Il n’est pas le col le plus difficile de l’histoire du Tour de France (1709m), mais son emplacement peut rendre l’ascension chaotique à cause de la météo. Henri Desgranges, fondateur de la Grande Boucle, en parlait ainsi : « Il n’y a rien au monde de plus hypocrite que l’Aubisque. C’est moche, tortueux, souvent boueux. Enfin, quand ce n’est pas une tempête de poussière et de cailloux. » Avant de le grimper pour profiter de l’expérience vélo et de la vue qui est, n’en déplaise à monsieur Desgranges, très belle, pensez donc à bien vérifier la météo, à tout moment une mer de nuage en provenance de l’Atlantique peut s’y installer et rendre encore plus désagréable une montée classée Hors Catégorie sur le Tour.
Avant la Petite Reine, l’impératrice
Si elle est au programme de la Petite Reine depuis 1910, la route du col d’Aubisque doit bien son existence à une impératrice : Eugénie, l’épouse de Napoléon III. A la demande de celle-ci, sa construction a eu pour objectif de relier les stations thermales des Eaux-Bonnes en vallée d’Ossau à celle d’Argelès-Gazost, toutes deux très en vue au XIXe siècle.
Wim van Est, miraculé de l’Aubisque
En 1951, après une victoire d’étape à Dax, Wim van Est devient le premier porteur du maillot jaune hollandais. Malheureusement pour lui sa première étape en tant que leader passe en montagne. Un vrai problème pour celui qui n’a encore jamais grimpé un col dans sa carrière ! L’étape entre Dax et Tarbes passe par l’Aubisque, seule ascension du jour, mais qui a de quoi effrayer un novice. Contre tout attente, le Néerlandais s’en sort très bien après l’ascension. Au sommet il bascule à seulement une petite minute des favoris. Malheureusement le sort va se mêler de la course.
Dans la descente, considérée comme l’une des plus difficiles par les coureurs eux-mêmes, van Est chute une première fois sur les graviers, dans réelle conséquence. La seconde en revanche fera de lui un véritable miraculé. Dans un virage il part tout droit et chute la tête la première. 70 mètres de culbutes plus tard il est ralenti par un arbuste qui vient lui sauver la vie. En effet, à la grande surprise des journalistes et des commissaires qui le remontent à l’aide d’une corde, le coureur est bien en vie, mieux, il est tout simplement en colère d’avoir perdu son cycle, brisé dans la chute.
Cette chute spectaculaire aura un impact important sur cette édition du Tour de France. Le lendemain, effrayés et choqués par la chute de leur confrère, plusieurs cyclistes abandonnent la Grande Boucle.
Deux ascensions possibles
Le versant principal, au départ de Laruns :
Sur près de 17km, ce versant avale 1190m de dénivelé avec une pente moyenne à 7% et une pente maximale à 13%. Les premiers kilomètres sont plutôt roulants, à travers forêt. C’est au 7e kilomètre que les affaires commencent avec une pente en moyenne à 10%. Heureusement pour vous, elle est régulière. Le passage le plus difficile intervient au niveau de Gourette, la station de ski. un mur à 12% se présente face à vous avant un replat, puis un nouveau mur. Attention à ne pas tout cramer dans ces efforts car la fin, moins raide, vous demandera de mettre un dernier coup dans les 500 derniers mètres.
Depuis Argelès-Gazost et le Soulor :
L’autre versant est plus long (30km) et consiste en une double ascension avec le Soulor avant l’Aubisque. Une pente en moyenne à 4% vous y attend, avec 8.5% max. Le début se fait assez bien, notamment du 3e au 12e kilomètres qui sont très roulants, avec peu de dénivelé. Vient ensuite le Soulor avec 8km qui oscillent entre 8% et 10% de moyenne. Une fois au sommet vous basculez sur 2km de descente avant de repartir assez tranquillement jusqu’au sommet de l’Aubisque pendant 8km entre 4% et 8% de pente.
