« Tu m’aurais dit de plonger en short dans un bain glacé avant, je t’aurais pris pour un fou », confie avec un grand sourire André Belibi-Eloumou. S’immerger 30 minutes dans de l’eau à 0° comme il l’a fait à Tignes dimanche 21 janvier, est une formalité. « C’est facile », glisse le natif de Cherbourg qui a provoqué des rires admiratifs parmi le public.
3 heures, 11 minutes et 28 secondes : record du monde à battre
Le 24 février à Calgary au Canada, le performer espère concrétiser deux ans d’entraînement acharné pour dépasser le record de 3 heures, 11 minutes et 28 secondes, détenu par le Polonais, Valerjan Romanovski.
Celui qui cherche sans cesse à repousser les limites du possible, le fait pour sa fille de 12 ans touchée par des troubles autistiques et vivant avec sa mère en Angleterre. « C’est le vrai challenge. On doit veiller à ne pas changer sa routine. On lui a offert pour Noël des vêtements adaptés car elle est sensible au toucher », confie le père, qui avoue encore avoir beaucoup à apprendre sur l’autisme.
Ma fille « est contente à sa manière, et ça suffit à mon bonheur »
Par exemple, la sensation de picotements qu’il ressent au contact du froid est un luxe dont ne peut profiter sa fille. « Elle se rend un peu compte de mes aventures. Elle est contente à sa manière, et ça suffit à mon bonheur ». Il souhaite montrer que l’impossible peut s’ouvrir à n’importe qui, du moment que le plaisir de l’instant présent et l’écoute de son cœur guident nos actions. Cet état d’esprit de battant est hérité de son père camerounais, arrivé en France en 1974, à la force de ses bras et de ses jambes.
« J’ai vu des orphelins marcher 15 kilomètres pour aller à l’école », se souvient-il lors de son adolescence au Cameroun. « L’enfant-gâté français » selon ses termes, a trouvé dans le sport, un exutoire. Jonglant entre petits jobs et échecs à l’étranger, il a enfin trouvé sa vocation en tant que coach sportif. « Mon père est passé de 20 à 300 abdos, je l’ai transformé en boule de feu », s’amuse-t-il à dire.
Il a déjà fait Cherbourg-Rabat à pied
Mais en 2000, sa vie a basculé brutalement. « Devant mes yeux, il a eu une rupture d’anévrisme. Cette épreuve m’a forgé un mental d’acier », confie avec émotion le trentenaire. Pour lui rendre hommage, il a relevé, en 2018, son premier défi hors-norme : rejoindre Rabat au Maroc à pied depuis Cherbourg, soit 3 000 km, le tout avec un paquetage de 10 kilos sur le dos.
Deux ans, plus tard sa fille, vivant en Angleterre, est diagnostiquée autiste. Après une phase de dépression, il a découvert le meilleur somnifère et antistress, l’eau glacée. « Il ne faut pas se laisser porter par la rivière de la vie mais s’accrocher fermement aux branches », métaphorise le Genevois.
Article issu du Dauphiné Libéré