À l’origine de Mountain Riders, il y a les ramassages de déchets en montagne (les mégots de cigarettes), il y a 23 ans. L’association milite et agit pour une montagne zéro déchet sauvage (par opposition aux ordures ménagères) à l’horizon 2030.
« Elle est devenue une ambition nationale, un an après la signature de la charte Montagne zéro déchet (MZD). C’est un rêve qui se réalise. L’ensemble des acteurs de la montagne et les territoires se sont emparés de la question en signant une charte, un plan d’actions de réduction des déchets sauvages à la source », se félicitaient Camille Rey-Gorrez et Christelle Ferrière, directrice et membre du conseil d’administration de l’association, en ouverture des premières rencontres nationales MZD en 2030, le 21 mars dernier au centre de congrès Le Manège à Chambéry.
« On ne se rend compte de cette pollution que quand on l’a vécu »
Le bilan de la première année de l’opération (2023) a permis de quantifier l’ampleur de la tâche, ambitieuse mais réaliste : 70 ramassages (dont la moitié sans Mountain Riders) avec 3 950 personnes mobilisées ont permis de collecter 15 tonnes de déchets, contre 11,5 tonnes en 2022. Et de les caractériser (les classer par matériau en volumes et en masse). Si les mégots (83 700 !) sont toujours là, métaux (20 % du poids), plastique (24 %) et bois (21 %), issus de l’action des touristes mais aussi de tous les secteurs d’activité, sont encore trop présents.
« On ne se rend compte de cette pollution que quand on l’a vécu. En extrapolant, ça représente 250 tonnes de déchets abandonnés en montagne à l’échelle nationale. La première étape vers le zéro déchet en 2030, c’est -10 % de déchets sauvages en 2024 », insiste Émilie Maisonnasse, responsable projet MZD. Puis ce sera objectif -40 % en 2026, et -70 % en 2028.
« Ce n’est pas qu’une affaire d’écolos »
Des chiffres ( « une grosse claque » pour Jérémie Noyrey, représentant le Syndicat national des moniteurs de ski français) qui ont motivé un plan d’actions pour l’année en cours : 80 ramassages avec caractérisation (33 sont déjà inscrits) et 50 Adopt’1 spot (deux collectes par an pendant trois ans, sur le même périmètre, à la même période avec le même nombre de personnes).
Avec Mountain Riders pour animer et les syndicats professionnels (Domaines skiables de France, ESF, Atout France, Nordic France…) en tête de réseaux pour mobiliser les acteurs de terrain. « Ce n’est pas qu’une affaire d’écolos. Le sujet des déchets fédère, depuis l’an dernier, l’ensemble des acteurs de l’écosystème (22 parties prenantes au niveau national) à l’origine d’une charte éco-construite, accompagnée d’un plan d’action de réduction des déchets à la source par secteur », poursuit Émilie Maisonnasse.
« Un sujet consensuel, concret et fédérateur »
Et qui affiche ses objectifs : réduire, sensibiliser (touristes, professionnels, habitants), collecter et évaluer. « Sans être moralisateur, mais plus responsable. » À l’image des outils mis en place pour toucher un vaste public : plateforme en ligne, formation, kits de caractérisation, vidéos de sensibilisation…
La campagne concrète de lutte fonctionne, mais tous les acteurs s’accordent à dire qu’il faut lui donner plus d’ambition. « Notre souhait, c’est qu’à chaque ramassage, il y ait un plan de réduction des déchets à la source, et à chaque Adopt’1 spot, une charte locale de signée. On a tout pour y arriver tous ensemble, pour être en capacité de stopper ces déchets sauvages », sont persuadés les membres de l’association. « C’est un sujet consensuel, concret et fédérateur, ce n’est pas toujours le cas en matière de transition écologique », conclut Coline Dournes, autre responsable de l’association. Pas faux…
Article issu du Dauphiné Libéré
