Alban Michon a ouvert une école d’exploration à Tignes

« On est tous extraordinaires, mais on ne le sait pas forcément avant d’avoir osé. » L’audace, l’explorateur polaire Alban Michon en a à revendre. Ne trouvant pas sa place à l’école dans sa ville natale de Troyes, il se lance dans le grand bain de la plongée sous-glace. « C’est à la petite banquise de Tignes que je suis tombé amoureux de la glace. À dix mètres de profondeur, on ne voit que des truites, mais c’est un des rares endroits avec des températures extrêmes comme -25°», révèle l’aventurier, les étoiles plein les yeux, en observant le lac de Tignes , son terrain de plongée préféré ce mercredi 31 janvier. Un reflet de ses premiers entraînements, avant de s’endurcir au nord du globe.

Directeur à 22 ans

À seulement 22 ans, il achète l‘école de plongée sous glace de la station, qui devient un passage obligé pour les amateurs d’expéditions polaires. Dans sa lancée, son projet qu’il qualifie de « pourri », qui consiste à plonger dans un cratère glacé chilien à 5 900 mètres d’altitude, lui permet d’obtenir du matériel flambant neuf payé par une chaîne de télévision sportive. Sa devise fétiche : “L’impossible est impensable” prend alors tout son sens. En 2010, il participe à une expédition scientifique de 45 jours sous la banquise du pôle Nord, avec des températures avoisinant les -52 degrés. En combinaison néoprène , en chien de traîneau, et même en kayak de mer, le Groenland, l’Antarctique, les ours polaires dont il a fait la rencontre et le scintillement des rayons du soleil sur la glace n’ont plus de secret pour lui. Dans ces territoires inhospitaliers, l’explorateur, aujourd’hui quadragénaire, est dans sa bulle d’air, au contact d’une nature qu’il chérit. Creuser un trou dans la glace peut durer jusqu’à 7 heures de minutieuses attentions. « Juste avant qu’elle se fende, je l’ai tapotée délicatement en la priant de m’ouvrir son cœur », reconstitue le Tignard d’adoption, à même le lac. Il considère l’élément solide comme un être vivant. « La glace nous raconte une histoire, que la science peut nous aider à retranscrire. »

Amoureux de la science, Alban Michon se plaît à faire l’analogie de la banquise et de l’espace. Sous son initiative, un habitat spatial a atterri au lac de Tignes, sous les yeux ébahis des curieux. Le prototype pourrait participer à des missions sur la Lune d’ici 2030.

Héritier du commandant Cousteau

À travers le projet de sa vie, dénommé “Biodysseus” , l’explorateur polaire souhaite revisiter le modèle d’habitat pour le compte de la banquise. « Pourquoi on n’emmènerait pas des scientifiques vivre au cœur du réacteur climatique ? » (NDLR : l’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la Terre). L’explorateur à la « conquête de l’utile » surfe sur les constructions sous-marines du commandant Cousteau, pour étudier la biodiversité des glaciers. Pour récolter des soutiens, il a sillonné le globe pour sonder les scientifiques intéressés. « Il reste des questions sans réponse, comme le fonctionnement de la photosynthèse lors de la nuit polaire », argumente le passionné.

En 2025, le Savoyard testera en conditions réelles la vie dans un mini-habitat au Groenland, pendant 6 mois. À terme, l’objectif affiché consisterait à calquer le modèle d’une station spatiale, mais sous la banquise. Cette installation permettrait d’obtenir des données régulières et en temps réel sur l’état de santé du milieu polaire.

L’optimiste chevillé au corps

Malgré les pertes irréversibles, comme l’absence de glace au pôle Nord l’été, et la fonte inexorable de la Mer de Glace de Chamonix, Alban Michon prône l’espoir. Il ne se revendique pas d’un monde qui se laisse happer, selon lui, par l’éco-anxiété et le renoncement. « Dans ma presqu’île de Giens, il n’y avait plus de poissons dans les années 60. Le parc national de Port-Cros a été créé et a permis de préserver la biodiversité pour redonner vie à tout cet écosystème », cite celui qui habite dans le Var après la saison hivernale. Lorsque le temps de la science lui accordera une accalmie, il aspire à un tour du monde en voilier.

Bio express

 

▶   1977 : naissance d’Alban Michon à Troyes (Aube).

▶   2000 : il achète l’école de plongée sous-glace à Tignes.

▶   2010 : l’aventurier part pour 45 jours de plongée au pôle Nord géographique.

▶   2013 : sortie de son premier documentaire, Le piège blanc , qui raconte son expédition en kayak sur la côte est du Groenland.

▶   2020 : amoureux de la science, il ouvre l’École des explorateurs à Tignes pour transmettre son savoir-faire.

Article issu du Dauphiné Libéré

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