Serre Chevalier : comment la station effectue sa transition écologique

Il fallait bien mettre un peu de couleur dans cet océan de blanc. Serre Chevalier a choisi le vert. Et n’allez pas dire à SCV, l’exploitant du domaine skiable, qu’il s’agit de greenwashing. Dans la vallée de la Guisane entre Briançon et le col du Lautaret, le patron de la station n’aime pas du tout l’expression.

Patrick Arnaud défend ses convictions autant que ses ambitions. Pour lancer un nouveau modèle économique et écologique , le directeur de SCV a pris son bâton de pèlerin et son courage à deux mains pour dégoter quasiment 4 millions d’euros auprès de son actionnaire La Compagnie des Alpes et de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Après la transition énergétique, place à la transition écologique

Avec cet argent en poche, Serre Chevalier a diversifié son activité en site propre : depuis 2016 , la station n’est pas qu’une destination touristique, c’est aussi une entreprise de production d’énergies renouvelables (EnR). En investissant dans l’hydraulique, le photovoltaïque et l’éolien, SCV est désormais capable de produire 30 % de l’électricité qu’elle consomme.

La transition énergétique actée, place maintenant à la seconde phase du programme EnR : la transition écologique. Pour atteindre l’objectif des 50 % d’autosuffisance énergétique , c’est la baisse des consommations qui est ciblée. C’est sur ce levier-là que SCV compte désormais agir. Tests, recherche-développement, mises en production, tout le process industriel est passé au crible pour dénicher les 20 % d’autonomie manquants.

Photo Le DL/Vincent Ollivier
Photo Le DL/Vincent Ollivier

Cet hiver 2023-2024, une dameuse électrique fabriquée par la PME iséroise CM Dupon est en service à Serre Chevalier. Autre innovation : un drone équipé d’un capteur laser Lidar effectue chaque jour un relevé topographique des pistes pour analyser les hauteurs de neige sur les 410 hectares du domaine, pour détailler la composition du manteau neigeux, pour guider les dameuses au sol, pour orienter le travail des nivoculteurs.

« L’environnement est notre gagne-pain »

Le maître-mot, c’est l’optimisation. « Avant 2019 par exemple, on avait un scenario de production de neige qui était toujours le même, grosso modo, d’une année sur l’autre, apport de neige naturel ou pas. Depuis 2019, on a revu nos procédures pour économiser de l’eau et de l’électricité. Notre objectif, c’est de faire toujours mieux en consommant toujours moins. On est ainsi passé de 700 000 mètres cubes d’eau consommés à 500 000 mètres cubes d’eau. Avec une conséquence directe : notre parc de dameuses est passé de 26 à 18 dameuses… pour la même superficie de neige à étaler. C’est bien la preuve qu’en optimisant le travail, on peut réduire notre consommation », souligne Frédéric Arnould, le directeur technique de la station.

Une station-pionnière qui souhaite préserver son outil de travail pour faire perdurer son business. « Pour nous, il n’y a pas de contraintes environnementales car l’environnement est notre gagne-pain, c’est grâce à cet écosystème que l’on peut produire de la richesse et faire vivre la vallée. Ce n’est donc pas une contrainte mais un atout et c’est notre devoir de préserver au maximum cette ressource qui nous fait vivre », poursuit Frédéric Arnould.

Article issu du Dauphiné Libéré

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