Ceux qui ont l’habitude de pédaler sur les pentes du Ventoux, le connaissent forcément. Lionel Tartelin est l’une des figures emblématiques de la grande famille des cyclistes qui s’emploient sur les kilomètres d’ascension du Géant de Provence. Un amoureux fidèle à son col légendaire qu’il a déjà grimpé à 912 reprises.
Ancien cheminot, retraité depuis le mois de janvier – il était agent de maintenance à la SNCF – il possède désormais tout le temps nécessaire pour assouvir sa passion, celle de rouler sur sa monture. « C’est mon grand-père à l’époque qui m’a donné le virus. J’avais 15 ans. Il me disait toujours qu’il m’avait piqué avec le rayon d’un vélo. »
« Il faut aimer souffrir pour faire du vélo »
Quarante-cinq ans plus tard, la passion est intacte. Et les sorties se multiplient toujours plus. Le plus souvent seul : « J’aime bien souffrir sur le vélo et j’aime bien l’effort solitaire. D’ailleurs il faut aimer souffrir pour faire du vélo ».
De la souffrance certainement, mais aussi et surtout du plaisir et de l’abnégation à rouler de partout et notamment sur un Ventoux qu’il connaît parfaitement. « J’ai grimpé beaucoup de cols dans les Alpes, mais le Ventoux il est particulier. J’adore le monter par toutes les saisons, avec ses couleurs différentes. Et puis c’est aussi l’un des plus durs avec sa longueur d’ascension, ses pentes compliquées, son dénivelé de 1600 mètres positif. À cela viennent s’ajouter des différences de températures entre le bas et le haut qui sont parfois surprenantes. Tout cela fait qu’il est véritablement mythique ». Un hommage à un géant de Provence qui l’inspire et l’envoûte.
Autoproclamé « Ventouman »
Pas étonnant qu’il se soit d’ailleurs autoproclamé “Ventouman” : « Je trouvais ça sympa et rigolo. Ça fait déjà quelques années ». Une manière d’identifier ce Cavaillonnais, père de deux enfants, qui s’est frotté au Ventoux pour la première fois à l’âge de 15 ans avec son grand-père : « Je ne faisais du vélo que depuis un an. C’était en 1978. Lui, il avait 65 ans. Il est arrivé bien avant moi. J’avais fait l’erreur de partir trop vite et à 6 km du sommet j’ai beaucoup souffert. J’avais attaqué trop fort et je l’avais payé ». Une erreur de débutant que Lionel Tartelin n’a jamais plus reproduite.
Avec 912 ascensions, la technique est bien rodée. Même si le côté imprévisible du Ventoux l’a déjà piégé, il n’y a pas si longtemps. En octobre 2021 : « Je me suis retrouvé au sommet sous un orage de grêle alors que les prévisions météorologiques ne l’annonçaient pas et que le temps en bas était bon. J’ai cru vraiment que c’était mon dernier jour. Je me suis fait redescendre en voiture alors que j’étais en hypothermie. Et je n’étais pas le seul. C’était terrible. Il faut vraiment préparer ses montées ».
« Mon objectif c’est 1910, comme la hauteur du Ventoux »
Le conseil avisé d’un expert qui tient ses comptes à jour. Ça aussi c’est son grand-père qui lui a appris. “Ventouman” possède plusieurs cahiers sur lesquels il inscrit ses ascensions, mais aussi tous les kilomètres parcourus depuis ses débuts : « J’en suis à 516 000 km à vélo. Et ce n’est pas fini ». À 60 ans, il se voit bien avaler les distances pendant au moins 10 ans, sinon plus.
Et continuer à grimper au sommet du mont chauve : « J’espère arriver à 1 000 montées d’ici la fin de l’année. Et mon objectif c’est 1910, comme la hauteur du Ventoux. » Un défi qu’il compte bien réaliser, lui qui reste un fan inconditionnel des grimpeurs professionnels comme Virenque ou Pantani : « Je me reconnais un peu dans leurs qualités. Et d’ailleurs leurs victoires au sommet du Ventoux lors du Tour de France m’ont marqué. C’est aussi pour ça que ce Ventoux est si fabuleux et si prisé par les cyclistes du monde entier ».
Article issu du Dauphiné Libéré