Benjamin Védrines a des questionnements. Ce surdoué de la montagne a déjà battu de nombreux records de vitesse dans les Alpes mais il va prochainement s’attaquer à un monstre, un sommet que lui-même n’a jamais vaincu : le K2. L’idée est d’arriver en haut en une seule journée, sans traceur, sans porteur, sans oxygène supplémentaire, c’est à dire à l’aide de ses poumons uniquement.
Un challenge hors-normes pour l’homme de 31 ans : « Actuellement, je suis attiré par la haute altitude, par l’hypoxie, parce que ça génère des problématiques qui m’intriguent énormément, qui m’amènent à des questionnements. […] C’est sur cette montagne que je peux atteindre 8600 m et pas sur une autre. Je n’ai pas envie de le faire dans un laboratoire parce qu’il n’y a pas les facteurs environnementaux et parce que c’est moins romantique » raconte t-il à l’occasion du festival Aventure et Découverte à Val d’Isère (15-18 avril), où il était membre du jury.
Interview de Benjamin Védrines, membre du Jury du festival Aventure & Découverte de Val d’Isère sur sa prochaine tentative de l’ascension du K2 – soit la deuxième plus haute montagne du monde – en seulement une journée, sans s’arrêter aux camps de base et sans aide oxygène. pic.twitter.com/ePjJaRNbNy
— Val d'Isère (@valdisere) April 18, 2024
« Mes chances d’arriver au sommet de cette grosse montagne sont infimes »
C’est justement sur le deuxième plus haut sommet du monde que Védrines a failli perdre la vie. L’alpiniste basé dans les Hautes-Alpes a souffert d’une importante hypoxie durant une ascension terrible, avec des conditions météo exécrables. Ce n’est pas pour autant que le natif de la Drôme va lâcher l’affaire. Son départ vers le Pakistan pour affronter une nouvelle fois le K2 se fera le 9 juin prochain. Le jour J est censé se dérouler au cours du mois de juillet, pour un retour en Europe d’ici début août. Ses entraînements se multiplient ces derniers mois pour être dans les meilleures conditions, afin de valider cet exploit, sur l’une des montagnes les plus difficiles d’accès au monde.
L’alpiniste chevronné évoquait avec lucidité dans le journal l’Humanité ses espoirs de succès : « Je sais que mes chances d’arriver au sommet de cette grosse montagne sont infimes. Mais faire le sommet n’est pas une fin en soi. Si j’y vais, c’est pour réaliser une ascension, ou une performance, en alignement avec mes valeurs et ma passion pour la montagne. »
Le Broad Peak « au sprint »
Benjamin Védrines n’en est pas à son coup d’essai dans l’Himalaya. Il y a trois ans, avec Charles Dubouloz, il ouvre une voie nouvelle au Chamlang, sommet népalais (7 319 m). Les deux hommes ont sorti un film documentaire de leur expédition. En 2022, il bat le record de la montée d’un autre célèbre 8 000 de la région, le Broad Peak. En 7h28, l’ancienne marque est donc réduite de moitié. Jusque-là, seul le Polonais Krysztof Wielicki avait le record en… 15h40. Une prouesse déjà réalisée seul et sans assistance respiratoire. Le K2 est donc sa prochaine destination, avec l’envie de réussir, bien que les chances soient réduites.
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