Après une fréquentation touristique exceptionnelle durant l’été 2022 (+13 %) dans les 12 départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, suite à deux ans de restrictions liées à la crise sanitaire, le bilan de l’été 2023 était attendu avec impatience dans un contexte inflationniste très compliqué.
À défaut de partager l’optimisme d’Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Tourisme qui dressait la veille un bilan extrêmement positif, Fabrice Pannekoucke, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes tourisme, était plus nuancé, mardi, au moment d’analyser la tendance régionale qui ressemble beaucoup à la situation nationale. « Elle la qualifie de très bonne, moi je la qualifie de bonne parce que nous observons des situations contrastées. »
Premier indicateur majeur, les nuitées qui ont progressé de 1,9 % durant juillet et août en Aura. « On consolide la tendance de 2022, mais ce n’est pas non plus une croissance à deux chiffres » résume le patron de l’organe régional dédié à l’activité touristique. En compagnie de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, la Haute-Savoie se distingue (+5 %), confirmant une tendance de fond. « La montagne tire son épingle du jeu, contrairement aux villes où l’on observe un tassement. »
« On ne renonce pas aux vacances, on s’adapte »
La crainte d’un été caniculaire – qui est finalement arrivé très tardivement – a sans doute poussé de nombreux touristes à privilégier l’altitude. Des touristes locaux, puisque la part de la clientèle régionale a augmenté de 31 à 35 % d’un été à l’autre. Ce qui fait dire au maire de Moûtiers : « Nous sommes les premiers consommateurs de notre territoire. Une tendance qui nous singularise des autres. ». Le pouvoir d’achat en berne tout autant que la diversité des terrains de jeu y sont, sans doute, pour beaucoup.
Si la part de la clientèle internationale se renforce – autour de 20 %, – avec toujours le même trio de tête (Belges, Hollandais et Allemands), le comportement des touristes a changé, avec un panier moyen globalement à la baisse, pour faire face à la hausse des prix. « On ne renonce pas aux vacances, on s’adapte » résume Fabrice Pannekoucke. Avec des séjours plus courts et l’essor des hébergements entre particuliers (+6 %) aux dépens de la location (-4 %) ou des campings (-4 % en juillet, -5 % en août).
« Le surtourisme se limite à quelques sites »
Face au double effet de l’inflation (les charges augmentent, les clients dépensent moins), les professionnels restent vigilants d’autant que la pénurie de main-d’œuvre qui touche notamment les saisonniers pourrait à terme dégrader l’offre.
Face à ces défis, l’élu savoyard avance quelques pistes. Les grands événements sportifs comme le Tour de France en juillet ou la Coupe du monde de rugby cet automne, « un marqueur évident d’attractivité », le tourisme d’affaires « qui reprend des couleurs » et le tourisme des savoir-faire, « où nous avons de sérieux arguments à faire valoir face à un consommateur en quête de sens. »
Dénonçant le tourisme bashing qui selon lui « nous fait beaucoup de mal », il rappelle que « le surtourisme se limite à quelques sites », ajoutant au passage que la consommation touristique pèse 21 milliards d’euros à l’année. Un argument de poids à l’heure du bilan…
Article issu du Dauphiné Libéré