Mont Blanc : la voie normale vers le sommet et ses refuges ont ouvert

Depuis quelques semaines, dès que le ciel bleu réapparaît, les skieurs alpinistes imprègnent de leurs spatules les pentes du mont Blanc. Venus le plus souvent de la voie historique en passant la nuit au refuge des Grands Mulets, ces candidats au toit de l’Europe occidentale sont désormais rejoints par ceux empruntant la voie normale. Et pour cause, ces samedi 25 et dimanche 26 mai, les refuges de Tête Rousse et du Goûter ont ouvert tour à tour. Mais la remise en route de ces abris n’a, une fois de plus, pas été évidente pour ceux qui en ont la garde.

Beaucoup de neige, mais moins que l’an passé

La météo capricieuse de ces derniers jours ne leur a pas permis de rejoindre plusieurs jours auparavant leurs navires perchés. À Tête Rousse (3 167 m), la sortie d’hibernation du refuge a dû se faire en moins de 24 heures. Au Goûter, il a aussi fallu faire preuve de réactivité, même s’il y avait un peu moins d’or blanc à pelleter que l’an dernier. « À notre arrivée, il y avait un mètre de neige en moins que l’an dernier à la même période, explique Emma Bontaz, la gardienne du plus haut hébergement de France (3 863 m). C’est plutôt une bonne nouvelle pour accéder au fondoir et mettre en eau le refuge, mais ce sera peut-être moins bien pour la fin de saison ».

Dégager de la neige les différents accès de ce bâtiment “high-tech” aux airs de soucoupe volante reste néanmoins une épreuve physique pour son équipe pas encore acclimatée à l’altitude. Dans l’effort, les petites mains du Goûter se réconfortent en se disant qu’ils devront pour la dernière fois cet été composer avec ce fondoir dysfonctionnel, puisque sa conception, idéalisée en bureau d’études, s’est heurtée aux réalités de l’altitude, du froid et de la pression atmosphérique.

Des conditions qui font rêver en ce début de saison

Le déglaçage de l’appareil existant devrait d’ailleurs avoir lieu pendant la fin de période d’exploitation du refuge, avant que celui-ci ne ferme mi-septembre pour que puissent être menés les travaux de remplacement engagés par la Fédération française des clubs alpins de montagne (FFCAM) , quelque peu chahutée sur ce dossier par le maire de Saint-Gervais.

En faisant tout pour ouvrir fin mai, les refuges de la voie normale s’adaptent aux évolutions du climat qui rendent moins facilement praticable le chemin vers le toit des Alpes au plus fort de l’été. Mais pour l’heure, les conditions se révèlent optimales à en croire les premiers retours parvenus aux oreilles d’Emma Bontaz. « Des skieurs de pente raide visitent les couloirs du secteur. Et concernant le mont Blanc, la trace a été faite ce dimanche jusqu’au Dôme du Goûter. Les cordées passant par les Grands Mulets tracent ensuite régulièrement la suite de l’itinéraire jusqu’au sommet », explique celle qui, malgré des réservations presque complètes pour toute la saison , invite les prétendants au mont Blanc a passé un coup de fil à l’un ou l’autre des refuges afin de savoir si une place s’est libérée entre-temps.

« De chouettes créneaux sont à saisir en ce début de saison pour les plus motivés puisque le tramway du Mont-Blanc ne va pas reprendre du service tout de suite », prévient la jeune gardienne. Pour atteindre le point culminant des Alpes, il faudra d’ailleurs, cet été encore, marcher un peu plus qu’à l’accoutumée, puisque les travaux de prolongement de 300 mètres du chemin de fer le plus haut de France ne permettront pas au train de s’arrêter en bout de ligne.