Pourquoi le mythique col du Galibier est-il périlleux à déneiger

C’est la saison de la fraise à neige sur les versants du Galibier. Grignotant un manteau neigeux épais de six mètres de hauteur, à seulement 800 mètres de l’entrée du tunnel, les agents du Département de la Savoie ouvrent la voie depuis le mardi 9 mai. Un défi de haute montagne où la sécurité l’emporte sur les délais.

« À l’instar du col de l’Iseran (2 764 mètres), le Galibier (2 642 mètres) fait partie de ces cols qui nécessitent une vigilance et une sécurité accrue lorsqu’il s’agit de déneiger la route », explique Frédéric Chevallier, responsable de l’entretien et de l’exploitation des routes pour le secteur Cœur de Maurienne.

Déneiger, une action qui nécessite des précautions et des repérages en amont

Lacets serrés, pente routière de 7 % en moyenne au départ de Valloire, le col mythique de la Maurienne ne s’ouvre pas à l’aveugle, car « comme pour toutes les hautes routes de cette altitude, le risque avalancheux existe sur la totalité du parcours ». Tracée en aval de la face nord du célèbre sommet du Grand Galibier , culminant à 3 228 mètres, la route recèle de lacets plus ou moins propices à la formation de congères, et où le cumul de neige peut être important. « L’année dernière sur certaines de ces zones, nous avions jusqu’à 10 mètres de hauteur, là où cette année nous en avons six. » Plus faible, ce cumul laisse à penser que l’opération déneigement serait plus simple voire plus rapide. Et pourtant… « Le manteau neigeux est plus instable et la vigilance est de mise », précise Patrick Arnaud, agent des routes au centre de Valloire. En cause ? Les précipitations hivernales chaotiques, les vents, les températures et l’inclinaison des pentes, situées en amont de la route, suffisent à expliquer le phénomène. 

La sécurité l’emporte sur les délais

« Pour un maximum de sécurité, nous mettons en place plusieurs choses indispensables au principe de précaution », souligne Frédéric Chevallier. Nivologue, « intervenant à la demande » pour approuver ou non la faisabilité des opérations, plages horaires de travail adaptées (6 à 12 heures), port de détecteur de victimes d’avalanche (DVA), et procédure de repérage de terrain sont les précautions à prendre. « Chaque année, avant le début du chantier nous montons en binôme, avec un agent, en ski de randonnée pour sonder le manteau neigeux et prendre des mesures tout au long de la route afin d’appréhender la quantité de travail à venir. »

Guidés par les jalons, implantés au bord des 12 kilomètres de voie qui mène au col, ils collectent des données complémentaires à celles obtenues par la fraiseuse, lorsqu’elle chemine a posteriori. Équipée d’un GPS, cette machine grignote la neige à la recherche du bitume, sous les commandes de l’agent qui la conduit, et est capable de calculer la hauteur de neige. Mais avec un GPS, « parfois défaillant à cause de l’orientation du satellite », les agents préfèrent « les méthodes à l’ancienne » en s’appuyant sur leurs propres données pour avancer.

Les périodes de déneigement ont été marquées par deux accidents historiques, une femme ayant perdu la vie à la suite de l’effondrement d’un mur de neige alors qu’elle voulait prendre une photo (2007), et une fraiseuse emportée au cours d’une nuit en contrebas de la pente par une avalanche. Le chef le rappelle, « la sécurité l’emporte sur les délais ». Bilatérale, cette sécurité prévaut in fine autant pour les locaux ou touristes « désireux de s’attaquer au col à vélo ou curieux de voir ce déneigement », alors que le site est interdit au public pendant le chantier, « qu’aux agents qui sont en poste. Il vaut mieux ouvrir un col plus tard en sécurité que pas ».

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Pourquoi y a-t-il un tunnel avant le sommet ?

« Le tunnel du Galibier, situé 100 mètres en dessous du col, permet de réguler le trafic entre les camions et les cyclistes en sécurité », explique Frédéric Chevallier. Col prisé des amateurs ou des experts de vélo, en quête d’ascension et de performance, il est aussi emprunté par les véhicules motorisés, dont les camions « dans la limite d’un certain tonnage », circulant entre les départements de la Savoie et des Hautes-Alpes.

« L’infrastructure routière pérennise le trafic des camions de petits gabarits comme des plus lourds et assure un partage de la route entre les usagers », là où la route est réputée pour son étroitesse.

Limité aux 19 tonnes, le tunnel est interdit aux cyclistes De fait, ce vendredi 26 mai, lors de « l’ouverture », seuls les véhicules motorisés pourront basculer dans le département voisin, alors que les passionnés de la route devront quant à eux patienter une semaine de plus. « Le 2 juin, la route du col, limitée aux véhicules de 3,5 tonnes, sera dégagée » et les cyclistes pourront à leur tour rejoindre le Briançonnais.

D’ici là, dans l’attente de cette ultime ouverture, les grimpeurs pourront tout de même monter, mais ne pourront pas franchir le col par la route strictement réservée au véhicule à moteur, car le corridor intérieur n’est pas assez large pour sécuriser les coureurs. Limité aux 19 tonnes, le tunnel est interdit aux cyclistes. « Il est plutôt conseillé aux vélos d’attendre l’ouverture définitive. L’ascension du Galibier est longue, sportive voire difficile. Il vaut mieux monter à date pour ne pas être frustré. »

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Un col de légende pour les cyclistes

Culminant à 2 642 mètres, le col du Galibier est réputé internationalement dans le monde du cyclisme pour ses qualités sportives, et reste une étape incontournable du tour de France. Gravé dans le cœur historique de cette course mythique depuis 1911, année à laquelle il a accueilli ses premiers coureurs pour une étape de 366 kilomètres entre Grenoble et Chamonix, « alors qu’aucun enrobé existait et que la route était qu’un simple chemin », précise Frédéric Chevallier.

Le col, long de 32 kilomètres en partant de Saint-Michel-de-Maurienne et cumulant environ 2 000 mètres de dénivelé, a vu sur sa route défiler une pluie de stars et d’amateurs de la grimpette à deux roues. Attractif pour son itinéraire de haute altitude, il est aussi un point de passage d’itinérance de la discipline puisqu’il se trouve entre deux autres géants lorgnés : le col du Télégraphe et celui le Lautaret. Offrant un panorama sur l’arc alpin, entre glaciers et pré-alpes, il attire et fait de la Maurienne un « territoire de vélo », comptant cinq cols à gravir.

Chaque année, en période estivale, des centaines de sportifs viennent tenter une échappée. Et dès le dimanche 4 juin, le Galibier sera le théâtre de la première cyclosportive de haute montagne de France, entre les murs de neige, le Galibier challenge.

Article issu du Dauphiné libéré

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