Trails : mais qu’est-ce qui les fait courir autant ?

Comme lors des éditions précédentes cette année encore l’UTMB va rassembler les favoris et les amateurs dans une course mythique. Archive Le DL / Greg Yetchmeniza
Comme lors des éditions précédentes cette année encore l’UTMB va rassembler les favoris et les amateurs dans une course mythique. Archive Le DL / Greg Yetchmeniza

Qui pratique le trail aujourd’hui ?

Florence Soulé-Bourneton : « Les études révèlent qu’il s’agit plutôt de classes sociales favorisées et diplômées. »

Simon Lancelevé : « C’est pour ça que je parle de massification plutôt que de démocratisation du trail aujourd’hui. Il est difficile de connaître le nombre de traileurs total en France, car des coureurs vont également faire des marathons… Entre les compétiteurs et ceux qui courent pour le plaisir, comme il n’y a pas beaucoup de licenciés, il est compliqué de les recenser précisément. »

Pourquoi les villes veulent organiser leur trail ?

S.L. : «  Le mot “trail” arrive à la fin des années 90. Et les courses vertes ou les courses natures qui existaient alors sont devenues des trails. Est-ce qu’on arrive aujourd’hui à un niveau de saturation avec trop de courses ? Je ne sais pas. Il faudra voir dans 10 ans.  » F. S-B. : « Le trail est devenu un outil pour valoriser des territoires d’un point de vue touristique. On peut penser que pour faire un trail, il suffit d’une paire de baskets et d’un short mais l’étude du panier moyen montre que ce n’est pas n’importe quel short ou n’importe quelle montre qui sont utilisés. On touche là des pratiquants d’un niveau social assez aisé. Les territoires voient donc d’un œil intéressé ces courses qui font venir du monde avec des hébergements, des espaces de restaurations, la vente de produits locaux. Et si toutes les villes n’ont pas un Mont-blanc ou une Tour Eiffel dans leur jardin, l’organisation d’un trail met aussi en lumière des espaces par la beauté des paysages. Le trail véhicule des images de nature, de santé et tout un idéal de représentation qui sert ces communes. »

Photo Agence Zoom
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Terroir et patrimoine mis en avant

S.L. : « C’est aussi ce qui s’est passé avec les marathons qui ont fait découvrir les villes autrement. Avec les trails, c’est le territoire mais aussi plus que ça. Le terroir et le patrimoine sont mis en avant. Et le fait que certains espaces sont en transition, cela accélère les choses. La “peut-être fin annoncée du tout ski” en montagne précipite la reconversion de certains espaces. Aujourd’hui, il y a plusieurs dynamiques qui font que le trail est la discipline qui attire le plus de coureurs avec le marathon. »

Pourquoi la performance est-elle mise en avant ?

F. S-B. :  « Je ne différencie pas le trail d’autres activités sportives dans la recherche de performance. Il y aura toujours des participants qui s’inscrivent pour gagner. Mais en trail et en ultra trail, ce n’est pas la majorité. Certains vont aller chercher la performance personnelle mais d’autres vont juste y aller pour le plaisir de courir, être dehors avec d’autres personnes. Je ne dénigre pas du tout les performances dans les ultras, mais pour moi elles n’ont rien de différent avec d’autres performances sportives, si ce n’est qu’elles se déroulent dans des milieux peu accessibles et empreints de beaucoup d’imaginaire. »

S.L. :   « Il y a, c’est vrai, un côté symbolique de l’ultra trail. Quand on parle du nombre de kilomètres et de dénivelé, cela déshumanise presque la performance. On n’arrive pas à bien se représenter ce que sont 170 km de course. Mais il y a ce côté symbolique avec le Mont-blanc par exemple, l’histoire du massif, l’alpinisme. Tout cela va découler sur l’événement. Et ceux qui finissent la course vont avoir ce statut presque symbolique tout aussi fort. Vous êtes celui qui a fini la course et qui a fait le tour de la montagne dont tout le monde parle depuis des années. L’un va avec l’autre. Après, dans le peloton, on relève une notion de solidarité, mais aussi une logique de contemplation, d’hédonisme de découverte des territoires. La plupart des coureurs aujourd’hui vont “juste” prendre part à la course pour la finir. La notion de finisseur est très importante dans ces épreuves. Avant il y avait un vainqueur. Aujourd’hui sur le marathon de Paris, le journal L’Équipe titre “tous vainqueurs”. C’est symbolique. »

Photo Agence Zoom
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Dans une société qui valorise l’individu

En quoi le trail ressemble à la société ?

F. S-B. : « Qu’on le veuille ou non, on est un peu immergé dans cette notion de performance, que ce soit dans le monde du travail, dans le monde sportif. Ce terme de performance est d’ailleurs mis un peu à toutes les sauces. Cela rejoint l’idée d’une société qui valorise l’individu plutôt que le collectif et l’idée de chercher à progresser. On est dans la performance individuelle.»

S.L. :   « Si on regarde le travail réalisé à la fin des années 80, il y avait cette idée que la performance devait toujours moins prévaloir que l’idée de participation. C’est, en partie, ce qui a fait le succès de ces courses hors stade jusqu’au marathon. Avec un côté très convivial. Cette logique-là, on la retrouve sur le trail. Quand vous terminez un marathon, on vous demande votre temps. Dans le trail, la première question est : « est-ce que tu as fini ? ».

Le trail et l’ultra trail…

Les explications de Simon Lancelevé, doctorant en Staps à l’Université de Strasbourg, dont la thèse porte sur l’ultra trail de la Chartreuse Terminorum : « Je vais reprendre les normes données par les différentes institutions : la distance, l’effort et les kilomètres.

Comme le dit l’ITRA (l’Association Internationale de Trail Running), 100m de dénivelé équivaut à 1 km de course à plat. Le trail se court à partir de 8 km et à la distance on ajoute le terrain, car ce qui fait que c’est bien un trail, c’est le dénivelé, le chemin, le terrain technique, la distance, et la semi-autonomie des coureurs qui sont censés emporter de l’eau sur le parcours et être équipés notamment de couverture de survie… Le chemin est balisé à vue, avec des fanions.

Au-delà d’une certaine distance on va être sur de l’ultra. L’ultra trail n’a pas de distance précise cela peut être 100km, 120, 170 km ou 360km. »

Article issu du Dauphiné Libéré

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