C’est un coin de montagne qui ne connaît pas le soleil lorsque l’hiver frappe à la porte. À 2000 mètres d’altitude, aux lacs Robert, sur un versant nord qui aime vivre dans l’ombre, la glace a trouvé son royaume. Et, donc, le lieu parfait pour vivre une expérience unique : la plongée sous glace.
« On n’a pas froid »
Thibault Dassieu et Tanguy Chamard attendent dans une petite cabane où chaque centimètre est mis à contribution. Bouteilles d’oxygène, combinaisons étanches, chaussettes. Tout ce qu’il faut pour plonger… au sec. « Le matériel permet de ne pas être mouillé », assure Thibault, l’un des deux co-gérants de Dive Xtreme Chamrousse. « On n’a pas froid, ou quasiment. Et s’il doit apparaître, ce sera un froid sec, pas celui comme on peut ressentir lors d’une douche froide. »
La préparation se fait au chaud. Les consignes sont répétées. Derrière, c’est une plongée sous la glace qui nous attend. Autant dire un saut dans l’inconnu. « Les gens qui font de la plongée en mer découvrent quelque chose de totalement différent, les repères sont totalement modifiés », continue Thibault qui, il y a quelques années, s’était mis en tête de monter une expédition pour plonger sous la banquise.
Dans la cabane, le livre tiré de cette aventure trône sur le mur. La banquise Arctique attendra, il s’agit déjà de découvrir les sensations en Belledonne. Il est l’heure de se rapprocher du trou, creusé dans la glace. Claustrophobes, s’abstenir ? « On a des gens qui viennent justement pour vaincre cela. Il faut se dire qu’on a une ligne de vie en dessous, on a des trous de sécurité pour ressortir vite. » La bouteille d’oxygène est fixée dans le dos. Le masque installé. L’heure de plonger. Thibault avait raison, aucune sensation de froid. Dans l’eau, Tanguy, l’autre moniteur, accompagne cette découverte.
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À l’inverse d’une plongée en mer, le regard n’est pas happé vers le bas, mais le haut
« On a toujours un professionnel par plongeur ». Cette fois, on passe dessous. Adieu les poissons multicolores du milieu marin classique. Ici, c’est un lac de 5 à 6 mètres de profondeur. « Il y a des truites, de l’omble mais à cette période de l’année les poissons restent au fond, où il fait moins froid. » Et à l’inverse d’une plongée en mer, le regard n’est pas happé vers le bas, mais le haut.
Au-dessus de soi, le spectacle magique des bulles d’air sous la glace. À certains endroits, des cavités naturelles se sont creusées. Le but : tenter de se mettre le plus possible à la verticale. Les mains viennent appuyer la glace. Sensation unique. La chape glacée impressionne. Elle renvoie l’image de ce que nous sommes : simples mortels au milieu d’une nature sauvage.
Tanguy reste toujours à proximité. Les jeux de lumière s’agitent face à soi. Pas question de tenter d’aller vers le fond, cela reviendrait à remuer la vase et réduire la visibilité. Le spectacle est au-dessus. Bien au chaud, la respiration se fait de plus en plus calme. Elle est notre métronome, seul véritable son de cette expérience faite de perte de sens. Isolation sensorielle. L’appréhension s’éloigne et laisse place à la contemplation.
Retour à la surface. « Tu as déjà vu la méthode du phoque pour sortir de l’eau ? C’est pareil ». Moment d’élégance rare. Au loin, les skieurs sur le domaine de Chamrousse scrutent le spectacle. De ces humains qui se rêvent poissons d’eau (très froide).
Article issu du Dauphiné Libéré