Au crépuscule d’un hiver compliqué pour les sites de moyenne montagne, l’information constituerait-elle une bouffée d’air salutaire pour les petites stations du Chablais ? Sans aller jusque-là, l’intégration prochaine des stations de Thollon-les-Mémises, Les Habères et Hirmentaz dans le Magic pass est sans doute l’une des meilleures nouvelles de cette fin de saison. Méconnue en France, l’initiative a, en moins d’une décennie, prouvé son intérêt pour les destinations qui y ont adhéré de l’autre côté du Léman.
Permettre un accès à plusieurs domaines à travers une seule formule annuelle
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Tel est sans doute le credo autour duquel se sont rassemblés plusieurs directeurs de remontées mécaniques des cantons du Valais, de Vaud et de Fribourg dans les années 2010. Partis du constat d’un changement d’habitude des consommateurs, moins exclusifs sur leurs destinations de glisse, et d’un intérêt à mutualiser des produits relativement similaires de part et d’autre des massifs, ces derniers ont lancé un projet ambitieux. Permettre un accès à plusieurs domaines à travers une seule formule annuelle.
À son lancement en 2017, 25 stations de Suisse romande de taille hétéroclite (Anzerne, Les Diablerets, Crans Montana, Leysin…) avaient adhéré au Magic pass. 1 000 kilomètres de ski en accès illimité pour un tarif unique : 359 francs suisses (CHF). Sept ans plus tard, le tarif n’a pas beaucoup évolué (399 CHF, 419 €). Mais l’offre, elle, s’est largement développée.
Pour sa huitième édition, valable du 1er mai 2024 au 30 avril 2025, le Magic pass 2024/2025 va s’ouvrir à 80 stations de ski et 37 destinations estivales, et amorce un virage en s’exportant de manière affirmée en dehors des frontières helvètes. Deux petites stations des Dolomites, San Domenico et Devero, lui donneront un accent italien. Tandis que cinq stations françaises y font leur apparition. Deux dans le massif du Jura (Col de la Faucille, Jura sur Léman) et trois dans le Chablais (Thollon-les-Mémises, Hirmentaz et Les Habères).
L’adhésion au Magic pass, estampillé produit “quatre saisons”, est valable du 1er mai au 30 avril et offre un accès privilégié aux activités estivales des sites partenaires (VTT, randonnée…), avant de s’étendre sur la partie hivernale. Disponible au tarif préférentiel (jusqu’au 9 avril) de 419 € (279 € pour les moins de 16 ans), le Magic pass s’accompagne de plusieurs options - payantes - à l’image d’un accès annuel à une quinzaine de stations thermales franco-suisses.
La carte offre aussi des réductions pour les billets de train CFF à destination des stations partenaires et dans des magasins de sport. Via l’application éponyme, chaque détenteur du Magic pass a également accès à un programme de fidélité, intitulé “Be magic”, lui permettant de cumuler des points “Magic” après chaque journée de ski ou achat chez un commerçant partenaire. À partir de 500 points, ces derniers se verront reverser de l’argent en échange.
« Offrir à la clientèle genevoise un ski de proximité vers les stations françaises »
Un déploiement sur le territoire français qui découle d’un double objectif. Primo : proposer un produit à l’échelle du bassin lémanique. « En 2022, on a accueilli un premier site français avec Métabief. Cette année, la réflexion s’est portée sur l’envie d’offrir à la clientèle genevoise un ski de proximité vers les stations françaises », confie Lola Guignard, directrice du Magic pass. Secundo : affirmer le positionnement “quatre saisons” d’un abonnement valable du 1er mai au 30 avril de l’année suivante. « Malgré les deux millions de journées skieurs générées par la formule, la progression sur l’été est beaucoup plus importante que sur l’hiver. »
En cela, les atouts des Habères, avec son offre VTT, et de Thollon, balcon sur le Léman, ont pesé dans la balance. « Les 7 200 Magic pass vendus à Genève représentent un vrai potentiel », confie le maire d’Habère-Poche, Vincent Letondal. « La saison catastrophique que l’on connaît démontre l’intérêt de s’associer avec d’autres sites. Tout en conservant nos propres offres, cela va nous donner de la visibilité auprès de clients qui n’auraient pas le réflexe de venir chez nous. » Même constat à Thollon. « Le conseil municipal a été unanime. C’est un produit complémentaire sur lequel on pourra s’appuyer pour notre stratégie de communication », se félicite le maire, Régis Bened.
Un partenariat gagnant-gagnant motivé par les (très) bons chiffres du Magic pass. Entre 2017 et 2024, le nombre de cartes vendues est passé de 80 353 à 180 037 (+ 124 %), tandis que son chiffre d’affaires a bondi de 27,5 à près de 70 millions CHF. Dans le détail, en 2023, les deux tiers des cartes ont été vendues dans les cantons de Vaud, du Valais et de Fribourg, contre seulement 2 600 en France.
Preuve qu’un déploiement dans l’Hexagone pourrait compter dans l’objectif des 200 000 forfaits vendus pour la saison 2024-2025. En attendant une extension à d’autres sites français ? « Le développement va se poursuivre, mais il est trop tôt pour en dire plus », glisse Lola Guignard.
Article issu du Dauphiné Libéré
