Speed riding : « Le meilleur rapport prix adrénaline du marché »

Ils ont l’aisance des meilleurs freerideurs, cette volonté d’explorer de nouvelles pentes, de jouer avec l’adrénaline… Avec un petit plus. Une voile de parachute accrochée au dos, qui les emmène valser plus haut, dans l’air. Avec laquelle ils repoussent les limites de la glisse.

Entre le ciel et la neige, ils n’ont pas pu choisir. Leur histoire, c’est celle d’une bande de potes, baignée dans la culture de la montagne à Valfréjus, en plein cœur de la Maurienne. Et comme de nombreuses histoires d’inventions, elle commence par un pari.

C’était en février 2001. « À l’époque, beaucoup voulaient ajouter le vol aux sensations du ski, mais c’était compliqué. Alors avec Fred Fugen, François Bon et Antoine Montant, on a eu l’idée d’installer une aile de saut d’avion moderne. Cela permettait de prendre de la vitesse, d’avoir une meilleure prise au vent », se souvient Franck Coupat, un des pionniers de la discipline. « Une fois qu’on s’est mis d’accord sur la théorie, il a fallu se lancer. « Si t’essayes, j’essaye. » » Et ils se sont lancés.

« L’ADN du parachutisme, la technique du parapente avec la base du freeride »

Après quelques virages dans la pente, skis aux pieds, ils décollent, puis redescendent et touchent de nouveau la neige avec leurs spatules. Ça y est, le speed riding est né. Et Valfréjus devient son berceau. « C’est l’ADN du parachutisme, la technique du parapente avec la base du freeride. Un mélange de disciplines qu’on a optimisées », explique Franck Coupat. Des sensations inédites, un sport esthétique, presque artistique lorsqu’il est bien exécuté.

Au-delà de la prouesse technique, le speed riding a permis de donner une nouvelle dimension à la glisse. « Skier avec un ange gardien au-dessus de la tête », comme disait Antoine Montant.

Photo Le DL/Frédéric Thiers
Photo Le DL/Frédéric Thiers

« Lorsqu’on skie en hors-piste et qu’on se retrouve face à une barre rocheuse, il n’y a plus qu’à s’envoler »

À une époque où la plupart des lignes mythiques ont déjà été tracées, cela laisse l’opportunité de tester de nouveaux itinéraires. « Lorsqu’on skie en hors-piste et qu’on se retrouve face à une barre rocheuse ou à un endroit pas très stable, il n’y a plus qu’à s’envoler pour contourner le secteur pour reprendre la descente un peu plus loin. Ça ouvre des possibilités infinies », note Franck Coupat.

En 2007, la Fédération française de vol libre organise la discipline. Dans la foulée, Franck Coupat ouvre la première école de speed riding au monde. À Valfréjus, cela va de soi.

Comme tout sport extrême, la pratique est risquée. Chaque année, le speed riding fait des blessés et des morts. Alors le moniteur essaye de cadrer les pratiques. « Un sport devient mortel quand on repousse les limites. Ici, on essaye d’encadrer les autres, de faire en sorte de veiller les uns sur les autres. Cela passe par la vérification du matériel, et par dire lorsque quelqu’un prend trop de risques », estime le moniteur.

Entre 3 000 et 5 000 pratiquants en France

Du reste, le speed rideur reste lucide. « Quand on déchiffre un nouveau sport, on prend des risques. Certains le payent de leur vie, comme ça a été le cas pour les aviateurs. À l’époque, on était des drogués de sports. Tout le monde pensait qu’on allait mourir. »

On compte aujourd’hui entre 3 000 et 5 000 pratiquants en France. Comptez 5 000 de plus en Europe, et d’autres pays s’y mettent. Les États-Unis, le Chili, l’Australie… « Sans parler des Chinois qui viennent se former pour ouvrir des écoles chez eux », note Franck Coupat.

En 2023, le moniteur a délivré 180 brevets pilotes de speed riding. « C’est un passage obligatoire. Sans brevet, il est difficile d’avoir l’autorisation des stations pour pratiquer. Et c’est normal car c’est un sport de hors-piste, qui se pratique entre 2 000 et 3 000 m d’altitude. Il ne faut pas qu’on soit dangereux pour les autres skieurs », estime le formateur.

Photo Le DL/Hugo Vittoz
Photo Le DL/Hugo Vittoz

Et si Valfréjus reste la station de référence de la discipline, c’est que les écoles sont rares, et les moniteurs tout autant. « On compte à peine 7 ou 8 écoles en France. Nous sommes très peu à pouvoir amener les élèves jusqu’au brevet car l’État oblige les formateurs à avoir le monitorat de ski, de parapente ainsi qu’une qualification en speed riding. C’est un parcours du combattant », glisse le moniteur. Des pourparlers seraient lancés avec l’École nationale de ski et d’alpinisme (Ensa) et l’École du ski français (ESF) pour tenter de faciliter les formations.

« Mon plus vieil élève a 88 ans, le plus jeune en a 8 »

En attendant de trouver un terrain d’entente, le speed riding continue son ascension et enregistre chaque année de plus en plus d’adeptes. « C’est le meilleur rapport prix adrénaline du marché. Il suffit de savoir skier parallèle pour s’y mettre. D’ailleurs, les bons freerideurs se font souvent devancer par les plus vieux. Mon plus vieil élève a 88 ans, le plus jeune en a 8. »

Le moniteur voit encore plus grand pour son sport, et espère qu’il finira par devenir une discipline olympique. En attendant de regarder les meilleurs speed-rideurs évoluer sur le petit écran, levez les yeux lors de votre prochaine sortie en station. Vous apercevrez peut-être ces skieurs évoluer entre le ciel et la terre, leur ange gardien suspendu au-dessus de leur tête.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus

Nos tops stations
  • Avoriaz
  • Chamonix
  • Courchevel 1850
  • Flaine
  • Font-Romeu
  • L'Alpe d'Huez
  • La Bresse
  • La Plagne
  • Le Lioran
  • Les 2 Alpes
  • Les Menuires
  • Montgenèvre
  • Orcieres Merlette
  • Peyresourde
  • Risoul 1850
  • Saint-Lary-Soulan
  • Tignes Val Claret
  • Val Thorens
  • Villard-de-Lans
Les stations par région
  • Alpes (134)
  • Massif central (4)
  • Pyrénées (21)
  • Jura (6)
  • Vosges (4)
  • Corse (1)
Suivant
Adultes18 ans et +
Enfantsde 0 à 17 ans
1er enfant
2ème enfant
3ème enfant
4ème enfant
5ème enfant
6ème enfant
7ème enfant
8ème enfant
9ème enfant