour réduire le CO2. L’utilisation de l’électrique est la deuxième étape du processus.

Déjà testée à La Plagne en 2021, puis sur le glacier de la Grande-Motte en été, cette deuxième version de l’Alpine B400 est revenue à Tignes cet hiver pour subir une autre batterie de tests. Car si l’électrique n’est pas une première sur les pistes, un modèle est utilisé à Val Cenis, cela se faisait pour les pistes de ski de fond et de luges.

Kevin Civilise (Torq  Electric Motion), Alexandre Morilleau (AP2EM), Damien Cassan (CM Dupon), Olivier Usseglio (CM Dupon), Michel De Chabannes (FAAR proenergy) Photo Le DL /Camille Gagne Chabrol
Kevin Civilise (Torq Electric Motion), Alexandre Morilleau (AP2EM), Damien Cassan (CM Dupon), Olivier Usseglio (CM Dupon), Michel De Chabannes (FAAR proenergy) Photo Le DL /Camille Gagne Chabrol

Adieu le CO2

Avec aucun carburant, et cinq à six fois moins d’huiles embarquées, autre cause de pollution sur les pistes, la promesse de l’Alpine B400 est simple : atteindre « le zéro rejet de CO2 », comme se réjouit David Ponson de la CDA. « On parle de zéro rejet pour la machine uniquement, pas de toute la chaîne de production », temporise tout de même Damien Cassan, le chargé de projet pour CM Dupon. « Certains composants doivent en effet être importés, il y a donc un impact de CO2 dû à leur localité et transport. »

Autre question : l’Alpine B400 est-elle aussi efficace que sa consœur thermique ? Les entrepreneurs n’en doutent pas une seconde. Avec 400 kWh, « l’équivalent de dix batteries de voiture », l’autonomie de la machine varie entre 4 h 30 et 6 h. Le damage, lui, en dure sept ; « mais elle est équipée d’une recharge rapide, en une heure le SoC de la batterie peut passer de 20 à 80 % », détaille Damien Cassan. Jusqu’ici, seules les pentes des pistes rouges et noires lui sont impraticables, « mais nous y travaillons », promet l’homme.

Un lourd investissement

Difficile pour le moment d’estimer le coût de ce petit bijou. « Ce sera sûrement entre 500 000 à 600 000 euros par machine, plus les bornes de recharge », note Damien Cassan, soit « environ 100 000 euros de plus que ne coûte actuellement une dameuse thermique ». Un investissement important, mais, qui selon l’entreprise iséroise, aurait des répercussions sur le long terme. « Une dameuse thermique représente environ 50 000 euros de budget en gazole par an ; avec l’électrique, le coût serait dans les 15 000 euros », prévoit ce chargé de projet.

Et l’hydrogène ? Les projets sont dans les bacs. Mais, contrairement à l’électricité, « il n’y en a pas dans les stations » donc ce n’est pas encore la priorité. Et puis, équiper toutes les stations avec un modèle comme l’Alpine B400 prendra plusieurs années, souligne David Ponson. En tout cas si tout roule, pour la saison prochaine, sept Alpine B400 devraient déjà damer les pistes savoyardes.

Article issu du Dauphiné Libéré

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