Une innovation développée en interne par les employés de la station. Aux Portes du Mont-Blanc, sur la commune de Megève, l’aire de jeux panoramique du Jaillet est en train de conquérir le cœur des petits et des grands. Une image qui en est un peu moins une quand il s’agit de la balançoire géante installée depuis un an sur le domaine skiable. L’attraction, unique en France puisqu’elle a été conçue par les équipes de la station, attire l’œil des plus curieux et attise la curiosité des plus téméraires.
« Nous nous sommes dit qu’il fallait faire les choses par nous-mêmes »
« La télécabine du Jaillet fonctionne l’été. À la gare d’arrivée, il n’y avait pas grand-chose, les gens partaient pour randonner mais c’est tout. Il y a cinq ou six ans, nous avons décidé de traiter cette remontée mécanique comme une porte d’entrée vers une aire de jeux. La diversification, c’est un service rendu aux clients mais c’est aussi du travail pour les employés dans des métiers où les saisons peuvent varier. C’est à ce moment-là que nous nous sommes dit qu’il fallait faire les choses par nous-mêmes », explique Lucas Marchand, directeur des Portes du Mont-Blanc.
Alors, au fil des années, la société a ajouté des animations à destination des enfants. Jusqu’à l’été dernier et le lancement de la Giant swing, qui parle beaucoup plus à un public de jeunes adolescents ou d’adultes. « Nous ne pensions pas que les sensations allaient être aussi fortes », avoue avec un sourire le directeur des lieux. Pourtant, cette balançoire est la plus haute du pays… Jusqu’à preuve du contraire.
Trois personnes peuvent s’asseoir dessus et être lâchées à 16 mètres du sol, avec un panorama “carte postale” sur le Mont-Blanc. Et le pari est gagnant. Le premier été de la Giant swing a généré un chiffre d’affaires de 30 000 euros alors que son installation a coûté 60 000 euros. La rentabilité d’un tel équipement devrait être rapidement atteinte. Contrairement aux autres jeux de l’aire, cette animation est payante (20 euros par personne ou 50 euros pour un groupe de trois), aussi parce qu’elle nécessite un emploi à temps plein pour son fonctionnement.
« Notre idée, c’est de ne pas forcément faire de grosses installations mais plutôt des choses uniques et qui marquent les esprits », assure Lucas Marchand. L’été reste une goutte d’eau dans l’océan du chiffre d’affaires global des Portes du Mont-Blanc. L’été dernier représentait 875 000 euros alors qu’une très bonne année peut rapporter jusqu’à 12 millions d’euros à la société. La nuance réside dans le potentiel des saisons estivales. Les recettes ne cessent d’augmenter d’année en année alors qu’il est de plus en plus difficile de battre des records sur l’hiver. Une donnée qui pousse toutes les équipes des Portes du Mont-Blanc à développer de nouvelles activités estivales.
Vous vous en doutez, pour écrire sur cette balançoire géante conçue à Megève, j’ai dû la tester. Accompagné par Lucas Marchand, le directeur des Portes du Mont-Blanc, nous arrivons au Jaillet. Les conditions météo sont bonnes mais personne ne se balance sur ce mastodonte de bois. Je ne sais donc pas à quoi m’attendre. Ben, l’employé de la société en charge de la Giant swing, m’équipe et me prévient que ça risque de « me réveiller ». Casque et harnais en place, on m’installe sur une plateforme qui me permet de monter jusqu’aux trois sièges qui constituent la balançoire. On me dit de me placer sur celui du centre car je suis le seul à tenter l’aventure. Autour, des touristes curieux s’agglutinent pour observer et filmer cette première.
Ben relie la balançoire à un treuil qui commence à me tirer en arrière. Un peu comme quand on est enfant, pour lancer le mouvement de balancier. Sauf que là, je me retrouve à 16 mètres de haut. La vue sur le massif du Mont-Blanc m’importe peu, je regarde Ben, télécommande en main, prêt à me lâcher dans vide. Le treuil se retire et la sensation de chute libre est réelle. Les trois premiers allers-retours réveillent, on ne m’avait pas menti. La balançoire se freine petite à petit, la vue est de nouveau agréable et le ressenti beaucoup plus agréable. De retour à Megève, un employé des remontées mécaniques me demande si ça ne m’a pas trop « entornoillé ». Un mot de patois mégevan dont j’improvise l’orthographie et qui signifie remuer. Oui, j’étais un peu “entornoillé” mais c’était bien.