On n’arrête plus leur cordée. Depuis le début de l’hiver, Tom Lafaille et Fay Manners enchaînent avec brio les descentes extrêmes dans le massif du Mont-Blanc. Le jeune aspirant guide de Vallorcine et l’alpiniste britannique installée à Chamonix ont trouvé en eux un binôme complémentaire partageant les mêmes envies d’exploration et de pentes raides.
Après avoir répété en janvier dernier des itinéraires exigeants comme la descente de la pointe de la Fouly (3 611 m), au fond du bassin d’Argentière, ces deux skieurs montagnards ont glissé sur la face sud-est de l’aiguille du Moine (3 412 m), 37 ans après le pionnier Jean-Marc Boivin.
Une méga ligne baptisée « Stratonsphérique »
Des sorties déjà loin d’être anodines, qui leur ont permis de s’élancer avec le plein de confiance, le 17 février dernier, vers l’aiguille d’Argentière, sommet où le libre héritier de Jean-Christophe Lafaille avait déjà ouvert une nouvelle ligne en compagnie d’Aurélien Lardy, au printemps 2022.
Mais cette fois, Tom Lafaille et sa nouvelle acolyte, sponsorisée par la même marque que lui et qui a déjà réalisé de nombreuses premières à travers le monde, prirent la direction de l’arête Charlet-Straton. Un classique de l’alpinisme estival, qu’ils parcoururent pour la première fois à ski.
« C’est un vrai itinéraire de ski alpinisme, avec des sections parfois raides, parfois moins, avec beaucoup de transitions, de descentes, de traversées et d’escalades », explique Tom Lafaille, heureux d’avoir pu descendre cette « méga ligne par sa longueur », qu’ils ont, presque logiquement, baptisée « Stratonsphérique ». Une réalisation de plus pour ce jeune virtuose des carres et du piolet, entré l’été dernier dans l’arène de l’himalayisme en accompagnant Anna Tybor dans la première descente féminine à ski du Broad Peak (8 051 m).
Leur saison de pente raide ne fait que commencer
Mais ces deux Chamois ne se sont pas pour autant arrêtés là. Le 14 mars dernier, ils se sont amusés à relier et dévaler trois couloirs voisins dans le sauvage bassin de Miage.
Partis de Courmayeur, ils s’infligèrent une longue marche d’approche en peaux de phoque avant de se relayer pour faire la trace à la montée. « On s’est encouragé à tour de rôle », promet le Vallorcin, encore impressionné par la solitude éprouvée lors de cette aventure d’un jour, au cours de laquelle ils ne virent aucune autre âme humaine.
Ensemble, ils ont ainsi pu promener leurs spatules dans le couloir Grassi, le Bonatti et le Domenech. Trois stries verticales offrant une vue superbe sur l’envers du mont Blanc et un enchaînement éreintant alliant encore technicité et engagement. Et même si le printemps arrivant risque de pousser certains fans de glisse à ranger les skis, les deux montagnards assurent, de leur côté, que leur saison de pente raide ne fait que commencer.
Article issu du Dauphiné Libéré
