Pays des Écrins : on se penche sur le phénomène des véhicules aménagés

Ils fleurissent un peu partout. Plus ou moins grands, plus ou moins aménagés. Les camping-cars, vans, camions aménagés sont de plus en plus présents dans le Pays des Écrins. « Notamment depuis le Covid, constate Cyril Drujon-d’Astros, maire de Freissinières et président de la communauté de communes du Pays des Écrins. Et je trouve que ce phénomène s’est encore amplifié cette année. »

Un phénomène récent

Un phénomène récent face auquel les élus sont quelque peu désemparés. L’intercommunalité s’est donc lancée dans une étude, réalisée à l’été 2022, sur les “vanlifers” de vacances et les travailleurs saisonniers. Elle s’est aussi attaché les services de l’avocat briançonnais spécialiste en droit public, Yann Rouanet, pour décrypter la réglementation et la présenter aux élus le 19 octobre dernier à L’Argentière-la-Bessée.

Quelle réglementation ?

Face à l’augmentation des véhicules aménagés sur le territoire, les élus du Pays des Écrins – et d’ailleurs – se retrouvent confrontés à certains conflits d’usage, de nuisances et de pollution.

« Davantage citadins et moins attentifs au respect de la nature »

« Avec l’augmentation de ces usagers depuis le Covid, il y a un élargissement de la population de pratiquants », décryptait à L’Argentière-la-Bessée, Me Yann Rouanet. Alors que les usagers « historiques » étaient davantage respectueux de la nature, les néo-vanlifers sont « davantage citadins et moins attentifs au respect de la nature » : « Pour un certain nombre, ils n‘ont pas la culture, par exemple, de ramasser leurs déchets ou leurs crottes. »

En face, les maires dégainent les arrêtés municipaux à tour de bras. Or beaucoup s’avèrent être illégaux, bien souvent par ignorance de la loi. « Par exemple, les portiques limitant la hauteur à l’entrée des parkings, c’est interdit, sourit Yann Rouanet. La signalisation avec le pictogramme d’un camping-car, aussi : ce symbole n’existe pas dans le Code de la route. » Un panneau avec un texte « Camping-cars et caravanes interdits », en revanche, si…

« Si le stationnement est autorisé, le camping sauvage est, lui, interdit »

À savoir également que rien n’interdit de dormir dans son véhicule, tant que son stationnement ne gêne pas et n’excède pas sept jours d’affilée. « La grande majorité des camping-cars et vans sont équivalents à une voiture, puisqu’ils ne font pas plus de 3,5 tonnes, ajoute l’avocat. Donc, la taille n’est souvent pas suffisante pour justifier un arrêté, car il devient discriminatoire. »

Autant dire que certains élus du territoire sont quelque peu tombés des nues… Même si des solutions existent, selon le spécialiste de droit public : « Si le stationnement est autorisé, le camping sauvage est, lui, interdit », point Yann Rouanet. Et d’ajouter : « Des limitations sont possibles en certains endroits en justifiant d’un maintien de l’ordre public, de sécurité, de salubrité ou de protection de l’environnement. »

« On souhaitait connaître les besoins et les envies de ces vacanciers itinérants et des travailleurs saisonniers, beaucoup ont répondu », commente Cyril Drujon-d’Astros à propos de l’étude réalisée. Celle-ci a été réalisée en ligne et sur différents “spots” de véhicules aménagés des Écrins : L’Argentière-la-Bessée, le rif d’Oriol, Ailefroide et le Pré de Madame Carle, le lac de Rama, etc. Pour quels résultats ?

Cent vacanciers interrogés

Cent vacanciers ont été interrogés. Pour 47 % d’entre eux, ceux-ci étaient en van ; 34 % disposaient d’un fourgon aménagé et 9 % d’un utilitaire. Un peu moins de la moitié de ces usagers passent leurs vacances dans un véhicule aménagé depuis moins de trois ans. Un tiers est “vanlifer” depuis plus de 10 ans, ce qui tend à montrer l’effet Covid de 2020.

Seulement 9,5 % viennent des Hautes-Alpes. Les autres vacanciers, majoritairement des familles âgées entre 27 et 45 ans, sont originaires des autres départements de la région Paca (16,8 %), du reste de la France (53,7 %) et de l’étranger (20 %).

Ces vacanciers viennent dans les Écrins pour les activités sportives – l’escalade, notamment – pour une grande majorité d’entre eux. Et recherchent un “lieu isolé en pleine nature” où, pour moitié, ils ne passent pas plus d’une nuit.

Des vacanciers qui « comprennent l’idée d’une réglementation sur certains sites »

L’un des éléments qui intéressaient particulièrement les élus, c’est l’équipement de ces véhicules. Pour une grande majorité, ils sont équipés pour cuisiner. A contrario, peu sont équipés de toilettes. Ainsi, 60 % de ces usagers vont faire leurs besoins en pleine nature, avec une pelle pour les enterrer.

L’aménagement de toilettes sèches, de point d’eau et de poubelles est plébiscité par 42 % des usagers. D’ailleurs, près de 80 % des “vanlifers” se disent prêts à payer – pas plus de 5 euros – si de tels services sont mis en place.

Enfin, bien loin de l’idée d’usagers souhaitant la liberté à tout prix, 83 % de ces vacanciers “comprennent l’idée d’une réglementation sur certains sites”.

Des travailleurs saisonniers aussi interrogés

Les vacanciers ne sont pas les seuls à utiliser des véhicules aménagés en saison estivale : les travailleurs saisonniers ont également été interrogés (25 à l’été 2022) sur leurs us et coutumes. La plupart s’installent dans la vallée de la Durance, entre L’Argentière-la-Bessée et le lac de Rama.

38 % sont des Hauts-Alpins et 19,1 % viennent des autres départements de Paca. Si, pour 41 % d’entre eux, il s’agit d’un mode de vie choisi, “un grand nombre de travailleurs […] a fait part de leurs difficultés à se loger, indique l’étude. Certains ont acheté un camping-car uniquement pour la durée de la saison ou d’une formation, qu’ils revendront par la suite”. Comme pour les vacanciers, la majorité des travailleurs utilisent un véhicule aménagé depuis moins de trois ans.

Si les camions et vans sont davantage équipés en toilettes et douche (42 %), un tiers des saisonniers se lavent et font leurs besoins en pleine nature. Le besoin d’équipements est d’ailleurs criant parmi cette population : 91,3 % en ont exprimé le désir. Et sont prêts, pour 66,7 % d’entre eux, à payer de tels services.

Enfin, “72 % des travailleurs enquêtés comprennent que certains sites puissent être réglementés”. À condition que “la réglementation [soit] visible, expliquée et légale” selon l’étude réalisée.

Article issu du Dauphiné Libéré

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