La Savoie et la Haute-Savoie ont le génépi, l’Isère a la Chartreuse et, un peu plus au sud, les Hautes-Alpes ont également leur élixir. Car à Serre-Chevalier, on distille le mélèze, qui pousse partout dans la région. C’est notamment la mission de Nicolas, Sylvain, Bastien et Olivier Ribuot, qui se sont lancés dans la partie il y a deux ans en reprenant la Distillerie des Boussardes.
Renommée la Distillerie des 4 frères, elle a commencé son aventure par quelques coups durs, dont la crise sanitaire et un incendie, en novembre 2021, qui a mis un sérieux coup d’arrêt à la production.
Un alambic vieux de plus de 100 ans
« Finalement, c’était peut-être un mal pour un bien », estime Sylvain, deuxième de la fratrie. « Ça nous a permis de reconstruire un local au cœur de la vallée, avec plus de place. » De la place, il en faut, pour abriter les deux alambics qui servent à l’activité de distillerie, dont le plus imposant date de… 1921 ! Un centenaire qui partage l’espace avec son petit frère, plus mobile, qui se déplace souvent sur les salons et a été mis en service en 1999.
Le mélèze, liqueur star
Dans les forêts autour de Briançon, les sapins et les mélèzes sont les essences les plus communes. Si le premier garde sa parure verte en hiver, le second tourne à un magnifique jaune à l’automne avant de perdre ses aiguilles en hiver. Au printemps, en revanche, il se rhabille et faisant pousser de jolis bourgeons. La recette comprend également de l’eau, du sucre et de l’alcool, pour trouver le bon dosage et le goût inimitable du conifère.
« Cela donne une liqueur bien lisse, bien brillante qui a beaucoup de caractère, qui titre à 35° », assure Sylvain. « Le mélèze a également des propriétés digestives, donc on le sert plutôt en fin de repas. On voit que dans les restaurants locaux, on le propose de plus en plus à la place du génépi, ça nous fait plaisir. »
Du mélèze, mais pas seulement
Si cette liqueur est la plus emblématique de la production des quatre frangins, leur catalogue ne se limite pas à ça. « Nous produisons des alcools à base de poires Williams des Hautes-Alpes ou même de prunes marmotte endémiques de la vallée de Serre-Chevalier », explique Sylvain. En plus d’un gin local, la distillerie agrandir son panel, proposant bientôt une vodka « made in Hautes-Alpes » mais aussi quelques surprises. « On aimerait créer un second gin, mais aussi utiliser plein de plantes locales avec lesquelles on peut s’amuser et travailler de nouvelles liqueurs », sourit Sylvain, qui ne veut pas trop en dévoiler.
Pour la petite histoire, si le mélèze de la vallée de Serre-Chevalier donne son bon goût aux liqueurs des frères Ribuot, il a aussi longtemps aidé les navires à voyager. « Les armateurs du sud de la France venaient souvent prendre des mélèzes d’ici pour construire les mâts des bateaux, car ils avaient la réputation d’être particulièrement solides », retrace Sylvain Ribuot. En voilà qui ont plus d’un tour dans leurs épines.
« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération. »