Les défis s’enchaînent pour les stations de ski. Après un hiver sans remontées mécaniques, en 2021, puis une saison à jongler avec les contraintes sanitaires, en 2022, c’est désormais du côté de la consommation d’énergie qu’elles vont devoir revoir leur organisation. Car elles espèrent apporter leur contribution à l’effort collectif de sobriété, en adaptant leur organisation, leurs horaires et parfois leurs services à la clientèle. Même si le mot d’ordre est le même un peu partout : les changements doivent être indolores pour les skieurs, qui sont en droit d’attendre une qualité toujours au top.
Les remontées mécaniques, première variable d’ajustement
La première conséquence de cette nouvelle donne, c’est que les conducteurs de remontées mécaniques vont devoir ajuster encore mieux la vitesse des appareils. « S’il y a peu de personnes qui attendent pour prendre le télésiège, on passera entre 3 et 5 mètres/seconde », anticipe Nicolas Deparis, directeur d’exploitation de la station de Gérardmer, dans les Vosges. « Quand il y aura plus de monde, en revanche, on repassera à la grande vitesse, c’est-à-dire 5,25 mètres/seconde. » Trois téléskis du domaine resteront également fermés cet hiver. « Ils sont situés sur des pistes auxquelles on peut accéder par d’autres remontées », explique Nicolas Deparis.
Une production de neige au millimètre
Les stations qui dispose d’enneigeurs (qu’on appelle parfois trivialement des « canons à neige ») vont aussi faire doublement attention à la façon dont elles s’en servent. Le domaine skiable des Arcs, par exemple, calculait récemment que cette production représentait 14% de sa consommation électrique. Si les études statistiques étaient déjà poussées, une attention plus fine encore sera accordée à cet aspect, pour produire juste la bonne dose, et pas un flocon de plus. « On aura des sondages quasi quotidiens pour connaitre précisément la hauteur de neige sur chaque secteur », estime Nicolas Deparis. « Dès que ce sera possible, on arrêtera d’enneiger certaines zones et on ne produira plus de neige en heures pleines, c’est-à-dire pendant la journée. »
Un damage moins systématique
Côté damage, l’effort sera également important, même si ces dernières ne consomment pas d’électricité à proprement parler, mais roulent le plus souvent aux énergies fossiles. Le mouvement entamé par certaines stations, qui ne dament que ponctuellement leurs pistes noires, pour leur rendre leur côté sauvage, pourrait également se généraliser. « On continuera de damer tous les jours les pisteurs vertes et bleues, mais ce ne sera plus le cas pour les pistes rouges », explique ainsi Jean-Christophe Lalanne, directeur général du site touristique d’Artouste, dans les Pyrénées.
Des horaires à adapter
Enfin, il est également possible pour les stations d’adapter leurs horaires de fonctionnement. C’est ce que fera Artouste, en bouclant un peu plus tôt qu’à l’accoutumé. « En janvier et en mars, c’est-à-dire hors des périodes de vacances scolaires, les lundis, mardis, jeudis et vendredis, on fermera les remontées plus tôt, c’est à dire à partir de 16 heures. De cette façon, on aura libéré notre énergie lorsque, vers 17 heures, le pic de consommation national s’accentuera », explique Jean-Christophe Lalanne. En combinant cette mesure à l’économie de damage et au ralentissement de certaines remontées mécaniques, la station béarnaise espère atteindre 17% de baisse de consommation par rapport à l’hiver précédent.
Autre solution pour ne pas alourdir la facture : produire sa propre électricité. C’est le cas pour de nombreux domaines skiables, avec des panneaux photovoltaïques installés notamment sur les gares d’arrivée et de départ des remontées. Si ces installations ne couvrent évidemment pas la totalité des besoins des appareils qui les supportent, leur proportion augmente. Ainsi, le domaine des Arcs « a l’objectif, ambitieux et prioritaire, de produire 25% de sa consommation électrique d’ici 2030 ». Du côté de Serre-Chevalier, SCV-Domaine est à l’initiative d’une action en faveur de la transition énergétique, en combinant le photovoltaïque, le petit éolien et l’hydroélectricité. Des exemples qu’on peut multiplier dans tous les massifs.