Des pluies abondantes, un lac qui se remplit chaque jour de 60 centimètres, un stock de neige qui va fondre et des réservations* globalement en hausse (5 %) par rapport à l’an dernier. La semaine du passage du Tour de France , mi-juillet, avec un départ d’Embrun est quasiment remplie, tout comme la première semaine du mois d’août. Une incertitude persiste sur la fin juillet.
« La dynamique des réservations a repris après 15 jours d’arrêt. La saison est bien partie. Reste à faire vivre la destination en communiquant », résume Alexis Aubespin, directeur de l’office de tourisme de Serre-Ponçon. Et l’enjeu est de taille car la destination pèse 246 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est 20 % de la fréquentation touristique annuelle des Hautes-Alpes. Se faire connaître, c’est justement l’objectif du “Before de Serre-Ponçon” organisé par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hautes-Alpes. Ce rendez-vous annuel permet aux socioprofessionnels du tourisme de se rencontrer mais aussi de prendre note des nouveautés pour la saison estivale 2024.
Du nouveau pour rester dynamique
« Nous travaillons avec une clientèle fidèle, elle doit avoir envie de revenir. Il faut apporter des sensations nouvelles et proposer des matériels plus récents, en l’occurrence des planches de surf pour cet été », explique Matthieu Fructus, 35 ans, moniteur chez “Nautic B”, une école spécialisée dans le sport tracté. Le lac de Serre-Ponçon compte une centaine de prestataires contre une quarantaine en 2008.
Chaque année, une dizaine de professionnels cherchent encore à s’installer autour du lac. Trois à quatre sont retenus seulement. C’est le cas de la “Petite Mer” : Océane Imbert, 33 ans, et son compagnon ont développé des paddles, pédalos et kayaks insolites en forme de licorne, de cygne ou de voiture. « Il y avait un emplacement de libre à Savin’plage. Il ne fallait pas passer à côté de cette niche car nous voulons développer des structures électriques », sourit Océane, originaire du Guillestrois.
Continuer à grandir, mais raisonnablement
Sur les 92 kilomètres de berges du lac, 10 km sont déjà aménagés (plages, ports ou activités nautiques), et 4 km peuvent encore l’être. « Ce n’est pas notre objectif de développer davantage », pointe Christophe Piana, 52 ans, directeur du Syndicat mixte d’aménagement du lac de Serre-Ponçon (Smadesep). « Limiter les installations permet aux décideurs politiques d’avoir un levier pour piloter l’offre en fonction d’un cahier des charges. Nous cherchons à améliorer l’existant en tenant compte des incertitudes face au changement climatique, poursuit Christophe Piana. C’est-à-dire adapter, quand cela est possible, les aménagements publics jusqu’à 15 mètres de baisse de la cote du lac, comme à l’été 2022 marqué par la sécheresse ».
Autrement dit, faire en sorte « d’étendre la saison et que les touristes ou les habitants du département puissent faire du bateau pendant huit mois de l’année », quand les conditions météorologiques le permettent, conclut Christophe Piana. Aménager quel que soit le niveau d’eau présente un sacré coût : 20 millions d’euros sur cinq ans pour une quarantaine de projets. Dans le cadre de ce “plan résilience”, des cales de mise à l’eau ont, par exemple, été réalisées cette année. Ces investissements publics apparaissent « nécessaires » car les professionnels seraient difficilement capables de les financer. C’est aussi quelque part rassurer les touristes si le niveau d’eau du lac (766 au 30 mai) n’atteint pas toujours sa côte touristique de 775 mètres.
Le lac est fin prêt
La saison vient de débuter pour Sébastien Coll, 38 ans, l’un des gérants de “Natu’Roll”, une école spécialisée depuis 2008 dans le sport nautique tracté. « Les réservations arrivent. La saison va être bonne, il y a de l’eau. Ce qui est important, c’est de le faire savoir. La prestation sera la même que le lac soit bas ou haut. C’est au professionnel d’adapter son ponton et l’accès », assure le professionnel.
* Selon les chiffres (mi-mai) de l’office de tourisme de Serre-Ponçon, le taux de réservation a progressé de 10 % pour le mois de juin, de 0,5 % pour le mois de juillet et de 3 % pour le mois d’août, par rapport à l’an dernier.
Article issu du Dauphiné Libéré