Au milieu des marmottes, des papillons, des sauterelles et des glaciers, le refuge du Mont Pourri se dévoile à 2 374 mètres d’altitude. Accroché à la montagne, fait de bois, de pierres, il est l’abri par excellence des randonneurs et des alpinistes du Club alpin français (CAF). Un refuge, un vrai, installé à son emplacement actuel depuis 1974, principalement fréquenté par les alpinistes désireux de s’exercer sur les glaciers.
Depuis peu il est aussi un lieu de rendez-vous d’une nouvelle clientèle, plus familiale. À mille lieues des refuges modernes actuels, avec un réseau téléphonique 4G, la wi-fi. Ici rien de tout cela. On ne capte pas. Si ce n’est les sifflements des marmottes, et peut-être, le glapissement du renard.
Des promenades familiales
Selon le public cible, et sa motivation, l’exigence de l’itinéraire pour parvenir au refuge du Mont Pourri sera diamétralement opposée. Pour une promenade familiale, les amateurs pourront emprunter la télécabine payant du Transarc, depuis Les Arcs 1800. Comptez un trajet d’une heure et demie, selon les personnes interrogées, sans difficulté particulière sur le chemin.
Point notable : des Franciliens ont assuré avoir vu le long de leur périple « des marmottes énormes, très près du chemin, plus proches du ragondin au niveau de la taille ». Ont-elles mis du chocolat dans du papier d’alu ? Mystère. Marseille n’a pas le monopole de la sardine qui a bouché son Vieux-Port.
Chacun prendra son parti de la voie choisie pour accéder au refuge, même si l’on savoure davantage ce que l’on a sué. Si votre choix se porte sur la randonnée, il faudra compter deux heures et demie de crapahutages depuis le parking du hameau des Lanches, à Peisey-Nancroix. Les 900 mètres de dénivelé s’avalent en plusieurs étapes : forêts et cailloux, feront vite place aux collines verdoyantes.
Le randonneur connaîtra alors l’immense joie de se faire escorter, tout une partie de sa montée, par une myriade de lépidoptères. Leurs ailes multicolores tournoient en tous sens, la palette des couleurs connues semble presque insuffisante devant une telle profusion.
Au cœur du parc national de la Vanoise
L’une des principales qualités du sentier est de se situer dans un parc national, celui de la Vanoise, qui bénéficie d’une protection plus stricte de ses espaces naturels, qui sont donc plus sauvages. Tout au long de l’ascension, le majestueux glacier du dôme des Platières restera en vue.
Après une bonne heure (voire une heure et demie) de marche, le sentier se séparera en deux. L’un partira vers la gauche, l’autre vers la droite. Il faudra impérativement prendre le sentier de droite lors de la montée – inversement lors de la descente – en direction d’une maison en ruines, visible à quelques centaines de mètres. La grimpée continue pendant encore une bonne heure, avant de dévoiler, au détour d’une colline, le refuge du Mont Pourri.
« Ici, c’est rustique »
Depuis l’année 2005, c’est Laurent Julien qui officie comme gardien au sein du refuge. « Mon beau-père était gardien, au refuge de la Croix du Bonhomme. J’ai toujours navigué dans ce milieu », confie-t-il, accompagné de deux personnes en renfort lors des mois de juillet et d’août. Le refuge du Mont Pourri compte 50 places pour dormir. « Ici, c’est rustique, il y a des bons et des mauvais côtés. Ce n’est pas un commerce, c’est un refuge », tient à préciser l’hôte des lieux.
La visite des couchages suffit à s’en assurer : trois dortoirs, avec des lits de type bat-flanc superposés jusqu’à trois niveaux sous les toits. Un somnambule y ferait une chute très rude. Mais que les familles ou les seniors se rassurent, les dortoirs ne sont pas systématiquement pleins et les places les plus périlleuses, tout en haut, restent réservés aux jeunes randonneurs et alpinistes aguerris.
La cuisine y a une solide réputation
Mais en été, la grande majorité des personnes présentes viennent déjeuner. La cuisine y a une solide réputation sur sa qualité.
« Nous, on vient pour les pâtes carbonara », assure très sérieusement Sophie, rencontrée avec son compagnon et leur enfant de 10 ans. « Cela fait 10 ans que les enfants viennent manger des pâtes carbonara et mes parents une tarte aux myrtilles », ajoute-t-elle en souriant.
Un satisfecit unanime. Le menu du refuge comporte un plat typique savoyard de diots et polenta agrémenté d’une sauce curry, de sandwichs, de salades, ainsi qu’une fameuse omelette salée sucrée au lard, fromage et pommes. La tarte aux myrtilles y est succulente.
- Le refuge est ouvert du samedi 8 juin jusqu'à mi-septembre.
- Téléphone : 04 79 07 90 43
- Réservation indispensable pour dormir et vivement conseillée pour le midi.
- Réservation en ligne
« Vous pouvez faire ici 50 fois la même balade, ça n’est jamais la même chose »
« Je viens depuis 1975 ici, autant l’hiver que l’été », confie Laurence, originaire de Bourges, toute fraîche retraitée en compagnie de son compagnon Jean-Pierre. « Je ne m’en lasse pas, vous pouvez faire ici 50 fois la même balade, ça n’est jamais la même chose. La flore change, le temps change, le ciel n’est pas pareil. On vient souvent ici, avec le refuge d’Entre le lac », conclut-elle.
Tout au bout de la vallée, en effet, le lac de La Plagne est atteignable en deux heures de marche, avant de redescendre en deux heures de marche à nouveau au hameau des Lanches, à Peisey-Nancroix, une alternative au chemin de l’aller des randonneurs.
Les promeneurs, quant à eux, regagneront la station des Arcs par le même chemin. Les dormeurs du refuge auront sans doute la chance de croiser le renard du soir : la rumeur dit qu’il passe régulièrement devant le refuge lors du coucher de soleil.
Article issu du Dauphiné Libéré