Randonner en montagne, c’est être aux aguets de tout ce qui peut se passer autour de soi. En plus des panoramas somptueux qu’offre l’altitude et des prairies pleines de fleurs chatoyantes, on a parfois l’occasion d’y croiser des animaux sauvages. Il y a quelques temps, on vous expliquait comment approcher les marmottes, emblématiques des balades dans les alpages. Cette fois-ci, c’est au tour des bouquetins et des chamois de nous livrer quelques une de leurs secrets. Chuuuuuut ! On s’approche.
En été, ils ont chaud
Pour ces deux espèces, l’été n’est pas forcément la saison la plus propice à une rencontre. « Il fait chaud, donc leurs moments d’activité sont plutôt de 5 h à 9h le matin, puis à partir de 17 heures », détaille Laurent Tresallet, accompagnateur en montagne à la Compagnie des guides de la Vanoise et au Bureau des guides des Arcs / Peisey-Vallandry. « Ce qui est parfait, c’est d’aller dormir en refuge. Ça permet de les voir à ces moments, en étant en altitude. » C’est à dire au-dessus de 2 500 mètres. Il n’y a en effet qu’au printemps, lorsque l’herbe fraîche revient dans les prés en moyenne montagne, qu’il descend un peu plus bas pour se nourrir.
En automne, le rut permet de les observer
En automne, les chamois sont également craintifs, en raison des actions de chasse dont ils font l’objet. Un problème que ne connait pas le bouquetin, lui qui est protégé. « Le mieux, c’est la période du rut, qui arrive fin novembre pour les chamois, qu’on voit se courir après et début décembre pour les bouquetins qui se battent cornes contre cornes. » Des cornes qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre et peser jusqu’à 5 kilos la paire. Mais pas de panique, il ne s’en servira vraisemblablement pas contre un promeneur, son agilité en montagne lui permettant toujours de fuir s’il se sent menacé.
Plus facile d’approcher les bouquetins
Quelle que soit la saison, il n’est pas toujours aisé de les approcher sans éveiller leur méfiance. « Il est souvent facile de les voir avec des jumelles, mais pas toujours de près », remarque Laurent. Pour cela, il a quelques astuces de montagnard à partager. « Les bouquetins ne sont pas pas craintifs, jusqu’à une vingtaine de mètres. Les chamois vont tolérer la personne d’un observateur à découvert à 100 mètres environ, ensuite ils vont fuir. »
Pour s’approcher, il convient donc d’être à l’affut ou bien caché. « Pour le bouquetin, il faut donc avancer doucement, si possible dans le sens inverse du vent pour que l’odeur de l’humain ne soit pas ramenée jusqu’aux animaux. S’il rumine, cela veut dire qu’il est calme et tranquille. S’il arrête de ruminer, mieux vaut s’arrêter jusqu’à ce qu’il recommence, et qu’on puisse de nouveau faire quelques pas. » Pour le chamois, il faut redoubler de prudence, et veiller à ne pas se faire repérer, en faisant bien attention à la direction du vent. Pour cela, porter des couleurs sombres n’est pas inutile.
« Il y a des endroits où on est sûr à 95% d’en trouver »
Même si la quête n’est pas toujours facile, Laurent assure que le jeu en vaut la chandelle. « Pouvoir les observer, c’est quelque chose que j’adore. Le côté photographique est aussi très intéressant. La randonnée est toujours plaisante mais, si on a la chance de rencontrer des animaux, c’est un super bonus. » D’autant qu’il existe des coins propices. « Il y a des endroits où on est sûr à 95% d’en trouver, comme certaines réserves naturelles. » Pour cela, randonner avec un accompagnateur en montagne facilite grandement la tâche. Ça tombe bien : il existe un peu partout en montagne des bureaux des guides. Histoire de marcher en sécurité, de découvrir les plus beaux coins de chaque massif et d’en apprendre beaucoup plus sur la montagne.
Les troupeaux de bouquetins se répartissent dans sept départements alpins (Haute-Savoie, Savoie, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Alpes de Haute Provence et Alpes maritimes). Mais environ 60 % de la population vit en Savoie, et notamment dans le massif de la Vanoise. Ce n’est pas un hasard puisque le bouquetin est emblématique du Parc national de la Vanoise, qui fête cet été ses 60 ans.