1. Pour préserver la faune et la flore
La première raison de ne pas se baigner dans les lacs d’altitude, c’est pour préserver leurs fragiles écosystèmes, déjà affectés par l’activité humaine. Si de nombreux lacs d’altitude foisonnent de poissons, introduits par l’homme, leur plus grande richesse est souvent invisible : les zooplanctons et les phytoplanctons, maillons clés de la biodiversité.
Les berges, parfois constituées de zones humides, abritent également des insectes, des oiseaux, des amphibiens. Outre le piétinement, qui peut entraîner la destruction directe de la flore, de la faune ou de son habitat, les promeneurs peuvent aussi polluer le milieu avec des résidus de crème solaire, de produits cosmétiques ou de déchets organiques.
La baignade, tout comme l’utilisation d’un paddle, présente également le risque d’introduire des champignons, virus ou bactéries inconnus par ces écosystèmes. Les amphibiens sont particulièrement sensibles à ce genre de perturbations.
Dernier exemple en date, le lac de Darbon, dans le Chablais, où « une mortalité importante de grenouilles a été constatée. » Sur son site, la communauté de communes du Pays d’Évian et vallée d’Abondance, recommande aux promeneurs d’éviter de s’y baigner afin de « contribuer à sa préservation. »
2. Pour ménager sa santé
On a tendance à l’oublier, mais la nage en lac d’altitude n’est pas sans danger pour les baigneurs eux-mêmes. Déjà parce que la géographie des lieux les rend difficiles d’accès, faisant perdre de précieuses minutes aux secouristes en cas de problème. Mais surtout parce que cette pratique offre un terrain propice au choc thermique.
Après une longue marche sous le soleil, les vaisseaux sanguins sont dilatés et donc plus vulnérables à un changement brusque de température. Et ne vous laissez pas tromper par une eau en apparence tempérée.
Car s’il arrive parfois que les eaux de surface dépassent les 20 °C en plein été, le mercure peut chuter brutalement quelques centimètres plus bas, mettant à rude épreuve l’organisme.
La qualité des eaux n’étant pas contrôlée, impossible aussi de savoir si le lac fait l’objet d’une contamination microbienne ou présente une quantité excessive de cyanobactéries, des microalgues susceptibles de présenter un risque pour la santé humaine et pour les chiens.
3. Pour ne pas être en infraction
La baignade en lac d’altitude n’est pas toujours proscrite, mais difficile de savoir à l’avance à quoi s’en tenir. Impossible, par exemple, de trouver un site répertoriant l’ensemble des lacs. Il faut dire que les Alpes en comptent près de 600, que certains appartiennent à des communes, d’autres à des propriétaires privés, que certains se trouvent dans des réserves naturelles, que d’autres sont des réserves artificielles créées pour l’activité humaine.
Pas d’autre choix, donc, que de se renseigner au cas par cas. Et la tendance est la restriction : ces dernières années, plusieurs municipalités ont pris des arrêtés visant à interdire la baignade dans des lieux où elle était autorisée jusqu’alors, comme au lac Bénit depuis 2021 ou au lac de Lessy depuis 2022. Pour ce dernier, l’enjeu dépasse la protection de la nature : le lac alimente la source de la Puya, qui représente 30 % de la réserve d’eau potable de Glières-Val-de-Borne.
Faute d’information, le mieux est encore de s’abstenir. D’autant que la Haute-Savoie ne manque pas de lieux adaptés à la baignade dans un décor splendide. Le Léman et le lac d’Annecy bien sûr, mais aussi le lac de Montriond à Morzine, des Îlettes à Sallanches, le lac Bleu de Morillon, le lac aux Dames à Samoëns, le lac de Passy, le lac biotope de Combloux… Autant d’endroits où l’on peut nager en tutoyant les sommets, sans risquer de détériorer un milieu en péril.
Article issu du Dauphiné Libéré
