Du 18 au 20 mai, la commune de Villard-de-Lans accueillera la troisième édition du Vercors bike festival. Cette manifestation sportive propose à la fois des épreuves d’enduro, de randonnée, de cross-country mais aussi des courses enfant ou sénior. Pour Théo Micheletti, passionné de VTT et fondateur de la société organisatrice Dose de sport, c’est une occasion parfaite pour « mettre en valeur un territoire » tout en faisant « la promotion d’une pratique du VTT responsable ».
À la fin du dernier conseil municipal de Villard-de-Lans, l’élu d’opposition Claude Ferradou avait interrogé la majorité sur les aménagements réalisés sur la colline des Bains, dans le cadre du Vercors bike festival.
Ces travaux, entrepris par le club Vercors VTT, co-organisateur de l’événement, “sont réalisés en concertation avec la mairie et n’ont rien de sauvage. L’objectif est l’organisation du Trophée interdépartemental du jeune VTTiste 07/26/38 et d’une coupe Auvergne-Rhône-Alpes de VTT cross-country olympique, qui n’ont rien à voir avec une pratique enduro”, indique le club.
Ils n’engagent “aucun coût direct pour la mairie puisque les rochers sont offerts par la carrière de Méaudre et que les troncs sont disponibles auprès des services techniques”.
« On fait les choses de la manière la plus carrée possible »
Pas une mince affaire dans un Vercors où une majorité de la forêt appartient à des propriétaires privés. « Organiser tout ça demande un très long travail, qui est indispensable et qu’on fait ! » Ce travail, entrepris des mois à l’avance, consiste à « réfléchir à des tracés, puis à prendre le cadastre et contacter tous les propriétaires » pour savoir si le parcours est faisable… ou pas. On respecte la position de tout le monde. Certains sont d’accord, on leur propose de signer des autorisations de passage ; d’autres ne le sont pas et ce n’est pas grave. Mais sur les 30 parcelles que l’on souhaite traverser, 90 % des propriétaires nous disent oui, et les 10 % qu’il reste saluent notre démarche d’être allés les voir ! Il faut le dire aussi ! »
Il dit avoir « parfaitement conscience de tous les enjeux : touristiques, économiques, de sécurité, d’exploitation du bois, comme l’immense majorité des vététistes » et souhaite par-dessus tout « que tout le monde puisse trouver sa place et qu’il y ait un cadre légal pour la pratique du VTT », saluant au passage le travail engagé par la Communauté de communes du massif du Vercors (CCMV) pour y parvenir.
« Avec 2 000 personnes attendues, on a bien sûr un rôle de sensibilisation. On s’en sert pour faire passer les bons messages : respectez la propriété privée, n’allez pas sur les chemins illégaux sans autorisation… On fait les choses de la manière la plus carrée possible. »
« Concertons-nous, discutons, ma porte est grande ouverte ! »
Malgré cela, il décrit une situation qui reste « très fragile », où « il suffit de quelques personnes pour que tous nos efforts volent en éclat ». Alors, s’adressant aux forestiers, il affirme : « J’aimerais le dire à nouveau : concertons-nous, discutons, ma porte est grande ouverte ! Je ne souhaite pas que mon événement apporte plus de problèmes que de solutions, sinon il n’a pas lieu d’être. Les élus et les différentes parties prenantes savent tous qu’il faut travailler ensemble. »
Théo Micheletti rappelle que « le conflit ne résoudra rien » : « Les vététistes sont favorables à la discussion car on est tous conscients de l’écosystème dans lequel on évolue. Pas uniquement les forêts, mais aussi les alpages, les périodes de chasse, le Parc naturel du Vercors, le respect de la biodiversité… » Ce passionné souhaite ainsi, à travers le Vercors bike festival, « initier une dynamique », « montrer l’exemple » car derrière, « il y a des enjeux qui dépassent largement [sa] manifestation ».
Il compte d’ailleurs mettre en place des actions pour renouer le dialogue entre forestiers et vététistes, des stands d’information, « car on est vraiment pour le mélange des usages et en discutant ça se passer toujours mieux dans la majorité des cas ! » Théo Micheletti en est convaincu : « Si on veut avoir une pratique responsable, légale et de qualité du VTT, ça passera par le dialogue et le respect mutuel de tous les acteurs de cet écosystème. Obligatoirement ! »
Une situation spécifique dans le Vercors ?
Derby de Chamrousse, compétitions dans l’Oisans, en Savoie… En matière d’organisation d’événements liés au VTT, Théo Micheletti n’en est pas à son coup d’essai avec le Vercors bike festival. Il a donc une vision plus globale de la pratique du VTT, au-delà du Vercors et même des frontières iséroises. « Toutes les questions qu’on a dans le Vercors, on les côtoie aussi ailleurs, à une échelle un peu moins importante », explique-t-il. Pourquoi ? « Parce que c’est un territoire où il y a beaucoup d’acteurs proches d’une grande agglomération. Il y a donc des enjeux touristiques mais aussi plein d’autres choses qui gravitent autour. Forcément, quand on est en haute montagne et que l’économie est basée uniquement sur le tourisme, il y a moins de problèmes, parce qu’il y a moins de conflits d’usages. »
Pour lui, c’est ce qui fait « la richesse du Vercors », et ce qui rend si difficile l’intégration du VTT sur le plateau aujourd’hui : l’offre VTT a mis du temps à se structurer. « Ailleurs, en haute montagne, tous ces travaux en cours à la Communauté de communes du massif du Vercors (CCMV) ont déjà été réalisés. Ils ne se sont pas faits en un claquement de doigts, ils ont été réfléchis pendant des années. Ici, la CCMV s’est saisie de cette problématique et je sais qu’aujourd’hui, on va dans le bon sens. »
Théo Micheletti invite ceux qui aimeraient parler de ce sujet avec lui à le contacter par mail à contact@dosedesport.com.
Article issu du Dauphiné Libéré
