Vacances au ski : les réservations progressent encore dans les Alpes

S’il est un endroit qui résiste à la sinistrose et aux vents contraires du « ski bashing », c’est bien le rendez-vous d’automne du cabinet G2A. L’agence savoyarde scrute 80 % des hébergements des stations françaises mais aussi les nuitées du littoral et plus généralement l’activité des destinations touristiques. Et comme chaque année depuis la sortie de Covid, l’oracle G2A est optimiste.

Des réservations en avance de 0,3%

Début octobre, l’observatoire livrait les premières tendances. Malgré deux hivers à l’enneigement contrasté, les réservations sont pour l’heure en avance de 0,3 % à l’échelle nationale par rapport à une excellente saison 2023/24. On relèvera toutefois le différentiel entre les grands domaines, affichant une progression de 5,7 % quand les stations dites de charme, d’altitude plus modeste, sont en recul de 5,6 %.

Un retard qui a largement le temps d’être comblé, notamment si l’incertitude de l’enneigement est dissipée. Côté période, les vacances de Noël démarrent fort, l’intervacances de janvier confirme son succès étonnant depuis la sortie de crise sanitaire, bénéficiant du report des clientèles de mars, en déclin, et février est en léger recul.

La fin de saison s’annonce encore poussive et c’est l’un des sujets majeurs des socioprofessionnels, même si cette année les vacances de printemps, d’un poids devenu marginal, pointent à la hausse à la faveur du calendrier.

Photo Le DL/Tom Pham Van Suu
Photo Le DL/Tom Pham Van Suu
Où est passée la fin de saison ?

« Jusqu’à quand va-t-on rater la fin de saison ? » C’est la question que pose le cabinet G2A, à l’aune des prévisions pour mars dans la lignée des exercices précédents. Le problème de fond persiste. La destination montagne a du mal à conclure.

« On bascule dans un monde où le plus fort de saison se limite aux 11 premières semaines de l’hiver », déplore Denis Maurer, incitant les professionnels à travailler les tarifs de fin de saison. « Une saison dure 21  semaines pour ceux qui peuvent, et 18 en moyenne. » Il est pourtant attractif, ce printemps en altitude, pour 60 % des clients interrogés, mettant en avant le prix, les conditions de neige, la moindre affluence et la pratique d’autres activités comme le VTT.

Michaël Bayard, directeur de France Montagnes, l’organe de promotion des stations, traduit l’embarras à communiquer sur la période. On ne dit plus « printemps » ou « fin de saison », mais on parle de « saison qui continue » en mars, avril et mai.

En 2014, France Montagnes avait lancé le Printemps du ski : un package débutant acheté, un package offert (Forfait, matériel, cours). La campagne a évolué en « printemps des montagnes », « plus inclusive pour les massifs où la promesse ski n’est pas garantie ». « Or on s’est rendu compte que la neige restait le principal attrait. »

Les Alpes en hausse, les Pyrénées en retard

Côté destination, les Alpes gagnent +0,9 %, pour le Nord, et +0,8 % pour le sud quand les Pyrénées sont à la traîne (-2,6 %). Les hôtels ont le vent en poupe (+11 %), les villages vacances, éprouvés par le Covid retrouvent des couleurs (+8,6 %), les agences immobilières progressent légèrement (1 %) alors que les résidences de tourisme restent stables et le particulier à particulier est en retrait de 6 %.

Des perspectives qui s’inscrivent dans une bonne dynamique sur le marché national. Comme l’an dernier 3 Français sur 10 comptent partir en vacances cet hiver ; mais 4 sur 10 sont incertains, plus que l’an dernier.

Si la montagne reste la première destination elle enregistre une légère baisse, grignotée par la ville, la campagne et l’étranger. Pour autant le principal frein, l’inflation, recule. Pour les habitués des vacances hivernales, la montagne reste à 85 % la destination, un tantinet concurrencée par la mer.

Savoie Mont-Blanc (Savoie, Haute-Savoie) demeure la destination la plus prisée, pour 45 % des fidèles et le ski le principal attrait pour 79 % des vacanciers quand l’an dernier ce taux était descendu à 71 %, alimentant les réflexions sur l’après.

Novembre, mois décisif

La moitié du bataillon des incertains devrait se décider en novembre. Principaux freins à lever ? La situation financière pour trois quarts des hésitants quand 24 % seulement évoquent le paramètre neige. « La clientèle française ne remet pas en question son séjour à la montagne quelles que soient les conditions de neige » indique-t-on chez G2A. L’image d’activités diversifiées s’ancre dans les habitudes du visiteur. Et s’il casse sa tirelire, ses arbitrages porteront d’abord sur le restaurant, sacrifié.

Cette forte envie d’altitude se traduit dans le moral des hébergeurs. La moitié d’entre eux ont augmenté leur prix, une hausse moyenne de 5,6 % (6 % l’an dernier). Si les problématiques de neige préoccupent les trois quarts d’entre eux, cela n’entame pas leur confiance, en hausse de 4 points (77 %). Et la filière table sur une augmentation des nuitées de 2,6 % et même 5,6 % chez les tour-opérateurs. Comment dit-on ? « La montagne ça vous gagne. »

Familles hors vacances et autres tendances post-Covid

Denis Maurer, patron du cabinet G2A, en est certain : « Cette saison va renforcer les tendances de consommation post-Covid. » À commencer par des réservations plus précoces.

À Valloire, 50 % des réservations pour les vacances de Noël sont acquises. Chez Pierre et Vacances, le phénomène est constant depuis deux à trois ans. Pour Marie Chambon, directrice générale du tour-opérateur en ligne Ski Planet, les réservations commencent dès janvier pour l’hiver suivant, 15 % sont déjà assurées en août. Et de relever cet hiver une hausse du panier moyen de 1000 à 1300 euros par séjour.

Même écho chez Pierre et Vacances, selon Grégory Sion, directeur général, qui attribue l’avance de 20 % de ses réservations, à la clientèle CSP +, très prévoyante. L’opérateur de résidences de tourisme, né à Avoriaz, mise sur la flexibilité et les réservations hors sacro-saint samedi au samedi. De plus en plus de résidents arrivent désormais le dimanche. Le client français est aussi de plus en plus attaché au rapport qualité prix, opportuniste, à l’affût des meilleurs prix. D’où la forte croissance de janvier, aux semaines traditionnellement moins chères pour une probabilité d’enneigement plutôt bonne.

Et à Valloire on mesure ce phénomène atypique qui se confirme : des familles réservent hors vacances scolaire. Quitte à faire sécher la classe aux enfants pour les mettre aux cours… de ski.

Article issu du Dauphiné Libéré

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