Nous allons vivre ce vendredi la journée la plus printanière de cette semaine, dernière de l’hiver quelques jours avant le passage à l’équinoxe de printemps lundi 20 mars. Mais ne croyez pas que l’hiver est terminé !
Durant cette période printanière qui s’étale de mars à mai, sur l’Europe de l’Ouest et plus particulièrement les Pyrénées et la chaîne des Alpes, on observe le redressement de l’axe de la Terre qui provoque une arrivée des rayons du soleil plus directe et donc contribue en partie à l’élévation de la température. Un événement climatique particulièrement récurent aux premiers signes du printemps !
L’Europe de l’Ouest, qui bénéficie d’un climat tempéré, connait un temps variable qui se manifeste tout au long de l’année. Le printemps sur les Alpes n’est pas forcément la période la plus ensoleillée, ni la plus agréable. Les caprices du temps perturbent en effet l’idée qu’il doit faire beau et de plus en plus chaud. Parfois, un coup de froid peut même balayer les Alpes en apportant un refroidissement conséquent avec de la neige à basse altitude. « Fichtre », comme aurait dit Madame de Sévigné, « il n’y a plus de saisons» ! C’était en 1675… voilà notre rebuse printanière.
Cette expression utilisée en Suisse romande désigne un brusque changement de temps au printemps. C’est une formule originaire du Sud de la France dans la période du Moyen-Age qui est remontée jusqu’en Suisse romande. Les rebuses sévissent au printemps jusqu’à la mi-juin en apportant de la neige jusqu’en moyenne montagne et parfois en grande quantité.
Dès que le temps froid s’est éloigné des Alpes, la nuit claire entraînera des fortes gelées jusqu’en plaine pouvant provoquer de grands dégâts sur les arbres fruitiers et la vigne. Hélas, toutes les vignes ne sont pas des variétés suffisamment résistantes au gel tardif comme celles au-dessus de Martigny en Suisse…
Des phénomènes prévisibles quelques jours à l’avance
D’où viennent ces brusques changements de temps ? Ils ont pour origine une descente d’air froid en provenance du pôle nord, ou du moins des régions arctiques. Il est possible de prévoir ces rebuses quelques jours à l’avance. Les calculateurs de la météo simulent l’arrivée de ces grands fronts, mais la difficulté reste grande pour bien anticiper la baisse de température en fin de nuit. Ces rebuses printanières sont connues depuis longtemps, parfois repérées sur les vieux almanachs comme les saints de glace. Les rebuses coïncident avec le premier chant du coucou ou la floraison du prunellier rose ou de l’aubépine blanche.
>> Météo : retour de la neige en moyenne montagne en début de semaine
Après le passage d’une rebuse ou plus simplement d’un gros front froid, les conditions vont se rétablir peu à peu. La hausse progressive des températures va faire fondre la neige rapidement dans les versants sud, les adrets, alors que dans les versants nord, l’ubac, la couche de neige va rester en grande épaisseur. Cette différence d’enneigement sera plus remarquable dans les vallées orientées ouest/est.
Une grande différence de luminosité entre la plaine et la montagne
Cette différence d’enneigement contribue aux développements des brises thermiques, le vent dans les vallées. Les rayons du soleil vont frapper les versants sud sans neige, les adrets. À partir de ce moment-là, l’air va se réchauffer plus rapidement dans le versant soleil. L’air chaud devenant plus léger va remonter le long de la pente en donnant naissance au vent que nous appelons la brise montante.
Alors, le vent va circuler dans la vallée tout au long de la journée en remontant le versant du soleil. La circulation du vent dans les vallées provoque l’ascendance de l’air le long des versants exposés au soleil mais provoque la formation des cumulus si l’air est plus humide. Les cumulus ainsi formés deviendront volumineux et donneront les premières averses et les premiers orages de la saison.
Dans cette situation, il y a une grande différence de luminosité entre la plaine et la montagne. En plaine, le temps restera beau alors qu’en montagne, il y aura les averses, la pluie. Pour conclure, il faudrait vivre en montagne l’automne et l’hiver pour être au-dessus des inversions de température et éviter le brouillard et l’été parce qu’il y fait moins chaud qu’en plaine. Au printemps en revanche, il faudrait vivre en plaine et sur l’avant pays afin de profiter du renouveau de la nature. Cette migration à petite échelle reste idéaliste en attendant la prochaine rebuse printanière pas trop méchante…