« La vulnéraire, ça se mérite ! » annonce Patrice, lorsque le paisible chemin devient une raide montée. En effet, c’est au bout d’une randonnée de 600 mètres de dénivelé, sur les contreforts calcaires du mont Granier en Chartreuse, que l’on peut trouver les premières fleurs. Des petites taches jaunes, qui se plaisent dans les rochers escarpés, à partir de 1600 mètres d’altitude.
Au détour d’un virage, Patrice s’arrête et muni d’un petit couteau pour ne pas arracher les racines, il commence sa précieuse cueillette : « C’est une plante protégée. On a droit à cueillir 100 brins par jour et par personne. On dit que ça représente environ une poignée de main. » Cet été, le climat a été favorable et les fleurs jaunes tapissent le sol. Mais pas question d’en abuser, l’ancien cuisinier met un point d’honneur à ne jamais gaspiller ce que la nature donne. « Dans les traditions anciennes, cette plante était cueillie au 15 août. Après les foins, les paysans allaient en montagne et ramassaient cette fleur pour faire leur petite liqueur, qui permettait de se réchauffer pendant l’hiver », plaisante-t-il.
« Elle soigne tous les maux »
La liqueur est l’utilisation la plus commune de la vulnéraire, mais elle se marie à merveille aux plats sucrés. En tant que cuisinier de formation, et botaniste passionné, le jeune retraité s’inspire de la nature pour sa cuisine : « C’est de la créativité ! On a une base de produit, qu’est-ce qu’on peut en faire ? Avec la vulnéraire, on pourrait imaginer une chantilly, un sirop, ou d’imbiber un biscuit avec la liqueur, comme pour un baba au rhum. »
Et si elle fait partie des 130 plantes qui composent la fameuse chartreuse verte, ce n’est pas que grâce à son agréable goût de noix. Cette fleur, de la famille des millepertuis, est connue pour avoir des vertus tonifiantes. Depuis des siècles, elle est utilisée pour soigner les plaies : « Si on a une blessure ou un coup de soleil, on peut faire un cataplasme de vulnéraire. » On lui prêterait même des qualités d’antidépresseurs. « Elle soigne tous les maux », conclut Patrice Patelli.
Patrice Patelli propose de partager sa passion pour les fleurs comestibles de montagne en organisant des balades découvertes dans le massif de la Chartreuse. La prochaine a lieu le 19 août. Plus d’informations et réservations sur son site
Pour une bouteille
Préparation 5 min
● 40 brins de vulnéraires (fleurs et tiges)
● 40 morceaux de sucre
● 1 l d’alcool de fruit à 40°
1. Dans un bocal fermé, faites macérer les brins de vulnéraires avec les 40 morceaux de sucre (à ajuster selon les goûts) et l’alcool de fruit.
2. Attendez 40 jours, filtrez, mettez en bouteille et dégustez !
Il s’agit ici de la “recette des 40” : 40 brins, 40 sucres et 40 jours.