Comment adapter sa pratique de la montagne au changement climatique ? Hiver 2022, une bande de potes originaires du massif de Belledonne, passionnés de montagne, plus largement de sport qu’on pratique d’abord et surtout dehors, se posent pour de bon la question et décident de se lancer un défi. Organiser un triathlon d’hiver revisité. Est-ce qu’enfourcher un vélo pour atteindre les sommets enneigés plutôt que de monter dans une voiture ne serait pas une bonne réponse ?
Face à cette montagne fragilisée par les effets du changement climatique, où l’on peine à élaborer des stratégies collectives pour y faire face, les quatre amis d’enfance, soucieux de l’avenir de leur plus beau terrain d’expression, imaginent alors leur Escarpade. « Un challenge sportif et pédagogique relevé par une troupe acharnée en quête de découverte et de galère », représenté par un petit escargot juché sur un vélo, super motivé par une escapade escarpée !
Le premier triathlon d’hiver revisité, une réussite Solène, Louis, Basile et Bastien font ensemble le pari qu’au printemps, ils seront en capacité de « proposer une alternative plus raisonnable pour allier la découverte et la pratique sportive de montagne aux enjeux écologiques ».
Et le vélo-ski, cette nouvelle forme de mobilité douce, consistant à transporter ses skis sur un vélo pour partir à l’assaut des cimes, semble le moyen le plus adapté. Le rêve de ces inséparables prend forme en avril 2022, « entre deux chutes de neige tardives », raconte Solène Didelle.
L’Escarpade ça n’est pas que du sport
La première édition prend son envol depuis Belledonne, un massif que la bande connaît bien. Ils ne sont alors qu’une poignée venue de tous horizons à s’embarquer dans cette aventure de trois jours au départ de la Maison de la montagne à Grenoble, avec pour point de chute le refuge du Plan de la vache dans le Haut-Bréda.
Ce premier challenge, non chronométré et en semi-autonomie, alterne alors train, vélo, trail, ski de randonnée et pédagogie. L’Escarpade, c’est d’abord du sport mais entrecoupé de conférences et de débats. L’objectif est de « partager une autre vision de la montagne et d’aborder la problématique des mobilités douces dans les territoires de montagne ». Et cette nouvelle échappée escarpée décarbonée les 16 et 17 mars emprunte le même chemin. « Cette sensibilisation est primordiale pour permettre aux participants de prendre en compte l’environnement parcouru » plaide Solène.
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C’est le nombre d’inscrits au challenge soit la capacité d’accueil de La Ruche à Giter, le camp de base de cette nouvelle édition. « On veut garder un format intimiste, sans quoi on ne serait plus en phase avec l’approche que l’on veut défendre », rappelle Solène Didelle
Mettre l’accent sur d’autres enjeux
Cette année, la 2e édition de l’Escarpade s’est déroulée sur un format un peu plus court, deux jours sportifs toujours rythmés par des ateliers pédagogiques. Et cette fois les participants ont arpenté le massif de Chartreuse. « L’occasion de mettre l’accent sur d’autres enjeux », explique Solène Didelle, « ceux de la moyenne montagne soumise cet hiver à une pression plus forte par manque de neige », ou encore de la surfréquentation de la réserve naturelle des Hauts Plateaux de Chartreuse.
Un nouveau visage pour la course
Au chapitre des nouveautés, l’Escarpade s’est trouvée une ambassadrice, la grimpeuse et activiste Eline Le Menestrel. Son projet écologique, artistique et sportif, U possible centré autour de la grimpe à vélo, fait écho à la lenteur et à l’autonomie, deux valeurs prônées par l’Escarpade.
Une édition, qui s’est réinventé dans ce massif de Chartreuse avec non plus un seul parcours mais deux. « L’objectif est que chacun y trouve son compte » insiste Solène. L’Escarpade garde son parcours pour les purs et durs qui n’ont pas peur des dénivelés à vélo et à skis de rando et propose une version “découverte” destinée à un public « curieux et désireux de se lancer dans la pratique du vélo-ski ».
Car l’Escarpade c’est un pari, celui de « faire changer les mentalités à propos de la performance dans la montagne ».
Article issu du Dauphiné Libéré
