Quel regard portez-vous sur la récurrence des naufrages routiers avec des véhicules non équipés ?
« Ces naufrages essentiellement dus à des véhicules non équipés sont la démonstration que cette obligation, que nous avons eu un mal fou à faire accepter, doit être appliquée. Son non-respect doit être assorti de sanctions. Il s’agit d’un amendement à la deuxième Loi Montagne promulguée en décembre 2016 qui avait fait l’objet d’un avis de sagesse du ministre de l’Aménagement du territoire de l’époque (Jean-Michel Baylet) mais qui n’avait pas fait l’objet d’un accord du ministère de l’Intérieur, totalement opposé à ces sanctions. »
« Le trouillomètre des gouvernements » empêche les sanctions
En tant que député des Hautes-Alpes, ça vous fait quoi de voir le col du Lautaret fermé un samedi des vacances de février ?
« Je suis furieux car c’est le trouillomètre des gouvernements successifs qui empêche la loi de s’appliquer correctement, et cela génère des accidents, des frais pour les gestionnaires de voirie (et notamment le conseil départemental), des frais pour les collectivités quand il faut héberger des naufragés. Et pour couronner le tout, cela plombe l’économie de notre territoire. »
La proposition de loi remonte à 2016, le décret d’application est paru au Journal officiel en 2020… mais en 2024 il y a toujours des voitures non équipées qui prennent la route des stations de sport d’hiver. Faut-il revoir la loi ?
« Non, la loi est parfaite. Le décret ne date que de 2020 car les Premiers ministres successifs se sont toujours refusés à signer le décret craignant une résurgence des Gilets jaunes. Dans certains cabinets ministériels très parisiens, on argumentait même sur le fait qu’il n’y a plus de neige sur les routes en montagne à cause du changement climatique. J’étais le ministre de Jean Castex à l’époque et je l’ai convaincu de signer. La loi s’est donc appliquée dès l’hiver 2021/2022 avec un an de sursis pour l’application des sanctions dans un souci pédagogique que je peux comprendre. Et sa successeure Élisabeth Borne n’a pas pris le décret sur les sanctions. Je vais donc demander à Gabriel Attal de faire cesser ce désordre. »
Article issu du Dauphiné Libéré