Le chemin traverse une hêtraie et une sapinière, parcourt une ligne de crête, traverse des alpages et des chalets, au son des cloches des vaches et des chants des sauterelles. Et puis… Une brèche dans le sous-bois. Le panorama s’ouvre. Se détachant dans le bleu du ciel, la croix du Nivolet apparaît. À 1547 mètres d’altitude, elle semble avancer vers le vide, du haut de son éperon rocheux.
« Il y a cette marche paisible en forêt puis on découvre la vue. C’est magnifique »
Encore quelques minutes de marche. La forêt des Bauges cède la place à l’herbe rase et à la roche. On se hisse sur un promontoire de calcaire, entouré d’une barrière. La croix, immense mât de 21,5 mètres de haut et de 9,6 m d’envergure, 70 tonnes de béton armé recouvert de plaques de métal, se dévoile. Mais le spectacle se savoure aussi à son pied. Les massifs s’alignent comme à la parade : Aravis, Belledonne, Chartreuse, Vercors, Jura… 1200 mètres plus bas, Chambéry, Aix-les-Bains et leurs agglomérations. En ‘‘guest star’’, le lac du Bourget, le plus grand lac naturel de France. Aigles royaux et faucons pèlerins, gardiens des lieux, tournoient dans le ciel. Michel, venu du Rhône pour un stage d’aïkido, a les yeux qui brillent : « Il y a cette marche paisible en forêt puis on découvre la vue. C’est magnifique. »
Le spectacle est aussi dans les airs, avec les parapentistes décollant du Sire, non loin de là. « Cet endroit réunit beaucoup d’avantages près de la ville et avec des courants ascendants », apprécie Daniel Gondouin, président du club chambérien les Z’éléphants Volants, gestionnaire du site.
« La première chose que les Lyonnais voient de l’autoroute »
Accessible uniquement à pied, la croix du Nivolet, au bout de la montagne éponyme, représente un cap, un phare. « Elle est un élément marquant du paysage et est typique du relief préalpin : un plateau en pente suivi d’une rupture avec une falaise », décrypte Benoît Tiberghien, responsable du développement touristique du parc naturel régional du massif des Bauges. « C’est la première chose que les Lyonnais voient de l’autoroute (en sortant du tunnel de l’Épine) et c’est un repère pour les Chambériens. »
Tel était le souhait du comte Louis de Fernex de Mongex. Il a donné en 1861 son accord pour que soit démolie, au cœur de la cité, la chapelle des pénitents noirs afin de permettre le percement d’une avenue. À condition d’ériger au sommet du Nivolet une croix en fer en remplacement d’une ancienne croix en bois. Le monument, plusieurs fois endommagé par des intempéries, est devenu un emblème. Il agit comme un véritable aimant. Le Chambérien Thibaud Cahez s’est hissé au sommet en courant « entre 350 et 400 fois en 25 ans », depuis son domicile ! « C’est un beau lieu pour s’adonner à la course à pied ; c’est un endroit de partage : on retrouve beaucoup de coureurs, on y croise du monde. »
Comment s'y rendre ?
Rejoindre la station de La Féclaz. Stationner sur l’un des parkings (gratuits) à proximité de l’aire des camping-cars près du chalet L’Aurore. En bus depuis Chambéry, ligne Synchromontagne (jusqu’au 28 août), arrêt La Féclaz-centre station.
Quelle difficulté ?
Itinéraire balisé. Niveau de pratique : facile. Pas de point d’eau sur le parcours.
Départ et arrivée au niveau du chalet de l’Aurore. Durée moyenne : 3 h à 3 h 30. Distance : 9,9 km. Point haut : 1 547 m ; point bas : 1 294 m.
Quel parcours ?
Face à L’Aurore, prendre à gauche, la suivre jusqu’à une intersection. Au panneau “Glaise”, prendre à droite, plus loin un autre indique ‘‘Chalets de Glaise’’. Prendre à gauche. Le chemin va en forêt et débouche sur le sentier de crête. Prendre à gauche pour gagner la Croix. Au retour, reprendre le sentier de crête, le suivre jusqu’aux chalets du Sire puis chercher un sentier à droite qui redescend jusqu’à Glaize. Prendre à droite pour retrouver les chalets puis le parking.
« De La Féclaz, tout le monde peut y aller »
Plusieurs dizaines de milliers de personnes empruntent chaque année le sentier aisé et bien balisé depuis La Féclaz, hameau village appartenant à la station de Savoie Grand Revard, plus grand domaine nordique de France. On peut réaliser une belle boucle, en trois heures et 300 mètres de dénivelé, ponctuée d’un passage à la croix ou réduire d’un tiers la balade en partant du lieu-dit le Sire, en aller et retour. « La croix est accessible par plusieurs itinéraires, dont certains engagés. Mais de La Féclaz, tout le monde peut y aller », explique l’accompagnateur en montagne des Bauges Fabien Lamborot. « C’est une classique, la sortie à faire, un beau terrain de jeu en toutes saisons, à pied ou en raquettes (à neige). C’est un sommet symbolique et les gens aiment les symboles. »
But de promenade et attraction populaire, le Nivolet représente la balade emblématique cochant toutes les cases. « Elle est à la croisée des chemins, entre histoire, pastoralisme, tourisme et sport », formule Sandra Ferrari, la maire de la commune de Les Déserts, où se situe la croix. « S’y rendre, c’est un effort, comme un retour sur soi, comme une quête. » Une façon de se ressourcer, avec l’horizon à ses pieds.
Article issu du Dauphiné Libéré
