Montagne : cet été, la fréquentation a atteint un niveau record

Mi-octobre est là et la compagnie des guides de Chamonix, créée en 1821, a vendu encore une quinzaine de stages d’alpinisme. « Du jamais vu à cette saison », dixit son président Olivier Greber.

Cet été, dans tous les massifs, on a manqué de premiers de cordée pour répondre à la demande. Quand bien même le réchauffement contraint les pratiquants à s’adapter, l’attraction pour l’altitude ne faiblit pas. Témoin, la vitalité du Club alpin français, notre plus vieille institution pour les amateurs.

« Les gens ont besoin de se regrouper et l’attrait pour la nature est fort »

La FFCAM (Fédération des clubs alpins et de montagne) fêtera ses 150 ans le 6 avril à Chambéry et ses rangs n’ont jamais été aussi fournis : 110 000 licenciés, + 8 %. Sa rivale et néanmoins amie, la Fédération de montagne et d’escalade (FFME) dit mieux : 115 000 encartés, essentiellement grimpeurs en salle. « Mais l’escalade en site naturel est la deuxième activité », assure son président Alain Carrière.

Pour Nicolas Raynaud, président de la FFCAM, la tendance va au-delà de l’aspiration de sortie de crise et de l’effet climatiseur naturel de l’altitude par temps de canicule. « On a repris le même rythme de croissance qu’avant Covid, observé depuis 2010. Les gens ont besoin de se regrouper et l’attrait pour la nature est fort. »

« On n’a négligé aucune niche »

Et la FFCAM surfe depuis 15 ans sur cette demande, développant ses formations et se positionnant sur l’accès à l’autonomie. Ses opérations Grands parcours, ses écoles aventure et son ouverture aux nouvelles pratiques ont fait mouche. « On n’a négligé aucune niche, la slackline, le trail, la marche nordique, pour coller aux attentes ».

Le nombre de clubs en France, 430, a triplé depuis l’an 2000 ! Un maillage du territoire qui a stimulé ce développement.

Autre indice du « carton plein » en 2023 : la fréquentation des refuges. Avec 301 000 nuitées, les 120 adresses du club alpin ont gagné 7 % d’activité et atteint un sommet. « Et tous les massifs, à toutes les altitudes, sont en progression ».

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Le refuge des Écrins. Photo Le DL/Antoine Chandellier
Le refuge des Écrins. Photo Le DL/Antoine Chandellier

Avec les randonneurs comme premiers clients mais aussi l’alpinisme qui retrouve des couleurs. Si en 2022, en raison de la sécheresse, ses adeptes ont été frustrés, les chutes de neige au printemps et les précipitations de juillet ont préservé les conditions. Les deux plus populaires, le mont Blanc ou le Dôme des Écrins, n’ont pas connu d’interruption. Le refuge : outil du développement des pratiques, abri de détresse, objectif de sortie et lieu d’expérience pour ceux qui s’éveillent à la montagne.

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Deux nouveaux refuges rénovés en 2024

Malgré l’inflation, la FFCAM va continuer à réinvestir les revenus de ses nuitées dans la modernisation de son parc. Les deux refuges sous le toit des Hautes-Alpes, le Glacier Blanc et les Écrins, dont il a été question qu’ils soient réduits voire qu’ils ne fassent plus qu’un au bord du plus vaste glacier des Alpes du sud, garderont leur capacité de plus de 100 places en faisant peau neuve. Les deux ont connu un quart d’activité en plus cette année.

En 2024, c’est la Lavey, dans le Vénéon, et le chalet du Sancy, dans le Massif central, qui seront rénovés.

Un succès qui a son revers

Mais le succès a son revers. Qui ne doit être ni exagéré ni minoré. « Depuis le Covid on voit vraiment des nouveaux publics, à qui il n’est pas facile de transmettre les clés de la montagne », remarque Nicolas Raynaud.

Un effet de masse dont le parc national de la Vanoise, loin des villes, semblait plutôt préservé. Alors que les sites d’accueil ont connu une hausse de 15 % des visites et les refuges gérés par le parc une progression de 10 %, Samuel Cado, directeur adjoint du parc, l’admet : « On commence à avoir des endroits qui connaissent des pics de fréquentation, notamment le col de la Vanoise et le lac des Vaches ».

Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny
Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny

« Un fort engouement pour le bivouac, qui peut générer des problématiques »

Mais encore sans commune mesure avec les saturations parfois observées dans les Préalpes. « On relève un fort engouement pour le bivouac, qui peut générer des problématiques autour de refuges ». Interdit en Vanoise, le bivouac est réglementé autour des hébergements d’altitude. Au refuge de l’Arpont cet été, un visiteur sur cinq était sous tente.

Plus au sud, du Taillefer au Plateau d’Emparis en passant par le Vénéon, plusieurs sites sensibles ont nécessité des mesures pour cadrer le bivouac, limité à des zones dédiées. Au Parc des Écrins (Isère/Hautes-Alpes), Pierre-Henri Peyret, chef de secteur Oisans-Valbonnais, a observé un été pas loin du record de 2021.

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Transformer ces néophytes en montagnards responsables

Depuis le Covid, le parc des Écrins a renforcé la prévention avec du personnel au pied des sentiers des lacs du Lauvitel ou de la Muzelle, pour éviter l’étalement des campeurs, la dégradation des sols et l’abandon de déchets. « Les résultats sont encore mitigés, avec moins de dérangement et des règles plutôt admises, analyse Pierre-Henri Peyret. Mais au prix de beaucoup de présence et de sensibilisation avec des comportements encore préoccupants. Il ne faut pas baisser la garde ».

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Au Lauvitel, sur quatre mois, les éco-compteurs ont recensé plus de 34 120 personnes, 300 par jour et des pics à 900, avec une hausse des infractions liées au non-respect de la réglementation en cœur de Parc national (chiens, feux, drones, camping…) Souvent par méconnaissance des visiteurs pour qui l’affluence est signe de sécurité. « Un public jeune, la trentaine, qui monte bivouaquer et passer la soirée ». Comment transformer ces néophytes en montagnards responsables ?

Article issu du Dauphiné Libéré

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